LA FRANCE DES ÉNARQUES A REMPLACÉ LA FRANCE DES INGÉNIEURS
« Qu’on arrête d’emmerder les Français ! » La célèbre apostrophe de Georges Pompidou n’en finit plus de résonner dans notre pays, surtout depuis que la France des énarques a remplacé la France des ingénieurs, et qu’il faut aujourd’hui dans notre pays deux fois plus de temps qu’en Allemagne pour faire aboutir un projet. Et trois fois plus de temps aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Aucun gouvernement n’a réussi à tenir les promesses de simplifications formulées par ses dirigeants. Le fléau des normes a remplacé les gaz incapacitants des guerres d’autrefois.
Et comme le temps c’est de l’argent, tout ce qui est plus lent coûte également plus cher.
Pourquoi les Français ont-ils de la sympathie pour la révolte des agriculteurs ? Parce qu’ils les comprennent. Prenez la question des haies : dans les années 60, une loi de remembrement agricole les a obligés d’un trait de plume à les supprimer. Depuis, on a constaté, érosion oblige, qu’il fallait en replanter. Soit. L’homme apprend de ses erreurs. Bien. On leur promet même des aides pour ce faire. Mais il leur faut respecter 14 normes différentes, européennes et nationales, pour passer à l’acte. Alors ils y renoncent.
Mais ce qui est vrai ici, l’est également ailleurs. En 2012, le Grenelle de l’Environnement a bouleversé, complexifié les règles de la construction. Le coût de celle-ci a doublé. Grave, mais pas trop tant que les taux d’intérêt restaient bas et le crédit facile mais les temps changent et les conséquences dix ans après deviennent paralysantes.
Nous, collectivités le vérifions concrètement. Regardez les codes que nous devons respecter, à commencer par le Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT), son épaisseur elle aussi a doublé. Coïncidence ? Et cette paralysie a une autre conséquence : elle décourage l’entreprise, la petite comme la grande, et surtout l’investissement.
Car ces normes s’empilent, s’entrecroisent, se contredisent à l’envi. Les juristes prospèrent, les recours et les contentieux se multiplient. Tout est bon pour empêcher de faire. Et tout cela coûte un argent fou.
La bureaucratie de l’Ancien Régime a paralysé la monarchie. Elle en est morte. Depuis, la bureaucratie européenne s’est ajoutée à celle de l’Etat français plus que jamais centralisé. Ces jacobins suppriment tous les liens entre les citoyens et leurs élus : plus de Député-Maire, plus de taxe d’habitation. Dormez tranquilles, bonnes gens, l’Etat compense à l’euro près.
Mais où est passée la responsabilité ? Le lien entre le citoyen-contribuable et l’action des élus qu’il a choisis ? Comment faire pour que la caste dirigeante comprenne à nouveau la nécessité de ce sentiment d’appartenance à sa commune, à sa ville, à sa région, à son pays ? Et qu’on ne peut réduire le citoyen à un simple consommateur de services publics.
Rendez-vous compte, on en est à se réjouir que le nouveau Premier Ministre ne soit pas énarque…