Chapter Text
Zelda Spellman. Une femme et sorcière à l’allure froide et stricte. Elégante en toute circonstance, dotée d’une large connaissance sur la magie. Une femme fatale pendant des années, que tant de sorciers ont tenté de convoiter. En vain. Zelda ne leur refusait pas les relations charnelles, du moment qu’elle pouvait abîmer sa peau porcelaine pour ressentir quelque chose. Les relations sexuelles n’étaient pas vraiment plaisantes avec la plupart des sorciers. C’était toujours amusant et gratifiant de se savoir appréciée et enviée. Mais elle ne peut pas dire que ses meilleurs orgasmes aient été en compagnie de sorciers. Louée soit Lilith, elle a rapidement compris que les sorcières étaient beaucoup plus douées. Les sorciers sont alors devenus une source malicieuse d’amusement et de pénitence, le moment où elle pouvait profiter de la douleur que sa peau fraîchement lacérée lui provoquait. Puis les sorcières sont vites devenues la solution idéale, rapide et efficace, pour atteindre l’extase.
Zelda sent son corps être poussé sur la chaise en bois inconfortable au milieu de la pièce. Elle ne sait pas depuis combien de temps elle est ici, mais elle sait que l’alcool a eu le temps d’atteindre un point culminant laissant à son corps une constante sensation de flotter. Un des démons s’arrête derrière elle et tire brusquement ses cheveux en arrière pour qu’elle puisse lui faire face. Son dos lui fait atrocement mal, elle peut sentir le sang couler des plaies fraichement formées. Ses genoux lui font mal depuis qu’elle a dû rester assise sur ses derniers pendant de longues minutes. Elle sait qu’elle va devoir prendre le temps de cacher toutes les marques que les deux démons vont lui laisser. Ses poignets rougis par des menottes, son cou aux tâches violacées par les succions brutales.
Le démon laisse ses ongles acérés parcourir le cou de la rousse. Soudain, elle sent les mains de la démone face à elle se poser sur ses genoux et y enfoncer ses ongles. La douleur parcourt la rousse comme un courant électrique. Elle essaie de baisser la tête pour voir la démone mais l’emprise du démon sur ses cheveux est trop forte. La démone monte ses mains vers le haut des cuisses de la rousse. Elle enfonce à nouveau ses ongles, forçant Zelda à écarter les jambes. La sorcière laisse un halètement de douleur s’échapper de sa bouche lorsque les doigts de la démone entrent brusquement en elle, laissant ses longs ongles écorcher ses parois. Une larme coule sur sa joue en réponse à la douleur brutale et inattendue. Elle sent les doigts de la démone continuer des allers-retours, laissant à chaque passage une nouvelle griffure accompagnée d’une douleur vive.
Hilda boit sa tasse de thé, lançant parfois un regard à Ambrose tandis que Sabrina explique sa discussion avec Lilith. La blonde finit de restituer les faits puis prend elle aussi une gorgée de son thé. Hilda fronce légèrement les sourcils.
« Et… Je n’ai pas bien compris comment ramener Lilith » Elle lance un rapide regard vers Ambrose qui valide également son commentaire. Sabrina pose sa tasse sur la table et se penche un peu en direction de sa tante et son cousin.
« Lilith et Lucifer sont tous les deux des êtres dotés de pouvoirs, d’énergie. Le fait que Lilith soit la prison de Lucifer, sous-entend que le corps de Lucifer a été également emprisonné. On se retrouve alors avec deux corps dans un seul. Deux corps qui possèdent de la magie et de l’énergie. Il faut le voir comme deux verres à moitié remplis, un correspond à l’énergie de Lucifer et l’autre celle de Lilith. Un verre qui se remplit implique que l’autre se vide. J’en arrive alors à mon idée… » Sabrina fait une pause, s’assurant que sa tante et son cousin soient toujours à l’écoute. Ils lui font un signe de tête pour l’encourager à continuer.
« Plus Lilith perd de son énergie, plus Lucifer devient fort. Mais c’est également valable dans l’autre sens. Si Lucifer est vidé de son énergie, il devient alors une proie facile. Sans énergie, il est presque impossible de pouvoir réussir un quelconque sort. On arrive alors à ce moment, on plante les dagues qu’Ambrose avait fabriqué à l’emplacement de ses ailes. » Sabrina les regarde, les yeux remplis d’espoir et de conviction. « En résumé, on vide l’énergie de Lilith et Lucifer. Lilith ne pourra plus le contenir donc Lucifer sera libéré mais il sera trop faible pour lancer un quelconque sortilège, et là on le tue »
Ambrose lève les sourcils, intégrant le plan d’action de Sabrina puis hoche lentement la tête. « En théorie ça pourrait être réalisable, cousine… Mais avant d’agir, il faut être sûr que ça marche. Si on ne parvient pas à tuer Lucifer… Il nous tuera à coups sûrs. » Ambrose soupire et se lève de sa chaise.
« Je suppose que c’est la seule solution qui nous reste après tout… » Hilda se pince les lèvres et lance un regard à Ambrose. « Mais comme Ambrose l’a dit, nous devons avons tout nous assurer que cela soit la meilleure solution »
« Heureusement, j’ai une collection d’ouvrages traitant du partage d’énergie et de puissance. Je vais essayer de trouver des informations utiles » Ambrose attrape sa tasse et se dirige vers les escaliers. Sabrina se lève à son tour.
« Je pense qu’on ira plus vite à deux, Ambrose. Je vais t’aider » Elle regarde une dernière fois Hilda en guise de remerciement et rejoint rapidement Ambrose.
Hilda se retrouve alors seule dans la cuisine et prend une gorgée de sa tasse lorsqu’elle observe l’horloge. Il est presque 21h et Zelda n’est pas encore rentrée. Habituellement, elle ne s’inquièterait pas pour elle. Mais elle sait que désormais c’est différent. Zelda n’a plus la force de cacher toutes ses émotions, au point d’être devenue assez imprévisible. Et puis, Hilda sait que retourner à l’académie est difficile pour sa sœur en ce moment. Alors elle ne voit pas pourquoi Zelda déciderait d’y rester aussi tard.
La blonde finit sa tasse et se lève de sa chaise. Elle part enfiler une veste légère et décide de se téléporter à l’académie.
Hilda marche dans un des nombreux couloirs identiques de l’académie et s’arrête devant la porte du bureau de sa sœur. Elle approche doucement son oreille de la porte mais n’entend rien. Elle décide alors de frapper et ouvre doucement la porte. La pièce est plongée dans le noir. Hilda avance d’un pas et sursaute en sentant des craquements sous ses pieds. Elle allume rapidement la lumière et son cœur rate un battement en constatant l’état du sol. Des centaines de bouts de verre jonchent sur le carrelage foncé. Son premier réflexe est alors de chercher sa sœur du regard. Personne. Cela ne fait qu’augmenter son inquiétude, Hilda connaît la rousse. Elle sait que quelque chose s’est passé. Elle inspecte rapidement le bureau, à la recherche d’une quelconque trace de sang. Elle est soulagée un instant en voyant que Zelda n’a pas l’air de s’être blessée par le verre. La blonde soupire, et d’un geste rapide elle fait disparaître le verre brisé. Tandis qu’elle sort du bureau pour partir chercher Zelda dans l’académie, elle croise une des enseignantes.
« Shirley, avez-vous vu Zelda récemment ? »
Les larmes continuent de couler sur les joues de la rousse. Elle ne peut pas les essuyer, ses mains sont attachées derrière son dos à la chaise, lançant une douleur de plus en plus inconfortable dans ses épaules. Elle ne pourrait même pas dire si une partie de son corps n’est pas douloureuse. Son esprit encore embrouillé par l’alcool et comblé par une exquise agonie l’empêche de pouvoir réfléchir. Son corps nu, exposé aux deux démons, est abîmé et la perte de sang importante. Mais Zelda se sent bien, mieux qu’elle ne l’a jamais été depuis ces dernières semaines. A cela, un sourire se forme derrière ses larmes salées mélangées au sang récolté sur leur chemin. Le doux gout amer mélangé au fer entre dans sa bouche et elle se sent bien. Soudain, ses mains sont détachées. Zelda ouvre les yeux et les cligne à plusieurs reprises afin que sa vision ne soit plus gênée par les larmes. Elle voit alors les deux démons face à elle se retourner et partir vers le même coin sombre de la pièce d’où ils sont apparus plus tôt. La rousse reprend son souffle, essuyant son visage trempé d’un mélange de larmes, de sang et de sueur. Elle attrape finalement ses vêtements jetés au sol et les enfile. Sa jupe noire et son chemisier blanc semblent avoir survécu aux démons, mais elle ne pourra pas en dire tant pour sa veste présentant une déchirure au milieu du dos. Zelda soupire et la prend sous son bras.
« Lanuae Magicae » La salle sombre se dématérialise et en une fraction de seconde Zelda perd l’équilibre, tombant alors sur ce qui semble être de l’herbe. L’alcool, la fatigue, la douleur et la perte de sang ont eu raison d’elle. Sa vision est légèrement trouble et elle a le vertige, mais elle sait que l’alcool n’en est pas la majeure cause. Elle se relève doucement et reconnaît alors le manoir se dressant face à elle. D’un pas prudent, elle avance vers le manoir. Les lumières semblent éteintes et Zelda s’en réjouit. Elle entre dans le manoir, allume la lumière dans le grand hall et monte lentement les escaliers. Une fois dans sa chambre, elle ferme la porte et soupire en s’adossant à cette dernière. Malheureusement, il ne lui a pas fallu longtemps pour ressentir la pression du bois dur et ferme sur les multiples plaies dans son dos. Un bruit entre le halètement et le gémissement sort de sa bouche en réponse à la douleur vive. Sa veste déchirée tombe sur le sol et elle s’éloigne rapidement de la porte avant de se diriger vers sa salle de bain.
Hilda grogne quelques insultes à destination de Shirley tandis qu’elle marche vers le manoir. Cette garce n’a même pas fait semblant de ne pas la voir lorsqu’elle lui a demandé où était Zelda. Elle s’est contentée de la regarder droit dans les yeux, de lui esquisser un sourire malsain, et elle est repartie sans dire un mot à la petite blonde. Hilda entre dans le manoir en expirant fortement par les narines. Zelda est peut-être revenue après tout ?
La plus jeune sœur monte les escaliers et une fois dans le couloir, son regard est attiré par la lumière s’échappant sous une porte. Elle soupir de soulagement tandis qu’elle s’approche de la chambre de sa sœur allumée. Elle frappe contre le bois et attend une réponse. Mais Zelda ne dit rien. Hilda fronce légèrement les sourcils et tente d’ouvrir la porte. Cette dernière s’ouvre avec un léger grincement et Hilda entre doucement dans la pièce. Son regard est immédiatement attiré par le tissu sur le sol. Elle le récupère, et reconnaît la veste de la rousse. En le repliant, elle prend connaissance de la déchirure imposante et fronce encore plus les sourcils. Plusieurs questions se bousculent dans son esprit.
Un bruit sourd résonne dans la pièce voisine et Hilda se précipite vers la porte menant à la salle de bain de sa sœur. Elle frappe à la porte.
« Zelds ? C’est moi, tout va bien ? » Hilda colle légèrement son oreille contre la porte et son regard est alors attiré par plusieurs tâches rouges sur le sol. Elles partent de la porte de la chambre jusqu’à celle de la salle de bain.
« Oui, je veux juste prendre un bain, Hildy » La voix de sa sœur est légèrement plus aiguë que d’habitude. Hilda a appris à reconnaître le moindre changement dans celle-ci au fil des années. C’est le seul indicateur que Zelda n’arrive pas toujours à garder sous contrôle, celui qui confirme à Hilda que ça ne va pas. Toutefois, la blonde a parfois dû user de ses pouvoirs durant les dernières décennies pour déceler les émotions de sa sœur. Zelda lui en veut toujours pour ça, pour sa capacité empathique, à la limite de la télépathie bien souvent. Hilda ne sait pas combien de fois Zelda l’a tué pour s’être immiscée dans son esprit. Puis, elle a été forcée d’arrêter, et a juste appris à observer sa sœur combattre et enfouir ses émotions.
Hilda sait que Zelda lui ment, ou qu’elle ne lui dit pas toute la vérité. Un objet en verre avait été cassé dans son bureau, sa veste est déchirée, des gouttes de sang jonchent sur le sol de sa chambre et Zelda essaye toutefois encore de se cacher. Hilda pose sa main sur la poignée de la porte et tente de l’ouvrir mais elle est verrouillée. Elle soupire et pose sa main contre le bois.
« Zelda ouvre moi, s’il te plaît. Tu es blessée » Hilda entend de nouveau du bruit de l’autre côté de la porte.
« Non, je ne suis pas blessée, Hilda. Maintenant, sors de ma chambre » La voix de Zelda est redevenue normale et Hilda la maudit intérieurement.
« Ce n’était pas une question, ma sœur. » Hilda inspire doucement, réfléchissant un instant. Tandis que la rousse semble s’apprêter à lui répondre sèchement, Hilda la coupe. « Trois solutions, Zelda Phiona Spellman. La première étant que tu ouvres cette porte. La deuxième qui consiste à ce que je force la porte avec ma magie. Enfin, la dernière, étant celle qui tu aimeras le moins, j’utilise mes capacités psychiques. » Hilda était elle-même surprise du ton ferme qu’elle venait d’employer. Elle est toujours contre la porte, ses mains tremblent, sachant qu’elle a mis Zelda en colère. Elle pourrait s’excuser ou partir en courant aussi vite qu’elle peut. Mais peu importe ce qui va arriver, elle en a marre de jouer le bouc émissaire de sa sœur. Même si la rousse semble moins s’en prendre à elle dernièrement, elle doit réussir à se détacher de ce rôle.
Zelda respire un instant, son cœur bat vite, son corps lui fait mal, sa vision est toujours trouble et les larmes toujours présentes aux coins de ses yeux. Elle soupire en entendant Hilda. Comment ose-t-elle lui donner des ultimatums ? Elle ferme un instant les yeux. Zelda se souvient de la dernière fois que sa sœur est entrée dans ses pensées. Elle revenait de la messe noire, où elle avait traîné pour pouvoir se confesser à Blackwood. Une confession formelle, sans débordement, une des seules. Une des plus dures psychologiquement pour la rousse. Faustus était célibataire, grand prêtre depuis quelques années à peines. Sabrina n’était qu’une jeune enfant, elle n’assistait pas encore aux messes noires.
Zelda s’est sentie si vulnérable l’espace d’un instant quand Hilda a réussi à s’immiscer dans son esprit. Elle a été prise d’une panique qui s’est transformée en colère noire. A peine Zelda réussi à combattre Hilda psychiquement que la blonde fut tuée, un couteau de cuisine traversant son thorax et perçant directement son cœur. Au retour à la vie de sa plus jeune sœur, Zelda lui fit promettre de ne plus jamais utiliser ce don sur elle. Elle ne donna pas plus de détail sur sa réaction. A cause de la peur, la peur que sa propre réaction a causée. L’intrusion de la blonde a provoqué une vague d’émotions et Zelda n’a pas pu contrôler ses pouvoirs. Elle a tué sa sœur, contre son gré. Un couteau a traversé la pièce à une vitesse vertigineuse avant même que Zelda ne puisse soupirer. Ce n’est pas pour elle-même qu’elle a fait promettre Hilda de ne plus jamais recommencer. C’est pour la protéger, car si Zelda a tué un nombre incalculable de fois sa sœur, elle n’a jamais tué sa sœur par accident. Sauf ce soir-là.
La porte s’ouvre brutalement, laissant passer Hilda. Zelda sort alors de ses pensées en sursautant. La blonde s’approche d’elle, l’horreur et l’inquiétude marquant son visage.
« Pour l’amour de Lilith, Zelda ! Qu’est-ce qui s’est passé ?! » Hilda se précipite vers elle, l’invitant à s’asseoir silencieusement sur le bord de la baignoire.