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La Fosse aux Lions

Chapter 30: La Récompense

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Des cheveux sombres dont un ahoge qui se courbait sur la gauche. De grands yeux verts chatoyant avec espoir et incrédulité. Un uniforme scolaire blanc, orné d'une cravate rouge et d'un col bleu. Naegi Komaru avait si familière, si normale, si intacte que Naegi était persuadé de regarder une vidéo familiale. Ce fut seulement quand ces yeux verts se remplirent de larmes et que son nom fut prononcé dans un souffle que les instincts de grand frère de Naegi remontèrent à la surface et lui affirmèrent que oui, c'était Komaru. Il attrapa l'ordinateur avec tant de force qu'il fut surpris de ne pas l'endommager. Ses yeux balayèrent l'écran, saisissant chaque détail, tout ce qui pouvait lui dire où était sa sœur et ce qui lui arrivait.

« M... Makoto, c'est vraiment toi ? »

Il pouvait à peine respirer. Komaru était là juste devant lui. Elle pleurait maintenant, tout comme lui, et il posa sa main sur l'écran comme s'il pouvait le traverser et la réconforter. Mon dieu, il devrait être heureux. Peut-être l'était-il. Peut-être était-il simplement trop heureux et que c'était pour ça qu'il se sentait malade.

Mais il ne pouvait rien en laisser paraître. Il devait se montrer fort pour sa petite sœur. Il força un sourire vacillant (un sourire qui craquerait sous la moindre pression), cherchant en lui cet optimisme et cette gaieté que sa sœur attendrait de sa part.

L'émotion lui nouait la gorge, mais ne l'empêcha pas de murmurer : « Ouais. C'est moi. Komaru, est-ce que ça va ? Est-ce qu'ils... est-ce qu'ils t'ont fait du mal ? »

A la mention de ses ravisseurs, (pourquoi avait-il dit ça ? Il aurait dû y penser, et demander autre chose en premier !) Komaru se replia sur elle-même. Elle remonta les jambes sur sa chaise et posa le menton sur ses genoux.

« Je... vais bien, dit-elle, et Naegi ne la crut pas un instant. Ils ne m'ont rien fait. Tu sais ce qui s'est passé, non ? Il y avait un groupe d'hommes, et ils se sont introduits dans notre maison... Depuis, je suis ici.

-Tu veux dire que tu es prisonnière. » Il put sentir la couleur quitter son visage. Oui, elle était prisonnière. C'était pourquoi il avait eu la nausée en la voyant. Parce que comment Komaeda aurait-il pu arranger tout ça, si elle n'avait pas été, elle aussi, une prisonnière du Désespoir Ultime ?

Naegi dut se faire violence pour ne pas s'effondrer. Il … il était le pire frère au monde. Quelle sorte de frère était responsable du kidnapping de sa sœur par un groupe de terroristes, même si ce n'était que par association ? Pas un bon frère, c'était certain. Il était inutile. Il ne méritait pas tous les titres qu'on lui avait décernés.

« Oui », dit-elle. Elle jeta un coup d'œil autour d'elle, comme craignant que quelqu'un les observe. « Je ne sais pas ce qu'ils veulent. Ils ne disent jamais rien. Ils apportent juste à manger tous les jours, puis ils repartent. »

Naegi ne dit rien. Une partie de lui avait encore du mal à accepter que ce soit sa sœur devant lui. L'autre partie était encore en train d'admettre qu'elle n'était pas blessée. Du moins selon ses dires.

« Makoto, où es-tu ? Tu sais où sont nos parents ? »

Son esprit s'arrêta brusquement. Son sourire fragile se figea sur ses lèvres. Il l'ignorait. Il n'avait même pas su où elle se trouvait jusqu'à maintenant. Qu'était-il censé lui dire ? Il n'en avait plus aucune idée ! (Quel piètre grand frère il faisait, à ne pas savoir comment consoler sa petite sœur ?)

« … Tu ne sais pas. » Et Komaru avait l'air si effrayée et vulnérable, si désespérée que Naegi se mordit la lèvre et retint de justesse un gémissement audible.

« Je suis désolé ! lança-t-il, parce que que pouvait-il dire d'autre ?

-Tu... tu vas bien, hein ? » Sa voix hésitait sur la frontière de l'espoir. « Tu es toujours à Hope's Peak, n'est-ce pas ? »

Pendant un moment, les émotions de Naegi laissèrent place à de la confusion.

« Komaru, tu n'es pas au courant ?

-De quoi tu parles ? demanda-t-elle. Ils ne me disent rien ici. Je ne sais pas du tout ce qui se passe dehors. Est-ce que tu as quitté l'école pour nous chercher ? »

Elle ne savait pas. Dès qu'il en fut sûr, le choix fut facile.

« Je ne suis plus à Hope's Peak, mais ce n'est pas important », dit-il, parce que c'était vrai. Sa sœur avait assez de soucis sans avoir à s'inquiéter pour lui. Il se débrouillerait pour prendre soin de lui. Ce n'était pas son travail à elle de veiller sur lui.

Mais Komaru le connaissait, et son masque était loin d'être parfait. Elle prononça son nom lentement, comme s'il était un lapin sur le point de détaler. « Makoto, est-ce qu'il s'est passé quelque chose ? »

Il hésita. « N... non.

-Makoto, qu'est-ce qui s'est passé ? »

Il ne répondit pas.

« Elle n'est pas très douée pour lire entre les lignes, n'est-ce pas ? » Et la main de Komaeda fut soudainement sur son épaule.

De l'autre côté de l'écran, Komaru sursauta. « Hein ? »

Komaeda tourna la tête pour sourire à Naegi. « Souviens-toi, Naegi-kun. C'est une conversation d'espoir ! Tu n'as pas besoin de parler de ces choses si tu n'en as pas envie.

-Qui es-tu ? » demanda-t-elle.

Komaeda se renfrogna, visiblement agacé. « Une personne ordinaire et insignifiante comme toi n'a pas besoin de savoir quoi que ce soit sur moi. »

Naegi se détourna de l'écran, le visage rougissant de honte.

« … Makoto ? » Il y avait une nouvelle sorte de terreur dans la voix de sa sœur, à présent. Naegi reporta immédiatement le regard sur elle, mais il lui fallut quand même un moment pour comprendre ce dont il s'agissait.

Komaeda l'avait insultée.

Naegi n'avait pas pris sa défense.

Ça se passait d'explications.

« Qui es-tu ? » demanda une dernière fois Komaru et bien que sa voix tremblait fortement, elle s'obstina. « Qu'est-ce que tu veux à mon frère ?

-Je suis son tuteur, répondit Komaeda en haussant négligemment les épaules.

-Qu'est-ce que ça veut dire ? Makoto, qu'est-ce qui se passe ? »

Il savait que son sourire s'était tordu en une grimace fausse, mais il ne savait pas comment l'arranger. « Tout va bien, Komaru. Ne t'en fais pas pour moi. »

Alors qu'il disait ces mots, Komaeda avait légèrement déplacé son bras. Il avait étendu les doigts sur sa clavicule, effleurant le haut de sa poitrine, tout en toisant la petite sœur de Naegi. Naegi ne pouvait pas voir le visage de Komaeda, mais s'il l'avait pu, il aurait compris ce qui l'avait mise dans tous ses états.

« Makoto ! » s'écria Komaru. Elle s'était à moitié levée, comme sur le point de se jeter à travers l'écran et d'apparaître de leur côté. « Makoto, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qu'ils te veulent ?

-Ah, ça ne se passe pas très bien, dit Komaeda. Je crois que ça suffira.

-Non, s'il te plaît ! Laisse-nous juste quelques minutes. » La voix de Naegi était intense sous l'émotion et rauque comme du papier de verre, mais Komaeda resta de marbre.

« Laisse-moi parler à mon frère !

-Désolé, Naegi-kun. Pas aujourd'hui.

-Makoto... ! »

La voix paniquée de sa sœur s'interrompit quand Komaeda referma l'ordinateur.

Sans la voix de Komaru ou le ronronnement de l'ordinateur, c'était sinistrement calme. Komaeda tapotait le capot de l'ordinateur, semblant perdu dans ses pensées. Naegi fixait l'ordinateur clos, se rappelant le visage de Komaru, gravant cette dernière image d'elle dans son esprit. Leur conversation avait été si courte et intense, mais au moins il savait. Elle était vivante. Elle allait bien.

Pour le moment.

Komaeda est en colère. Ces quatre mots se faufilèrent dans son esprit. Sa poitrine se serra comme sous l'étreinte d'un serpent. Craintivement, lentement comme pour ne pas attirer l'attention, il leva les yeux vers Komaeda. Ce dernier plissait le front. Ses lèvres étaient abaissées. Il était furieux, n'est-ce pas ? C'était pour ça qu'il avait refermé l'ordinateur. Komaeda était furieux. Il n'aurait pas dû sonder les connaissances de Komaru concernant le Killing Game. Il aurait dû jouer le jeu et suivre la théorie initiale de sa sœur. Maintenant, Komaeda était furieux, et c'était de sa faute, et oh mon dieu qu'allait-il faire à sa sœur ?

« Je suis désolé ! » laissa-t-il échapper. Il attrapa Komaeda par le bras quand le Chanceux ne répondit rien. « Je suis sincère. Je suis vraiment désolé ! »

Komaeda le dévisagea.

« Oh, Naegi-kun. » Le grand sourire de Komaeda était comme une petite tape réconfortante. « J'apprécie, mais tu n'as pas besoin de t'excuser. J'ai fait l'erreur de présumer que ta sœur comprendrait intuitivement les règles. J'ai oublié que c'était une personne ordinaire avec une intelligence moyenne. Rien de tout cela n'était ta faute. Ce n'était d'ailleurs pas la faute de l'un d'entre vous.

-Tu... tu es sûr ? Tu lui en veut ? »

Komaeda ne lui répondit pas directement. « Tu as fait du bon travail aujourd'hui, Naegi-kun. Ici et dans la chapelle. Je sais que cette conversation a dérapé, mais tu as fait de ton mieux. Je t'ai observé. Pourquoi serais-je en colère alors que tu as fait tant d'efforts ?

-Alors, tu n'es pas en colère ?

-Je suis plutôt content en fait.

-Bien. » Naegi hocha la tête, laissant paraître inconsciemment un sourire soulagé. Il se sentait tellement mieux, maintenant. « C'est bien.

-Maintenant, je vais laisser entrer Tsumiki-san. »

Tsumiki était là ? Depuis quand ? Pourquoi ?

Cette dernière question ne resta pas longtemps sans réponse quand Komaeda ouvrit la porte. Tsumiki entra. Dans ses mains, se trouvait un plateau de nourriture. Elle le déposa précautionneusement devant Naegi, comme si elle avait peur qu'il s'énerve et lui crie dessus.

« Hum, je ne voulais pas vous interrompre, dit Tsumiki, mais en considérant tes habitudes alimentaires, j'ai pensé que ce serait mieux que je commence à t'amener personnellement tes déjeuners.

-Juste les déjeuners ? demanda-t-il avec suspicion.

-Hé bien, tu manges d'habitude dans la salle à manger avec les autres pour le petit déjeuner et le dîner... quand tu prends la peine de manger... alors je ne pensais pas que je devais... Je suis désolée. Je n'aurais pas dû présumer de ce que tu voulais.

-Non, ça va, dit-il rapidement. J'étais juste curieux.

-Oh. » Tsumiki avait toujours l'air tendue et ne se détendit que lorsque la première cuillerée de bouillon disparut dans la gorge de Naegi. « Komaeda-kun, tu ne devrais pas aller manger quelque chose, toi aussi ? Je peux le surveiller.

-C'est bon, dit Komaeda. Je peux manger plus tard. Le bien-être de Naegi-kun est bien plus important qu'une chose futile comme la faim. »

Naegi haussa les épaules. « Tu peux en avoir un peu...

-Non ! » Tsumiki parut prise au dépourvu par sa propre protestation et se couvrit la bouche avec un petit « hip ! ». « Je suis vraiment navrée, mais Hanamura-kun et moi l'avons conçu spécialement pour toi. Il contient tous les principaux vitamines et minéraux dont tu manques probablement, et c'est assez de calories pour te rassasier sans fatiguer ton estomac. Il ne pourrait sans doute pas supporter un repas normal puisque tu en as sautés tellement... »

Naegi cilla. « Oh. Dis-lui que je le remercie. C'était vraiment gentil de votre part. »

Tsumiki ne répondit pas mais ses joues rosirent légèrement. « Qu'est-ce que vous faisiez ? Il n'y a pas grand-chose ici. »

La cuillère à mi-chemin de sa bouche, Naegi hésita. Il jeta un coup d'œil à Komaeda, incertain d'avoir le droit de répondre franchement.

« Je récompensais Naegi pour son bon comportement », dit Komaeda.

Ça ressemblait à une permission. Fixant à nouveau l'ordinateur refermé, Naegi marmonna : « Il m'a laissé parler à ma sœur.

-Tu... » Tsumiki cligna lentement des yeux. « Tu as une sœur ?

-D'avant, précisa Komaeda, sa voix teintée d'antipathie.

-Elle s'appelle Komaru, expliqua Naegi. Ça faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vue, ni elle ni mes parents. Je suis vraiment content d'avoir pu la voir. »

Tsumiki fronça très légèrement les sourcils. Mais quand elle remarqua que Naegi l'observait, elle retrouva très vite le sourire. « C'est vrai. Tu n'as pas de compagnon de jeu. Mais tu vas avoir un ami bientôt ! Komaeda-kun, quand est-ce qu'il doit arriver ?

-J'ai entendu dire qu'il serait là dans deux jours environ.

-Un ami ? » La peau de Naegi se hérissa de picotements. Ça pouvait revêtir tant de sens différents, et un bon nombre de ces options étaient mauvaises. Et si le Désespoir Ultime avait mis la main sur l'un de ses camarades de classe ? Ou même un de ses amis du collège ? Feraient-ils ça ? Seraient-ils prêts à amener un autre étranger même après qu'ils soient allés à de telles extrémités pour l'isoler ici ?

Et il se retrouverait dans un nouveau bourbier. Si le Désespoir Ultime était hostile au monde extérieur et s'ils étaient si déterminés à le garder pour eux, qui à leurs yeux serait assez fiable pour se comporter comme son ami ?

Ces deux jours ne seraient pas de trop.


« Ils ont ma sœur. »

Pourquoi Naegi en parlait-il à Iwata ? Il n'en était pas certain. Parler de ses problèmes était censé vous remonter le moral, non ? Hé bien, ce n'était absolument pas vrai. Il ne se sentait pas du tout mieux désormais. Et ce n'était pas comme si Iwata pouvait physiquement l'aider, ou avait besoin de plus de soucis empilés sur ses épaules.

Le sentiment d'impuissance de Naegi sembla trouver son écho dans le soupir d'Iwata.

« Je suis désolé », dit Iwata.

Naegi ne répondit pas. Tout ce qu'il pouvait dire lui paraissait vide de sens à ce stade. Il n'avait aucune idée de comment aider Komaru. Oui, il pouvait assurer sa sécurité, s'il se comportait bien. Du moins le supposait-il. Mais la libérer réellement ? Il ne voyait pas comment. (Il ne pouvait même pas se libérer lui-même, alors encore moins quelqu'un très loin d'ici). Mais Iwata appartenait à la Fondation du Futur, non ? Peut-être avait-il une idée dont Naegi pourrait tirer parti.

Iwata reprit la parole : « C'est une otage.

-Komaeda-kun ne l'a pas dit explicitement, mais je crois, oui, dit Naegi. Ils la retiennent sans aucun doute pour une raison. Il... ils m'ont laissé lui parler pour me « récompenser ».

-Te récompenser de quoi ? »

Iwata avait parlé avec brusquerie, sa voix saisie d'une tension que Naegi ne comprit pas très bien. Il plissa des yeux dans la pénombre, tentant de lire l'expression du vieil homme. Mais le visage hagard d'Iwata, sale et déformé par des semaines de détention, n'exprimait jamais grand-chose. Il était figé dans une fatigue permanente, soutenu par une couche de solidité et de force qui ne semblait jamais vouloir s'émousser. (Il se demanda si Iwata conservait un masque pour lui, tout comme il tentait de le faire pour Komaeda et Komaru).

« De ne pas avoir insulté le cadavre d'Enoshima-san. Je crois », dit-il.

Iwata se détendit et il n'était toujours pas certain de ce qui s'était passé.

Puis, Iwata demanda : « Pourquoi te montraient-ils des photos du cadavre ? »

Naegi secoua la tête. « Ce n'était pas une photo. Ils ont le vrai corps ici. On dirait qu'ils ont construit une sorte d'appareil frigorifique portable et l'ont amenée jusqu'ici. »

Il pensait qu'Iwata demanderait pourquoi, mais il sembla préférer ne rien en faire.

« Elle avait bien meilleure allure que ce à quoi je m'attendais, poursuivit Naegi. Apparemment, elle n'a pas été écrasée, en fait. Il y avait une trappe et elle y est tombée au dernier moment, et elle a été empalée par des lances dessous.

-C'est... pourquoi ? »

Naegi haussa les épaules. « Le Désespoir Ultime pense que c'est pour qu'ils aient un corps pour les funérailles. »

A ces mots, un des autres prisonniers éclata de rire (un rire rauque et effroyable, comme les morts revenant à la vie). « Un monstre comme ça n'a pas besoin de funérailles. Elle devrait être brûlée et jetée dans une décharge. »

Naegi préféra ne rien dire. Il pensait que c'était un peu cruel, mais il comprenait leur colère.

« Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? demanda Iwata.

-Je ne sais pas. Si je pouvais découvrir où ils la détiennent, peut-être... peut-être que je pourrais envoyer un message à la Fondation du Futur, ou quelque chose comme ça. »

Iwata laissa échapper un soupir. « Je suppose que tu peux essayer. »

Ce n'est pas possible, c'était ce que voulait dire Iwata. Mais il n'en fit rien. Et ainsi, Naegi ne l'admettrait pas. Ce serait une chose de renoncer à sa propre liberté. C'en serait une autre de renoncer à celle de sa sœur. Il... il ne pouvait pas. Il s'y refuserait. Il ne tomberait pas si bas. Même s'il devait renoncer à certaines choses en retour.

« Le Désespoir Ultime doit le savoir, pensa tout haut Naegi. Komaeda-kun a sans doute ordonné aux soldats Monokuma de ne rien me dire, mais les autres doivent savoir.

-Tu penses que tu peux faire en sorte qu'ils te le disent. »

Naegi y songea. Ses lèvres s'étirèrent en un léger sourire. « Je pense. Il y en a un ou deux que je pense pouvoir berner. Iwata-kun, si vous ne voulez pas en parler, je comprendrai, mais avez-vous de la famille ? »

Iwata remua dans sa cellule. Il resta silencieux pendant un moment avant de répondre. « J'ai une nièce dans la Sixième Division. Elle était vivante et bien portante la dernière fois que je l'ai vue. Cependant, je ne sais pas si elle a pris part à cette attaque récente. En considérant sa position, cela dit, c'était sans doute le cas...

-Votre nièce est douée pour son travail, n'est-ce pas ? l'interrompit Naegi.

-Oui.

-Alors vous n'avez sans doute pas à vous inquiéter pour elle ! dit joyeusement Naegi. Je veux dire, elle est parvenue aussi loin, n'est-ce pas ? Vous n'avez pas été séparés si longtemps, alors je doute que quoi que ce soit lui soit arrivé entre-temps. Même cette dernière bataille entre le Désespoir Ultime et la Fondation du Futur n'était pas un vrai combat. Apparemment, ils essayaient juste de faire entrer en douce des gens pour me retrouver. »

(Ou l'éliminer, mais il ne le dit pas).

Iwata rit un peu. « Merci, Naegi-kun. »

Naegi se joignit à son rire, puis se leva. « Je devrais sans doute y aller. On ne m'a pas donné de temps limité, mais je ne veux pas trop forcer.

-Quelqu'un sait que tu es là ?

-Komaeda-kun est dehors, dit Naegi avec un coup d'œil dans cette direction. Je ne veux pas le faire attendre trop longtemps.

-Komaeda ? Komaeda Nagito ? Le type aux cheveux blancs que j'ai vu avec toi la première fois ? Ce Komaeda ? »

Naegi se frotta la nuque d'un air gêné. « Ouais. Il dit qu'il est d'accord pour que je vienne vous rendre visite maintenant. Je ne comprends pas trop non plus. »

Iwata le dévisagea longuement. « Tu ne le crois pas réellement, n'est-ce pas ?

-C'est vraiment important ? »

( Ce que je veux n'est jamais important.)