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La vie d’un homme

Summary:

Il jouait à un jeu trop dangereux pour laisser des sentiments quels qu'il soit altérer son jugement, et si son cœur s'y opposait, alors qu'il soit détruit avec.

Notes:

Work Text:

La vie d’un homme

 

    Hubert toussota et retint une gerbe de sang. Son état n’allait pas en s’arrangeant, et il savait parfaitement à quoi cela était dû. Hanahaki, une malédiction dont il avait tant redouté le nom. Même le pire des mages noirs pouvait avoir une faiblesse que ces ennemis pourraient exploiter. Et des ennemis il n’en manquait pas. Que ce soit à l’extérieur des frontières de l’Empire … tout comme à l’intérieur. Avec d’occultes sorts de magie noire, il était parvenu à ralentir la progression des fleurs, mais son heure était proche. Quelle stupide ironie … sa seule façon d’être encore utile à Edelgard était de devenir une pièce, comme tous ceux qu’il avait manipulé jusqu’à présent. 

Sa partie contre Thalès leur avait coûté cher. Perdre le comte Bergliez face à Dimitri avait été une tragédie. Dimitri … si Hubert pouvait l’envoyer à la mort avant de rendre son dernier soupir, il en serait heureux. Cet insensé roi était le seul qui retenait son impératrice prisonnière de son passé. Si elle désirait vraiment être celle qu’elle était destinée à être, alors elle devait se détacher définitivement de ce boulet qu’elle traînait. Et si elle en était incapable, Hubert le ferait pour elle. 

Une autre douleur lui tordit l’estomac. Il n’en avait vraiment plus pour très longtemps. S’il ne se dépêchait pas, il la laisserait seule au milieu de tous ces ennemis. 

- Lorsque je ne serais plus de ce monde, Jeritza, ce sera à vous et au Professeur de vous assurer que l’Empire nous survive à tous. 

Le chevalier macabre et lui avaient œuvré de concert pour neutraliser ses serpents. Hubert avait toute confiance en lui, du moins plus qu’en la plupart de ces autres … camarades. 

- J’ai envoyé tant de personnes à la mort, je ne m’attends pas à être pleuré lorsque mon tour viendra. 

- Je comprends. 

Ces simples mots avaient énormément de sens, oui. 

- Tuez tous ces serpents. Si je réussis, vous n’aurez plus à vous occuper de ce roi. 

Il avait envoyé Bernadetta à la mort. Elle avait péri pour servir leur plan. Il y avait une certaine forme de logique, froide et implacable, à ce que, lui aussi, ne survive pas à son dernier coup. 

Le mage noir prit congé de Jeritza, afin de se préparer au mieux pour son ultime mission. Il savait grâce à Cornelia que Dimitri devait se rendre sur les terres de l’Alliance afin d’y rencontrer Claude, une occasion qui était bien trop belle pour qu’il ne s’en saisisse pas. 

- Vous allez les tuer tous les deux, n’est-ce pas, Hubert ? 

- Je suis navré Lysithea, mais il n’y a pas d’autres solutions.

Tuer Claude était un acte pragmatique. En temps de guerre, ils devaient faire des sacrifices. 

- Cette éventualité … j’y étais préparée depuis que je vous ai choisis, mais … 

- Vous n’avez pas à vous justifier, Lysithea. Seulement à rester en vie. Pour Sa Majesté. 

Elles avaient vécu exactement les mêmes traumatismes. Edelgard pouvait se reconstruire, avec elle. 

- Je le ferais Hubert. Et vous, peu importe ce que vous préparez, ne vous avisez pas de mourir. 

La jeune mage était peut-être devenue l’une des personnes les plus proches de lui, mais elle ne savait pas qu’il était déjà condamné. Plus il laissait son entourage dans l'ignorance et moins il y avait de risque que leurs ennemis ne découvrent son état. En temps normal, il se serait jugé bien trop indispensable pour executer froidement une telle mission suicide. Le temps lui manquait désormais. 

- Cela n’arrivera pas, Lysithea. 

Mensonge. Evidemment. Ce n’était qu’un mensonge de plus. Il n’avait passé sa vie qu’à faire cela. 

- Je vous fais confiance … et Edelgard aussi. 

Lorsqu’il en aurait fini, la voie vers son rêve lui serait grande ouverte. 

- Je saurais m’en montrer digne. 

La mage noire prit rapidement congé. Il avait encore quelques petites choses à régler avant de partir, afin que la fin de la guerre se passe pour le mieux. Jeritza savait déjà ce qu’il avait à faire et … 

Une quinte de toux, plus violente, le plia en deux, tandis que du sang s’écoulait de son nez et de sa bouche. Il sentait les fleurs continuer à progresser en lui. 

Cette maladie allait bientôt le tuer. Il avait peut-être bien une âme sœur, quelque part, mais cela était incompatible avec sa fonction. Avoir la moindre faiblesse lui était impossible, et si cela devait tout de même le tuer, alors il ferait en sorte d’emporter le Royaume et l’Alliance dans la tombe avec lui. Il avait pris cette décision lorsque les premiers symptômes étaient apparus. Quand bien même Hubert était presque certain de savoir qui était la cible de ses vulgaires sentiments, il avait choisi de les ignorer. C’était ce qu’il y avait de mieux pour eux deux. 

- Vous nous quittez, Hubert ? 

- En effet, Ferdinand. Sa Majesté est dans une impasse et je compte l’en débarrasser. Lorsque cela sera fait alors vous pourrez lancer la contre-attaque sur le Royaume. Il ne reste plus que vous. 

Caspar n’était plus le même, depuis la mort de son père. Et ni Petra ni Jeritza n’avaient ce qu’il fallait pour mener au combat leur armée. Pas comme pouvait le faire le nouveau chancelier de l’Empire. 

- Je ne manquerais pas à mon devoir, Hubert. Vous non plus, j’espère. 

- Ne soyez pas stupide, répliqua le mage noir, je ne suis pas … je ne suis pas comme vous ! 

Le cavalier le savait bien. Ils n'avaient rien en commun, et pourtant ils étaient une si bonne équipe. Ensemble, Ferdinand était persuadé qu'ils pourraient tout arrêter. Mettre fin à cette guerre, asseoir sur la totalité du continent la justice d'Adrestia et sauver Edelgard d'elle-même. 

- Vous savez, Ferdinand. Je peux prendre soin d'Eddie. Lysithea également.

Hubert avait quitté Enbarr le lendemain matin. Passer la frontière n'avait pas été difficile avec l'aide d'Acheron, un opportuniste bien utile qui mourait au moment opportun. Jeritza s’en occuperait pour lui. Son objectif était Derdriu. Le seul qui comptait à présent. 

Personne ne l'avait suivi. Il avait eu cette impression, fugace, qu' il n'était pas seul. Probablement son imagination, ou sa paranoïa.

Les jours qui le séparèrent de sa dernière mission étaient exaltants. Plus rien d'autre ne comptait désormais, il était libéré de bien des tourments qui emprisonnaient les mortels de ce monde. Il fit s'effondrer plusieurs météores sur la capitale de l'Alliance, puisant dans ses dernières réserves de magie. Si cet effort ne le tuait pas, l'une des déflagrations s'en chargerait. Il ... du sang coulait de ses narines, tandis qu'il retenait sa toux. Perdre sa concentration avant d'être sûr de les avoir tous tués ...

Cet attentat fut rapidement connu de tous à travers Fódlan et il arriva bien vite aux oreilles d'Edelgard, par l'intermédiaire de Dorothea. 

- Cela portait la magie de Hubert, sans aucun doute. 

- Est-ce qu'il est mort ? questionna l'argentée

- Les cadavres de Dimitri et de Claude ont été identifiés. Ainsi que ... Hilda et un grand nombre de soldats. De Fódlan et d'Almyra. Mais pour Hubert, ils n'en savent rien. Peut-être a-t-il survécu. 

Elle venait de perdre l'un de ses plus fidèles alliés. 

- Ferdinand est-il revenu ? S'il apprend la nouvelle ...

- Non pas encore. Mais Eddie, il ne reviendra pas. 

Et en effet, personne ne revit jamais le cavalier. La guerre fut gagnée par les forces impériales et les serpents des ténèbres tous exterminés jusqu'au dernier. 

- Soyez heureux. Ferdinand, Hubert.