Dans le cours : Les fondements de la communication

Pratiquer le recadrage

Dans le cours : Les fondements de la communication

Pratiquer le recadrage

Imaginez-vous, votre interlocuteur vous dit : Bon, je sais que j'ai pas atteints mes objectif cette année, mais j'ai eu énormément de choses à gérer, j'ai eu également des problèmes familiaux, ça a pas aidé, alors, je comprends que vous ne soyez pas satisfaite de mon travail. Voici une question que j'aurais pu poser dans cette situation. Du coup, vous pensez que je suis pas satisfaite de votre travail parce que vous avez pas atteint vos objectifs, c'est ça ? Cette question reprend exactement les termes utilisé par mon interlocuteur. Si j'utilise d'autres termes, je prends un risque. Je n'ai pas encore compris ce qu'il voulait dire, même si je crois que j'ai compris. Il faut que je me méfie de moi-même. Si je crois trop fort avoir compris, et si je n'ai pas bien écouté, je pourrais poser ma question ainsi : Vous pensez que je suis déçu de votre travail parce que vous êtes très en dessous de vos objectifs, c'est bien ça ? Ici, je mets dans la bouche de mon interlocuteur des mots qu'il n'a pas prononcés. Il n'a pas dit « déçu », il a dit « pas satisfait », c'est pas forcément la même chose. Il a dit qu'il n'avait pas atteint ses objectifs, lui mettre dans sa bouche « je suis très en dessous de mes objectifs » peut-être mal perçu de sa part. Après tout, ce n'est pas ce qu'il a dit. C'est très frustrant, très énervant, quand on nous fait dire ce qu'on n'a pas dit, et surtout quand on vous charge un peu plus alors que vous faisiez déjà un mea culpa comme c'est le cas ici. Donc, il important d'être attentif à ça. Ce qu'on peut faire en revanche pour proposer quelque chose de nouveau, pour distiller une idée qui va un peu plus loin, c'est faire ce qu'on appelle un recadrage. Le recadrage, c'est changer le sens de ce que dit quelqu'un en réinterprétant la situation souvent sous une forme interrogative. Par exemple, dans ce contexte, je pourrais poser une question comme celle-ci : « Donc, vous pensez que je ne suis pas satisfait de votre travail parce qu'en contexte de crise, vous vous êtes approché de vos objectifs ? » Allez, d'accord, d'accord, je n'ai pas répété exactement ce qu'il a dit, j'ai renvoyé quelque chose de différent, mais cette fois-ci, j'ai réinterprété volontairement ce qu'il a dit non pas d'une façon à le charger un peu plus, à montrer finalement que par ma reformulation, je pensais que c'était pire que ce qu'il disait, mais j'ai distillé dans une forme interrogative une nouvelle possibilité d'interprétation plus positive. J'ai ouvert une possibilité. Peut-être qu'il n'a pas besoin de s'en faire autant, peut-être que les efforts qu'il a accompli ont porté leurs fruits. Peut-être que tout n'est pas entièrement sa faute. Peut-être qu'il y a des circonstances extérieures autres que ses problèmes personnels, et peut-être que ça veut dire qu'il peut encore faire mieux. Cette façon d'amener les idées peut provoquer un changement dans la perception de la réalité de l'autre. Le fait de ne pas le dire d'une façon trop directe purement affirmative lui permet de considérer ses possibilités, de l'intégrer dans sa façon de penser au lieu de la recevoir toute pré-machée de la part de quelqu'un d'autre, parce que ça fait image dans sa tête. Je reprends ce qu'il dit, donc, ça lui appartient, et j'ajoute un sens. Je transforme cette expérience, je lui donne d'autres possibilités, un nouveau choix. C'est à lui, il peut mieux l'accepter.

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