Work Text:
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Notes de l'Auteure :
Joyeux Réveillon de Noël !
Mais, nom de Dieu, j'ai eu un cauchemar atroce la nuit dernière...
Non, il n'y aura pas de torture, ni même de sang ou de violence, et pourtant, j'aurai préféré...
Car l'horreur est psychologique et, pour moi, c'est bien pire...
Ce songe étant très très très personnel, j'ai hésité à l'écrire ici, et non pas dans mon carnet, et à le publier... Mais, franchement, je dois vraiment exorciser cette ignominie, sinon je vais encore pleurer...
Pour la chanson, je vais utiliser 'Starlight' de Muse.
Déjà, parce que je l'avais en tête en me réveillant en pleurs à 2h du matin, mais aussi parce que les paroles correspondent plutôt bien au thème...
Je vais mettre un peu d'humour pour alléger l'horreur.
Bonne lecture...
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« Far away,
This ship is taking me far away,
Far away from the memories,
Of the people who care if I live or die. »
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Nous sommes en 2022 et je me retrouve dans une École d'un bled paumé de ma campagne natale. Merci mes Troubles de Stress Post-Traumatique de me ramener inlassablement là-bas...
Il fait gris dehors, mais qu'importe, car nous sommes en classe. Je me suis vu attribuer un binôme, composé d'un homme nommé Mathieu et d'une femme prénommé Cindy.
Nous devons travailler sur un projet de construction, mais attention, sur un vieux PC Windows 95 ! (La technologie met du temps pour atteindre notre village perdu...)
Je suis telle que je suis dans la réalité : avec de longs cheveux châtains coiffés en une grande tresse, je porte un vieux jean et un pull sombre. Cependant, je cache quelque chose, dans la poche arrière, côté gauche, de mon jean...
C'est un ancien et vieux téléphone, qui n'existe plus.
Il est carré, fait 9 centimètres de chaque côté et il est épais de 3 centimètres. Le devant comporte un écran noir tactile avec, en son centre, un bouton rond et blanc, qu'il est possible de tourner dans tous les sens. Aussi, ce gadget comporte une 'prise Jack', qui me permet d'insérer une paire d'oreillettes blanches dessus. Un kit main libre, plus exactement.
Ce téléphone étrange a quelque chose de très très très particulier... Mais nous y reviendrons dessus plus tard.
Pour l'heure, je suis en classe avec mon binôme et je suis à cran. Et accro.
J'ai besoin de téléphoner. Vite.
Je demande au Professeur de sortir aux toilettes. Je prends une bouteille d'eau avec moi, une neuve que je viens d'acheter. En marchant dans le couloir sombre, je bois une gorgée, mais recrache aussitôt le liquide.
Merde, je me suis encore trompée, j'ai acheté de l'eau pétillante au lieu de l'eau plate ! Et j'ai horreur de ce truc !
Bon, tant pis...
Il y a du monde dans les toilettes, du coup, je me dirige vers une minuscule salle, qui sert de salle de pause aux Surveillants.
Il y a trois ordinateurs sur une table et un jeune homme qui dort sur son clavier.
Je me cale contre le mur, face à la fenêtre, et je sors le cube de la poche arrière de mon jean.
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« Starlight,
I will be chasing a starlight,
Until the end of my life,
I don't know if it's worth it anymore. »
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Je branche mon kit main libre et je commence à tourner le bouton au centre pour choisir les options sur l'écran noir. C'est très très très compliqué de composer un numéro de téléphone, surtout qu'il faut que je fasse très attention à... La Ligne Temporelle...
Je réussis enfin à écrire le numéro de fixe, que je connais par cœur depuis plus de 20 ans et... Un homme décroche.
Mon cœur bat la chamade.
Je tremble, mais je souris et je commence à parler à l'homme, qui est en réalité...
… Mon père.
Nous y reviendrons plus tard.
Nous parlons de tout et de rien, comme si les 16 dernières années n'avaient jamais existé. Seulement, la Ligne grésille et saute par moment.
Et puis, ça coupe.
Merde !
Une élève entre la salle de pause et s'installe à un ordinateur. Je me mets à bidouiller mon gadget. C'est super compliqué à utiliser, les données doivent être précises et je mets beaucoup de temps à pouvoir recomposer le numéro. Malheureusement, la Ligne Temporelle a avancé de plusieurs heures, car c'est une femme qui répond. Et, malheureusement encore, je reconnais la voix de mon abominable belle-mère.
Merde !
Bon, je dois la jouer gentille pour réussir à avoir ce que je souhaite.
Je demande, avec douceur :
- Oh, Hello... Hum... Puis-je parler à papa, s'il te plaît ?
Ce à quoi la marâtre répond :
- Non... Tu sais que ce n'est pas bon pour toi. Ça ne va pas du tout t'aider.
Honnêtement, j'ai envie de hurler :
'Va te faire trousser la partie la plus charnue de ton anatomie chez Lucifer !'
Mais, je me contiens pour garder la Ligne active. Je reste mielleuse, en disant :
- Ne t'inquiète pas pour moi, ça va aller.
- Qu'en disent tes Psychiatres ? Es-tu encore en Hôpital Psychiatrique ?
Je pense : 'Qu'est-ce que ça peut te foutre, grognasse ?!' mais, je dis :
- Non. J'ai mes traitements. Puis-je lui parler ?
- Non... Ce n'est pas une bonne idée...
Je ronge mon frein en essayant de garder la Ligne. Pour l'amadouer, je parle de tout et de rien :
- OK, je comprends. Ça va vous, sinon ?
Je pense : 'Si je pouvais littéralement m'en battre les testicules avec un truc, je le ferai !' mais, je reprends :
- Quoi de prévu pour Noël ?
- La routine, la routine.
Pendant dix minutes, j'essaye encore de l'amadouer, mais ça ne fonctionne pas. Son cœur de pierre ne veut pas me passer mon père. Et, éventuellement, la Ligne coupe.
Merde !
Salope !
Je rage et je crie de colère dans la salle, avant de sortir mon téléphone de ma poche avant. Mon vrai téléphone portable, cette fois, mon Iphone 8 très exactement. Je regarde l'heure.
Encore merde, ça fait 45 minutes que j'ai quitté le cours !
Du coup, je range tous mes gadgets dans mes poches et je cours en salle...
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« Hold you in my arms,
I just wanted to hold,
You in my arms. »
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Je retrouve mon binôme, devant le PC Windows 95. Ils me jettent un regard noir, car j'ai loupé 45 minutes de cours et donc de briefing. Je ronge mon frein, encore, et Mathieu me donne des fiches en me demandant de taper un étrange lien sur le PC.
Nom de Dieu, est-ce que vous savez à quel point c'est long et chiant d'écrire une longue et horrible adresse URL sur un clavier de 1995 ?!
Je m'y reprends à plusieurs fois, nous perdons du temps, du coup, ils râlent et moi aussi.
Au bout de 10 minutes, je dis :
- Pourquoi on recommence à zéro ?
Cindy m'explique :
- Parce que tu n'étais pas là au début ! On doit tout reprendre pour toi !
- Quoi ? Mais non, je m'en tamponne les amygdales ! Reprenez là où vous en étiez ! Je vais copier vos notes et rattraper mon retard !
Mathieu souffle, mais me laisse faire. Il ne nous reste pas beaucoup de temps, dans une heure, nous allons visiter un terrain pour notre projet...
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« My life,
You electrify my life,
Let's conspire to ignite,
All the souls that would die just to feel alive. »
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Mathieu, Cindy, une Professeure et moi partons ensemble dehors. Mes amis tiennent des dossiers en main. Quant à moi, j'ai mon Iphone dans la poche de mon jean à l'avant, et mon vieux gadget à l'arrière, avec mes écouteurs.
Il fait jour, mais gris. Nous nous dirigeons vers un terrain vague, en face de la mer. Un chouette terrain, recouvert d'herbe. Le terrain parfait pour notre projet de construction. Nous marchons dessus et essayons d’architecter notre projet dans la tête. Sauf que, derrière le terrain, il y a un vieux cimetière avec des mausolées visibles.
Forcément, je me dirige vers les caveaux. Il y a beaucoup de mauvaises herbes, de ronces et de fleurs séchées, mortes depuis longtemps. Je suis attirée vers le monument du milieu et je tends mon bras gauche vers la gravure sur la tombe pour lire le nom :
'Grace'
D'accord...
Sauf que, au moment où je touche la tombe, un froid intense parcours tout mon corps et j'ai une vision violente qui assaille mon esprit. Je vois l'esprit de la défunte. C'est une petite fille, décédée il y a presque un siècle de ça.
Les cris de Cindy et Mathieu me ramènent à la réalité. Ils sont toujours sur le terrain, et ils hurlent :
- ALISONE ! Ramène ton cul ici !
- Nom de Dieu, arrête de jouer les Mercredi Addams et sort de ce cimetière !
OK, OK, j'arrive ! Cul en route !
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« I'll never let you go,
If you promise not to fade away,
Never fade away. »
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Sauf que, au moment où je quitte le mausolée, les ronces de la tombe bougent par magie et commencent à agripper mes jambes et mes bras. J'essaye de m'en défaire à mains nues. Cependant, ce sont des ronces et ça me fait mal !
Mathieu et Cindy râlent de plus belle.
Je lève les yeux au ciel, tandis que les ronces se nouent autour de moi. Je vois l'esprit face au caveau et je lui dis, le plus naturellement du Monde :
- Grace ! Ça suffit !
L'esprit se calme et ramène les ronces à elle. Je la console, en lui disant :
- Ne t'inquiète pas, Grace, je reviendrai bientôt. Nous allons construire un projet en face de ta dernière demeure. Comme ça, tu ne seras plus jamais seule !
Apparemment heureuse, ses ronces me lâchent enfin et je peux rejoindre mon groupe sur le terrain vague.
Lorsque je retrouve Mathieu, Cindy et la Professeure, ils me font la tête. L'Enseignante dit :
- Alisone, sans déconner, qu'est-ce que tu foutais encore ?!
Étant moi-même un peu chafouine, je rétorque, sans même mentir :
- Je parlais avec le fantôme de Grace, elle ne voulait pas me laisser partir.
Bien sûr, aucune des trois personnes ne croit à mon explication.
Pourtant, c'est la vérité...
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« Our hopes and expectations,
Black holes and revelations,
Our hopes and expectations,
Black holes and revelations. »
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Mon addiction me reprend. Je veux ardemment utiliser mon vieux téléphone pour appeler encore une nouvelle Ligne Temporelle et parler à mon père.
Sauf que, notre groupe remonte une rue pour retourner à l’École, et c'est à ce moment-là que notre Enseignante fait un malaise...
Mathieu et Cindy... Rigolent ?!
L'Enseignante est allongée par terre et mes amis m’ordonnent de téléphoner aux Urgences, pendant qu'ils essayent de la réveiller.
Je sors mon Iphone de ma poche et, tremblante, je compose le numéro des Urgences. Balbutiante, je donne le nom de notre village ainsi que la rue dans laquelle nous nous trouvons.
Sauf que, j'ai l'impression que la Professeur est en réalité consciente et que tout ceci n'est... Qu'une blague ?
Je suis accroupie par terre, face à la scène étrange et là, tout à coup... Je dissocie.
Je dissocie violemment, j'ai les yeux ouverts, je ne cligne même pas des paupières et je fixe un point au hasard. Je ne bouge plus. Mon corps est sur pause, car mon esprit est ailleurs.
Je reste ainsi durant de longues, très longues minutes.
Je vois la Professeur se relever (C'était bien un Prank, son malaise...), mais je ne réagis pas. Je vois Mathieu et Cindy passer leurs mains devant moi, mais je ne suis pas là.
Je vois aussi un autre groupe d'élèves se diriger vers nous. L'une d'entre elles, que nous appellerons Julie, dit même :
- Je crois qu'elle dissocie...
En effet...
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« Hold you in my arms,
I just wanted to hold,
You in my arms. »
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Je suis toujours accroupie par terre, avec les élèves et la Professeure en face de moi. Julie m'agite pour ramener mon esprit dans mon corps, et ça fonctionne. Je reviens à la réalité, je secoue la tête et demande :
- Pardon, je suis partie combien de temps ?
Julie, et les autres, me jettent encore un regard noir. Cindy m'avoue d'ailleurs :
- Trop longtemps ! Alisone, depuis plusieurs mois, tu n'es plus la même du tout ! Y'a un truc qui a changé, c'est insupportable !
Oui, un truc a changé... J'ai trouvé le téléphone Temporel...
D'ailleurs, telle une addicte, je sors l'appareil de la poche arrière de mon jean. Ce gadget est encore plus difficile à utiliser que le fameux 'Alethiometer' de 'His Dark Materials'.
Julie sursaute et hurle presque :
- C'est ça ! C'est depuis que tu as ce truc, que tu es différente ! T'as une addiction à un vieux portable ! Donne-nous ça !
Sauf que, au moment où elle se dirige vers moi, je me recroqueville en boule dans un coin, contre un mur, avec le téléphone blanc au creux de mes mains...
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« Far away,
This ship is taking me far away,
Far away from the memories,
Of the people who care if I live or die. »
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Il se passe ensuite une chose horrible. Julie essaye de m'arracher le gadget des mains, et je me mets à hurler et à pleurer. Je pleure à chaudes larmes, en disant :
- NON ! Non ! Ne touchez pas à ça !
- Alisone, ce n'est qu'un téléphone !
Je pleure encore, en criant :
- Non ! C'est différent ! Avec ça, je peux téléphoner et parler à mon père !
Un ange passe.
La Professeure tique, et me dit, avec calme :
- Mais... Alisone... Ton père est...
- … Mort ! Oui, je sais ! Et ça va faire 16 ans... Mais, avec ça, je peux lui parler à nouveau ! C'est un téléphone Temporel !
Je pleure encore plus.
Je fais une crise d'angoisse, je tiens le gadget contre moi, contre mon cœur, enroulé par mes bras. Julie passe son regard de moi, aux autres, estomaquée. Ils viennent tous de comprendre.
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« I'll never let you go,
If you promise not to fade away,
Never fade away. »
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Julie s'approche doucement de moi et me dit, avec calme :
- Alisone... Ce n'est pas sain... Tu dois te sevrer de ça...
Mais, toujours en boule contre le mur, je pleure.
Je pleure, pleure, pleure, à chaudes larmes, et je fais une crise de panique.
- Non !
Julie essaye de prendre le téléphone des mains, mais je le tiens fermement et je le tire vers moi de toutes mes forces. Je continue de crier en pleurant :
- NON ! Je veux entendre sa voix !
- Alisone, ce n'est pas bon pour toi !
Je tire d'un coup sec pour récupérer mon bien et je le garde contre moi, comme si c'était la chose la plus précieuse au Monde. Ce qui, pour moi, est le cas à ce moment.
Je sanglote en disant :
- NON ! Je veux le garder ! Si tu me le prends, c'est comme si mon père mourrait une seconde fois !
Puis, assise en position fœtale, je continue de pleurer...
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« Our hopes and expectations,
Black holes and revelations,
Our hopes and expectations,
Black holes and revelations. »
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Puis, je me suis réveillée, en pleurs, à 2h du matin...
J'étais mal, en PLS totale.
L'écran de la tablette de mon chéri éclairait la pièce.
Je me suis blottie contre lui, car je pleurais.
Je ne voulais pas me rendormir, par peur.
Vers 3h du matin, j'ai essayé de penser à Blaine pour partir avec lui et rêver de lui si possible.
Je ne me suis rendormie que vers 4h, en faisant un autre cauchemar, pour finalement me réveiller à 5h30 et me lever à 6h...
Le 2 Janvier 2023, ça fera 16 ans que mon père est mort assassiné...
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« Hold you in my arms,
I just wanted to hold,
You in my arms,
I just wanted to hold. »
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Joyeux Noël...
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24.12.2022
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