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Intérieur nuit, nous sommes dans l'appartement de Millicent Bulstrode. Un chaudron mijote sur le feu, un balai est accroché au mur.
On frappe à la porte.
Millicent : Ouais, c'est qui là ?
Pansy (hors champs) : Mill', c'est Sy’, ouvre-moi.
Millicent va ouvrir la porte. Pansy rentre. Son maquillage a coulé sous ses yeux, elle tient, serrés contre elle, les pans de sa cape, comme si elle était frigorifiée.
Millicent : Ça va, Sy’ ? T'as l'air bizarre, qu'est ce qu'y a ?
Pansy : Non, ça va pas non.
Millicent : Dis-moi, qu'est ce qu'y a ?
La musique démarre.
Pansy et Millicent s'assoient dans le canapé en peau de Dragon. Pansy est recroquevillée sur elle-même. Millicent pose une main réconfortante sur son épaule.
Pansy : Mill', assieds-toi faut que je te parle. J'ai passé ma journée dans l'nox…
Mill', je le sens, je le sais, je le suis, il se fout de moi, ouais…
Millicent : Mais Sy', arrête, tu sais ton mec t'aime. Ton mec m'a dit :
“Tu sais, Milly’ ? Sy', c'est une reine, et j’pourrais crever pour elle.”
Faut pas que tu paniques, j’te jure :
Ton mec assure, ton mec assume, Sy', ouais.
Ton mec est Pur, il a le Sang Pur, j'en suis sûre.
Pansy se redresse, son ton s'affirme :
Pansy : Non mais tu sais pas toi ! Ça fait deux mois que j'sens son odeur !
Millicent, dégoûtée : Quoi ?!
Pansy se lève, met les poings sur ses hanches, elle commence à crier.
Pansy : Que je vérifie son chaudron tous les quarts d'heure !
Millicent : Pourquoi ?
Pansy : J'ai vérifié, je suis pas folle !
Son Nimbus sert à balayer le sol !
Mill’, je crois bien que mon mec est Cracmol, ouais !
Millicent porte sa main à sa bouche, choquée, muette. Quelques secondes passent.
Millicent, voix peu assurée : Mais tu sais quoi de lui ? T'as maté sa tapisserie ?
Pansy : Il s'appelle Draco !
Millicent : Oui, déjà, ça, c'est chaud.
Pansy : Un vingt-huit sacré, un Sang Pur, une bonne lignée !
Millicent hoche la tête, d'accord.
Pansy : J'ai pas terminé, il est même tatoué !
Sur son bras, blême, ben, y-a la marque des Ténèbres !
Mais je crois qu'elle est faite au marqueur !
Millicent : Même pas à la plume ?
Pansy secoue la tête.
Millicent, se lève à son tour : J'étais à côté de la plaque, je croyais que ton mec était intact, moi !
Pas de trucs bizarres, pas de plans tic-tac, pas de Big-mac, moi !
Je croyais que ton mec était à part, qu'il parlait mariage et manoir !
Prends ta baguette, ton balai, prends même ton boursouflet, et viens, on va le voir, viens !
Les deux amies s'envolent sur leurs balais. Le vent sèche les yeux de Pansy. Son Rimmel coulant ressemble désormais à une peinture de guerre.
Pansy : J'y crois pas…
Millicent : Calme-toi, Sy', ça va aller.
Pansy : Je ne peux pas… Tu sais, j'ai peur, moi…
Millicent : Pose-toi là, vas-y, pose-toi là.
Elle atterrissent sur le toit d'un établissement dont l'enseigne lumineuse indique “karaoké”
Pansy : Je ne sais pas si j'assume de le voir en moldu…
Elles trouvent le balai de Drago.
Millicent : Ok, reste discrète, donne-moi le cric, la bombabouse odeur de bandimon !
Vite, donne-moi le mucus de verracrasse,
Que je l'encrasse, son Nimbus, que je le repeigne comme il te peine, son Nimbus !
Je vais te le Petrificus Totalus, son Nimbus ! Si tu savais comme je l'aime plus !
Pansy : Je ne crois pas, je ne peux pas, tu sais j'ai peur, moi…
Millicent : Viens, viens on rentre, descend de ton balai, viens.
Pansy : Je ne sais pas si j'assume de le voir en moldu.
Millicent : Mais si, viens.
Pansy : Ne crois pas…
Millicent, l'ignorant : J’ai demandé, c'est la salle centrale.
Pansy : … que j'veux pas.
Millicent : En vrai, j'suis curieuse, je sais pas comment les Cracmols s'occupent.
Pansy : Je n'y arriverai pas.
Millicent : Ils s'éclairent à l'électricité, le délire…
Pansy : Je ne sais pas si j'assume de le voir en moldu.
Elles arrivent devant la porte de la salle centrale.
Millicent : Vas-y tape.
Pansy s'exécute.
Draco, hors champs : Ouais, deux secondes, j'arrive.
La porte s'ouvre, il apparaît. Il porte un jogging moldu, un marcel Tour de France, une casquette Justin Bridou, tient un téléphone à clapet dans une main et un ballon de football sous l'aisselle.
Pansy, le repoussant avec rage : Mais qu'est-ce tu fous là ?!
Je te croyais chez ton père, mais tu t’fous d'moi ?!
J'ai toujours été droite, et je vivais pour toi,
J'avais confiance en toi, je pouvais crever pour toi !
Et toi t'oses t'habiller comme ça ?!
Draco tente de se justifier. Millicent intervient :
Millicent : Mais ferme ta gueule, toi ! Et si tu veux parler, s'te plaît, rhabille-toi !
Franchement, t'as pas d'honneur, t'as pas honte de toi ?!
Prends tes tongs et casse-toi !
Les types comme toi ne valent pas plus qu'un Scrout à Pétard !
Un mystérieux appareil moldu se met à chanter les premières notes des “Lacs du Connemara”. Millicent menace la chose de sa baguette.
Millicent : Mais ferme ta gueule, toi aussi ! regarde-toi, tu r'sembles à rien, putain !
Tu fais le Magyar à Pointes,
Mais tu viens de briser mon amie, oh !
Draco se dresse entre la machine et Millicent. Celle-ci s'emporte :
Millicent : T'es pas un Sorcier, t'es qu'une victime !
T'as un problème avec ta cape, ou quoi ?!
Putain, vas-y, Pansy, on se casse d'ici, viens, viens !
Elles sont de nouveau dehors. Pansy est en larmes.
Pansy : Je n'y crois pas !
Millicent : Arrête de pleurer, s'te plaît.
Pansy : Je ne peux pas !
Millicent : viens, j'te laisse une place sur mon manche, viens.
Pansy : Tu sais, j'ai peur moi !
Millicent : Je t'assure que je pilote très bien.
Pansy : Je ne sais pas si j'assume de le voir en moldu !
Le balai traverse les cieux en direction des étoiles. Loin de l'ambiance électrique du karaoké, Pansy retrouve peu à peu ses esprits.
Pansy : Non, mais je rêve, Mill’...
Je l'ai pas vu là-bas, et c'était pas son Nimbus, il avait pas sa baguette…
Millicent : Non, non, tu n’rêves pas, ton mec était bien là-bas, Pansy.
Il chantait du Sardou, habillé comme un babtou, et faisait tourner les serviettes.
C'était bien ton Draco qui n'utilise plus sa baguette, Sy’…
Mais garde, garde le sang froid ! Ce bâtard n'est rien sans toi !
Ben ouais la vie est une garce, quand t'as décidé d'être droite !
Fallait peut-être que tu passes par là : retour à la case départ…
Regarde-moi, après les drames que j'ai vécus, j'y croyais plus,
Et puis l'amour m'est tombé dessus, je vis le bonheur absolu !
Mon mec est tellement consanguin qu'il a des dents de lapin,
Son Sang est tellement pur, on dirait qu'il s'est pris un mur !
Mon ex était vendeur de frigo, je croyais qu'il bossait pour Barjow !
Crois-moi, je sais c'que c'est que d’se sentir trahie…
Quand ton promis te dit qu'il était à Serpentard, lui aussi…
Regarde-moi aujourd'hui, j'ai presque la bague au doigt, là.
Après tout ça, s'te plaît, Pansy, ne désespère pas !
À nouveau, Pansy s'agace, mais cette fois, contre son amie :
Pansy : Mais qu'est-ce t'en sais toi ?!
Peux-tu me dire ce que fait ton mec et à quel endroit ?!
Millicent : Arrête, Sy’...
Pansy : Ce qu'il fait de ses nuits et quand t'es pas là ?
Et dans quels bras il court étouffer ses pêchés quand t'es avec moi ?
Es-tu sûre qu'il est Sorcier, ouais ?
Millicent : Mais oui !
Pansy : As-tu soudoyé sa chouette ?
Millicent : Non, non…
Pansy : Expertisé sa baguette ?
Millicent : Non, j'suis pas comme ça !
Pansy : C'est p't'être juste un bout de bois !
Genre, acheté à ikea, et qu'il agite comme ça,
En disant hakuna matata !
Si t'es sûre de toi…
Millicent : Ben quoi, ben quoi ?
Pansy : Alors prends ta poudre de Cheminette, écoute son répondeur et tu verras !
Millicent : Ok Sy', t'es fatiguée. Ça existe pas les répondeurs de Cheminette, s'te plaît, arrête…
Pansy : Je vais le faire pour toi !
Millicent : Arrête, on est dans le ciel, on…
Pansy agrippe le bras de Millicent et les fait toutes deux transplaner devant une large cheminée.
Pansy : Je m'en fous, de ça !
Millicent : Ah ouais, je vois…
Pansy : Je vais le faire pour toi, je vais le faire pour toi !
Une gerbe de flammes turquoise apparaît. Millicent est impressionnée par le fait que son amie ait inventé une nouvelle technologie magique le temps d'une chanson, et commence à tourner autour de la cheminée.
La voix de Gregory émerge.
Gregory : Vous êtes bien sur mon répondeur, laissez-moi un message, merci.
Hôtesse de cheminette : Veuillez composer votre code secret et faire un serment inviolable.
Pansy s'exécute.
Hôtesse de Cheminette : Vous avez deux nouveaux messages.
Nouveau message, reçu hier à 22h51
“Ouais, poto, c'est Theo…”
Nouveau message, reçu hier à 23h28
“Ouais, monsieur Goyle, c'est le service client de la fnac, là. J'ai votre commande devant moi : “Moules et bulots, vie et habitat”. Vous pouvez venir le chercher demain, si ça vous va.”
Millicent a fini son tour de cheminée. Elle revient voir Pansy.
Millicent : C'est bon, t'es calmée là ?
Pansy : Mill’...
Millicent : quoi encore ?
Pansy : Tiens-toi prête, faut que je te parle…
Millicent : Quoi ?
Pansy : Tu vas passer tes journées dans l'nox…
Mill’, je le sais, je le sens, j'en suis sûre, il se fout de toi, ouais…