Élaine Greffulhe
Hélène Josèphe Marie Charlotte Greffulhe dite Élaine Greffulhe, née le à Paris (VIIIe arrondissement), morte le à Paris (XVIe arrondissement), est une aristocrate française qui épousa Armand de Gramont, duc de Guiche puis 12e duc de Gramont[1].
Présidente Automobile Club féminin de France | |
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Généalogie
modifierÉlaine Greffulhe est la fille du comte Henry Greffulhe, et de sa femme, née comtesse Élisabeth de Riquet de Caraman-Chimay. Par son père, elle est issue d'une riche famille de financiers et de propriétaires fonciers ayant multiplié leur fortune au XVIIIe siècle, puis après la Révolution française et qui fut anoblie sous la Restauration. Le comte Henry Greffulhe, vu comme un tyran domestique, servit de modèle à Marcel Proust pour le personnage du « duc de Guermantes ». Du côté maternel, Élaine descend d'une illustre famille franco-belge, celle des « Riquet, comtes de Caraman » (1670), ayant hérité par mariage du titre des « princes de Chimay ».
Parmi les proches ancêtres d'Élaine Greffulhe, on trouve quelques noms parmi les plus prestigieux de la noblesse française :
- les La Rochefoucauld, branche des ducs d'Estissac ;
- les Picot, marquis de Dampierre ;
- les comtes de Montesquiou-Fezensac ;
- les Castellane, marquis d'Espadon ;
- les princes de Chimay ;
- ou encore les ducs de Lévis.
Quelques grands personnages se distinguent dans la prestigieuse ascendance d'Élaine Greffulhe, à l'instar de :
- Michel Le Tellier (1603-1685), secrétaire d'État de la Guerre (1643-1677), chancelier de France (1677-1685), et son fils François Michel Le Tellier de Louvois (1641-1691), secrétaire d'État de la Guerre (1662-1691) ;
- Charles de Vintimille, marquis de Luc, maréchal de camp, dit le "demi-Louis" puisque bâtard de Louis XV ;
- Jean-Joseph, marquis Dessolles, ministre des Affaires étrangères, général et pair de France;
- Adélaïde de Pyvart de Chastullé, comtesse de La Rochefoucauld, première dame d'honneur de l'impératrice Joséphine ;
- Émilie Pellapra, comtesse de Brigode puis princesse de Chimay, fille prétendue de Napoléon;
- Thérésia Cabarrus, Madame Tallien, surnommée « Notre-Dame de Thermidor » qui fut l'une des reines du Paris révolutionnaire ;
- ou encore Pierre Cuillier-Perron, généralissime de l'armée du grand Mogol des Indes.
Biographie et postérité
modifierSon enfance se passe à l'hôtel particulier parisien de ses parents au 8-10 rue d'Astorg, avec des séjours au château de Bois-Boudran et à la villa de Dieppe. Elle est très proche de sa mère, qu'elle accompagne parfois en voyage en Angleterre ou en Suisse, accompagnée de sa gouvernante anglaise, Miss Annie[2]. Mais elle est plus austère avec un sens du devoir et de fortes convictions religieuses héritées de sa grand-mère, la comtesse Charles Greffulhe, née La Rochefoucauld.
Son mariage avec Armand de Gramont, duc de Guiche, est célébré le , en l'église de la Madeleine à Paris[3]. La comtesse Greffulhe, vêtue d'une robe aux reflets d'or, éclipse sa fille par sa beauté[4]. Lors du mariage, un film d'une durée d'une minute et douze secondes fut tourné, et montre les mariés et des invités descendant l'escalier de l'église[5]. Ensuite la réception a lieu à l'hôtel Greffulhe. On admire les cadeaux exposés, comme il était d'usage à l'époque, parmi ceux-ci : un diadème de douze diamants, et d'autres bijoux offerts par la famille de Gramont[6], une agrafe de corsage de rubis offerte par le grand-duc et la grande-duchesse Wladimir, un éventail, peint par Madeleine Lemaire de la part de Robert de Montesquiou avec un poème, un flacon serti de rubis de la part du duc de Chartres[4], sans parler d'un bénitier d'émail offert par l'abbé Mugnier, confesseur d'Élaine et de sa mère. Marcel Proust offre, quant à lui, une paire de pistolets dans un coffret en cuir...
Armand de Gramont (1879-1962) est issu de l'une des plus anciennes familles de la noblesse française. Ce fut un grand scientifique français spécialisé dans l'aérodynamique. Il fonda la société Optique et précision de Levallois (OPL) et fut élu comme membre de l'Institut de France. Armand de Gramont était encore un excellent joueur de polo et fut l'un des instigateurs du polo de Cannes (avec le baron de Meyronnet Saint-Marc, le prince Ghika et le capitaine Joseph Jaubert) et le polo de Deauville (avec le baron Robert de Rothschild et le capitaine Jaubert).
De leur union naissent cinq enfants :
- Antoine (1907-1995)
- Henri (1909-1994)
- Jean (1909-1984)
- Charles (1911-1976)
- Corisande (1920-1980)
Plusieurs portraits de la famille de Gramont ont été réalisés par le talentueux portraitiste mondain Philip Alexius de László, très en vogue à cette époque, dont un représentant la gracieuse jeune duchesse de Guiche, née Élaine Greffhule. Elle se fit également portraiturer par Nadar.
Selon la biographe Anne de Cossé-Brissac, la duchesse de Gramont n'avait pas la beauté de sa mère[7], mais elle était jolie dans sa jeunesse. Elle était de caractère doux et réservé et versifiait, pardonnant les écarts de son mari. Auteur de poèmes charmants dans son enfance, elle vécut dans l'ombre de son brillant époux après avoir passé sa jeunesse dans l'ombre de sa mère[8]. Elle faisait partie de divers comités de patronage de sociétés de musique.
Les archives des Greffulhe, alliés par mariage à la Maison de Gramont sont, entre autres, conservées aux Archives nationales sous les cotes 101AP/I[9] et 101AP/II[10].
Hommage
modifierEn faveur de la messe de mariage d'Élaine Greffulhe, célébrée le 14 novembre 1904 à l'église de la Madeleine, Gabriel Fauré composa un motet Tantum ergo pour soprano, chœur à 4 voix et orgue[11].
Notes et références
modifier- France Archives de l'État, Gramont, Élaine de (1882-1958) [lire en ligne] (consulté le 25 août 2024)
- Anne de Cossé-Brissac, op. cité, p. 185
- Notice sur data.bnf.fr.
- Anne de Cossé-Brissac, op. cité, p. 193
- Ce film diffusé sur internet en février 2017 a suscité une controverse pour savoir si l'on y voit réellement Marcel Proust — cf. le site lefousdeproust.fr. La revue l'Histoire de janvier 2018 a finalement publié un article "La Madeleine sans Proust" réfutant la thèse de l'apparition de Proust dans ce film.
- Le Figaro, 15 novembre 1904
- « À dix-sept ans, elle est loin d'être aussi jolie que sa mère: elle tient plus de [son père] dont elle a hérité le solide bon sens et un sommeil de plomb. », in Anne de Cossé-Brissac, op. cité, p. 165
- Voir Laure Hillerin, op. cit., p. 293-304
- Archives nationales
- Archives nationales
- Notice bibliothèque nationale de France [lire en ligne]
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Anne de Cossé-Brissac, La Comtesse Greffulhe, Paris, éditions Perrin, 1991.
- (en) Duff Hart-Davis, Philip de László: his life and art[réf. incomplète]
- Laure Hillerin, La Comtesse Greffulhe, L'ombre des Guermantes, Flammarion, 2014.
- Éric Mension-Rigau, L'Ami du prince. Journal inédit d'Alfred de Gramont (1892-1915), éditions Perrin, Paris, 2011.
- (en) Horace A. Laffaye, The Evolution of Polo[réf. incomplète]
- L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, volume 20, 1970.
- George Painter, Marcel Proust, Paris, Mercure de France, 1966 ; 2e édition 1992.
Liens externes
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- Ressource relative à la vie publique :
- Site sur la comtesse de Greffhule
- Journal Le Gaulois, le 15 novembre 1904, p. 2 — Un grand mariage.