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Ce matin, Anya se réveilla toute seule comme une grande. Dehors, un petit rayon de lumière traversait les volets de sa chambre pour se reposer sur son oreiller. La fillette sourit. Elle reconnaissait le Jour du Petit Rayon de Lumière. C’était comme un ami, qu’elle ne pouvait voir que les jours où elle n’avait pas école. Autrement, on la réveillait trop tôt.
Aujourd’hui, on était… (elle se concentra de toutes ses forces) DIMANCHE !! Ravie, elle se tourna et ramassa Chimera qui était tombée par terre durant la nuit. Chimera s’enfuyait toujours, la nuit. Anya aimait à se dire que Chimera était une informatrice privilégiée de Bond-Man, et qu’elle descendait du lit pour donner ses instructions par le trou du volet, avant de revenir près d’Anya avant son réveil.
- C’est bête, tu sais pas grimper sur le lit, par contre… marmonna-t-elle avant de serrer sa peluche contre elle.
Si Bond-Man sauvait le monde, c’était grâce à Anya, qui laissait Chimera descendre du lit toutes les nuits.
- J’ai faim… gémit-elle en se frottant les yeux.
Attrapant sa peluche, elle sortit de sa chambre, dont la porte entrouverte laissait déjà filer une douce odeur de pain grillé…
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Attablée, la fillette laissait battre ses petits pieds en laissant ses parents discuter. Anya aimait bien le dimanche, parce que c’était le jour où elle pouvait manger ces céréales très sucrées qu’elle adorait, et que Papa Loid lui refusait le reste de la semaine. Dans ce paquet-ci, elle avait pu avoir la figurine de Bond-Man avec la tenue spéciale de l’épisode où il revêtait un smoking pour s’infiltrer dans le repaire secret où le méchant Dr. Protéaz avait organisé sa fête hyper secrète.
C’était trop cool.
Soudain, un bruissement sur sa gauche lui fit tourner la tête : un autre Bond, plus poilu et moelleux, glissait sa tête derrière le canapé pour les observer attentivement. Anya eut un grand sourire :
- Bonjour, Bond ! clama-t-elle par-dessus la voix des deux adultes. Alors, tu as bien dormi avec nous ?
- Anya, soupira Papa Loid d’un air mécontent. Je t’ai déjà dit hier qu’il ne fallait pas parler à Bond quand nous étions à table. Ça va lui donner de mauvaises habitudes.
D’ailleurs, le gros toutou s’approchait justement d’un pas pesant et tranquille, pour s’asseoir juste à côté d’Anya. La fillette eut un immense sourire. Bond était vraiment le plus meilleur super chien de tout l’univers.
- Tu ne lui donnes pas à manger, rappela Papa Loid. Même pas une caresse. C’est très important qu’il comprenne que quand on est à table, on est entre nous.
- Cependant, il n’a pas l’air de quémander pour le moment, nota Maman Yor.
Bah bien sûr. Parce que Bond était un chien super intelligent.
Anya aurait bien voulu que Bond passe sa première nuit avec elle, mais Papa Loid s’y était opposé. Alors Bond avait dormi sur le tapis du salon. Et il n’avait pas du tout fait de dégât dans la pièce !
- Anya…
L’interpellée tourna la tête vers Maman Yor.
- Aujourd’hui, c’est moi qui t’accompagnerai pour aller acheter les accessoires de Bond. Loid a un empêchement de dernière minute avec le travail, et il doit partir dès la fin du petit-déjeuner…
- Désolé Anya, soupira Papa Loid en se tournant vers elle. Je sais que tu étais très impatiente qu’on choisisse tous ensemble… Je ferai tout pour rentrer dans l’après-midi
Anya eut une moue déçue, et s’apprêta à répondre. Une pensée, soudain, grésilla dans son esprit :
Je ne peux tout de même pas leur dire que le bureau soupçonne un attentat à la gare et que je suis l’agent le plus proche pour la désamorcer un dimanche…
Aaaah !! Papa allait partir en mission super dangereuse !!
Mais déjà, une nouvelle pensée lui arrivait, venue de l’autre côté de la table :
Loid est toujours si pris par son travail, c’est admirable… Espérons cependant qu’il puisse rentrer avant ce soir. J’ai moi-même une mission importante en fin de journée…
AaaaaaAaah ! Et même Maman Yor avait du travail !!!
- Yor, il faudra penser à acheter un collier pour Bond, reprit Papa Loid. Tu sais que les chiens sans collier se font envoyer à la fourrière.
- Oui, tu as raison. Il faudrait lui prendre un collier avec une médaille.
- Je prendrai rendez-vous avec une connaissance. Elle pourra nous graver une médaille pour moins cher qu’à l’ordinaire. Elle me doit un petit service de longue date…
- Oh, c’est drôlement bien, ça ! apprécia Maman Yor en riant doucement.
Papa Loid eut un sourire pensif :
Et en même temps, je vais glisser un traceur indétectable sur le collier. Comme ça, si Anya est enlevée en même temps que le chien, je pourrai la retrouver plus facilement. Le chien est désormais un élément très important de ma couverture, et donc de la mission. Il ne doit rien lui arriver.
Anya regarda son père avec des yeux ronds. Alors comme ça, Bond était devenu lui aussi une sorte de super héros sur qui reposait le sort du monde ?? Trop cool !! Soudain, quelque chose s’imposa dans son esprit. Une sensation douce, ténue. C’était une image moche, comme prise sur une vidéo de mauvaise qualité. Anya avait bien compris que son chien avait, comme elle, des capacités un peu spéciales, et elle se concentra sur la vision qu’elle recevait.
On voyait une masse blanche pelucheuse. Sous les poils, il y avait comme un machin noir qui la serrait. Une sorte de collier, ou de corde.
La vision disparut aussi fugacement qu’elle était apparue…
Anya fronça les sourcils. Zut. Elle commençait déjà à oublier les détails de ce qu’elle venait de voir. Elle avait reconnut Bond, évidemment. Tout blanc tout poilu comme ça, ça ne pouvait pas être un autre chien… Le collier qu’il portait était peut-être celui d’une laisse ? Est-ce que Bond voulait avoir un collier noir ?
- Allez Anya ! la pressa gentiment Papa Loid. Finis vite ton petit-déjeuner, que vous puissiez partir avant la fermeture des magasins !
Intriguée, la fillette avala le reste de ses céréales en songeant à ce qu’elle venait d’entrevoir…
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La main serrant celle de Maman Yor, Anya marchait dans la rue d’un air surexcité. Maintenant, Bond avait plein de trucs super cools ! Il avait une gamelle pour manger et un bol pour mettre de l’eau dedans ! Dans l’autre main de Maman Yor se trouvait un gros sac qui contenait, plié en plein de morceaux, un énorme coussin pour chien. Et dans l’autre main d’Anya se trouvait un gros morceau de corde avec deux nœuds aux extrémités. D’après le monsieur, un gros toutou comme Bond adorerait jouer avec un os en corde.
Anya avait aussi vu une jolie petite balle rigolote pleine de couleurs, mais Maman Yor avait dit que c’était plutôt pour les chats et que Bond était trop grand pour jouer avec une balle comme ça.
C’était dommage. Mais de toute manière, Maman Yor avait dit qu’ils pourraient acheter de nouveaux jouets plus tard.
- Bond est vraiment un chien étonnant, constata Maman Yor.
Anya leva la tête : sa mère regardait Bond, qui marchait tranquillement à quelques pas devant elles.
- Pourquoi tu dis ça ? demanda Anya.
- Les autres chiens autour de nous n’arrêtent pas de marquer leur territoire et d’aboyer pour se saluer.
D’un signe de tête, elle désigna un petit chien plein de plis, qui reniflait les fesses d’un gros chien qui avait un collier avec des piquants dessus. Berk.
- Mais notre Bond marche sans se préoccuper des autres. Il est très élégant, même quand il marche.
Evidemment. C’était parce que Bond était le meilleur plus cool chien de l’univers, ça.
- Et il n’y a même pas besoin de lui dire de rester au pied : il reste à côté de nous. On dirait qu’il a déjà été dressé. Loid m’avait dit de lui acheter une laisse en plus du collier, mais j’ai l’impression qu’elle ne sera pas souvent utile…
- Pourquoi il faut qu’un chien porte un collier ? demanda Anya.
- Parce qu’un collier, c’est ce qui sert de papier d’identité à un chien. Ça permet d’identifier qui sont ses maîtres. C’est utile au cas où il se perd et qu’il se retrouve à la fourrière.
Dans sa tête, Yor termina sa phrase.
Surtout que la rumeur dit que les chiens sans collier seraient revendus à des laboratoires.
Anya sursauta et regarda Bond, dont le postérieur moelleux se dandinait à chacun de ses pas.
- T’inquiète pas mon chien ! Tu resteras avec nous pour toute la vie, maintenant !
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Aucun collier n’allait à Bond. Ni le collier en cuir rose avec des strass. Ni le collier en bandelettes tressées multicolores, qui en plus avait une des bandelettes d’abîmée. Et Maman Yor s’était opposée fermement au collier avec des piquants dessus, parce que ça faisait mauvais genre.
Il y avait bien eu le bandana bleu et noir, qu’elles avaient trouvé adorable, mais il était trop petit pour Bond et lui avait trop serré la gorge.
Bond était resté assis sans bouger, et même que le monsieur du magasin avait été très content d’avoir un chien aussi gentil. Pour la peine, il avait donné à Bond un biscuit rigolo en forme d’os. Bond l’avait reniflé avant de le goûter prudemment. Puis ses yeux s’était mis à briller et sa queue s’était agitée, pendant un moment.
Assise sur un siège, Maman Yor avait un visage triste.
- Il va pourtant falloir qu’on lui en ramène un, Anya. Bond est notre chien, il doit porter un collier.
Ah oui, c’était vrai… Sinon, Bond allait se faire enlever par les méchants de la fourrière et… et… Elle se jeta au cou de son gros toutou et le serra contre elle.
- Je veux pas que Bond se fasse disséquer par des méchants du laboratoire !!
- Écoutez, soupira la vendeuse en les rejoignant. Nos concurrents sont situés de l’autre côté de la rue. Vous pouvez toujours voir si vous trouvez votre bonheur. Mais dépêchez-vous, il devrait fermer d’une minute à l’autre…
De nouveau pleine d’espoir, Anya se redressa et se tourna vers sa mère.
- Il faut essayer ! Bond doit avoir un nouveau collier, sinon il ne pourra jamais faire partie de notre famille et il sera tout seul !
Tous les trois repartirent du magasin après avoir remercié la gentille vendeuse et son collègue.
Et ce fut sur le chemin qu’Anya eut l’idée de relever la tête devant une vitrine.
Une fausse madame toute noire et brillante portait une belle robe mousseuse blanche, comme une princesse. Et à côté se trouvait un faux bonhomme qui portait un costume blanc et des chaussures bien cirées.
- Anya ! Allez, il faut se dépêcher ! pressa Maman Yor en se retournant vers elle.
Mais à la place, Anya leva le bras et pointa du doigt le costume du faux monsieur.
- C’est ça qu’il faut à Bond, dit-elle.
C’était un nœud papillon, comme portait Bond Man sur la figurine des céréales. Et c’était noir, comme dans la vision de ce matin.
Anya tourna la tête vers Maman Yor et souffla d’un air entendu.
- C’est ça que je veux pour mon toutou !
Après tout, le plus incroyable des chiens ne méritait-il pas le plus élégant des costumes pour entrer dans la vie de la famille Forger ?