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The Pureblood Pretense | Le Simulacre Sang-Pur

Chapter 4: Chapitre 4

Notes:

NDT : Bonjour ! Comme promis, voilà la traduction du chapitre 4 ! J'espère que vous l'apprécierez, personnellement, c'est un chapitre que j'apprécie beaucoup. Et c'est surtout le véritable début de l'histoire. À partir de là tout sera mieux à chaque fois ! ^^

J'en profite pour remercier Eloolie pour m'avoir aidée avec mes méchantes fautes !

Bonne lecture

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Malfoy chemina à ses côtés sur la route du premier cours, Sortilèges. Elle alterna une marche légèrement plus rapide puis plus lente, pour voir s’il devenait inconsciemment frustré, mais il n’était pas facilement déstabilisé. En fait, il s’ajusta en douceur à chaque changement d’allure et ne manqua jamais un temps de conversation, malgré le peu de matière à converser qu’elle lui proposait.

« Tu as hâte d’être en cours, Black ? »

Le ton de Malfoy était simple. Poliment curieux. Comme s’il s’en fichait si elle prenait la peine de répondre.

« De Sortilèges ? dit Rigel en jetant un œil au garçon qui était si déterminé à engager la conversation avec elle. Ou des cours en général ?

– L’un ou l’autre, sourit-il d’une façon qui serait charmante dans quelques années. Les deux.

– Oh, acquiesça-t-elle en exagérant sa compréhension. Non. »

Cette fois-là, elle était sûre que ses sourcils avaient tressailli.

« Aucun ? pressa-t-il gentiment. Même pas Vol ? Personnellement, je ne peux pas attendre de montrer à ces Gryffondors comment on est censé jouer au Quidditch. »

Elle envisagea de tourner la conversation vers son intérêt pour le Quidditch, mais pensa que cela pourrait l’intéresser un peu trop pour être convenablement dissuasif.

« Je suppose que j’ai hâte d’avoir Potions », offrit-elle à la place.

L’éclat de triomphe dans les yeux de Malfoy n’était pas du tout suspicieux.

« Potions ? Tu as de la chance d’être à Serpentard alors », dit-il alors qu’ils entraient dans la salle de classe de Sortilèges.

Elle pensa que, peut-être, il resterait là-dessus et irait s’asseoir avec Nott et Zabini, mais au lieu de cela, il la tira pratiquement vers la table que Pansy venait de revendiquer, qui avait deux chaises supplémentaires. Elle finit au milieu et se demanda si Malfoy pensait que l’asseoir à côté de Pansy la mettrait plus à l’aise pour répondre à toutes ses questions. Elle se demanda également s’il comptait écrire un dossier sur elle et l’envoyer à ses parents, mais comme d’habitude, elle garda ses questionnements pour elle-même.

« Qu’est-ce qui est chanceux ? demanda Pansy, n’ayant entendu qu’un bout de la remarque de Malfoy.

– Que Black soit à Serpentard puisqu’il est intéressé par les Potions.

– Chanceux, accorda Rigel, sa voix lourde d’ironie.

– Qu’est-ce que c’est censé dire ? » demanda Pansy, une légère morsure dans sa voix calme.

Rigel réalisa après coup que cela donnait l’impression qu’elle dénigrait sarcastiquement sa Maison dès le premier jour. Ce fut confirmé quand Pansy continua doucement, pour ne pas faire remarquer la tension aux personnes qui écouteraient :

« Tu devrais être fier d’être à Serpentard. Juste parce que ton père pourrait ne pas approuver… »

Rigel l’interrompit tout aussi doucement :

« Je ne voulais pas dire que je me considérais malchanceux d’être à Serpentard. Je voulais dire que ce n’était pas vraiment la chance qui m’y a mis. Je voulais être à Serpentard.

– Même si ton père est un… »

Elle s’arrêta avant de dire "traître à son sang", mais le sentiment pesait entre eux.

« Hum, pourquoi voulais-tu être à Serpentard ?

– Malfoy t’a déjà dit ça », dit Rigel.

Malfoy et Pansy échangèrent un regard voilé d’incrédulité.

« Tu voulais être à Serpentard pour que Snape t’aide en Potions ? » clarifia Malfoy.

C’était clair qu’il pensait que c’était une bien faible raison pour abandonner les attentes familiales, même si sa famille était un tas de traîtres à leur sang.

Le professeur de Sortilège arriva enfin, permettant à Rigel de sortir de leur conversation avec un haussement d’épaules évasif. Elle n’avait pas prévu d’en dire autant, mais cela pourrait être dangereux pour sa santé si les autres Serpentard pensaient qu’elle gardait des préjugés contre sa propre Maison.

Le cours de Sortilège se révéla plutôt simple. Professeur Flitwick expliqua la théorie derrière le sortilège de Lévitation et les fit pratiquer sur des plumes pour le reste du cours. Rigel observa pendant que Pansy et Draco finirent par devenir suffisamment bons avec leurs plumes pour tenter de les faire se battre en duel en l’air. Ce n’était pas particulièrement palpitant ; quand les plumes se rencontraient, c’était un mouvement pathétique et insonore. Quand l’effet de nouveauté se fit vieux, ils se tournèrent vers Rigel pour trouver une nouvelle source d’amusement.

« Pourquoi n’essaies-tu pas ? suggéra Pansy. Si tu ne l’apprends pas maintenant, tu devras le faire en devoir.

– Je suppose », dit-elle d’un air désintéressé, ignorant la façon intense dont Malfoy fixait sa plume, comme s’il avait une bonne raison de croire qu’elle allait faire quelque chose de superbe.

Elle brandit sa baguette, disant : « Wingardium Leviosa ». Rien ne se passa. Elle tenta de nouveau, puis plusieurs fois de plus et toujours rien.

« Peut-être que ta plume est plus lourde, dit Pansy gentiment, se penchant jusqu’à ce que ses yeux soient au niveau de la table. Attends… Je crois qu’elle a bougé un peu !

– C’était toi en soufflant dessus, Parkinson », dit Malfoy.

Il paraissait déçu pour quelque raison.

« Réessaie, Black. »

Elle réessaya. Pendant le reste de la leçon, elle pratiqua jusqu’à ce qu’elle se dise qu’elle serait capable de performer le mouvement de baguette dans son sommeil. Pour tout le bien que cela lui fit.

« Je ne comprends tout simplement pas, continuait à dire Pansy, même pendant qu’ils se rendaient en Histoire de la Magie. Ce n’est pas censé être aussi dur. Es-tu sûr que tu essayais suffisamment fort ?

– Oui. »

Peut-être. Rigel réprima un soupir. Elle devait endurer presque une semaine entière de ces cours ennuyeux avant qu’elle ne soit proche d’un chaudron. Ils n’avaient pas Potions avant jeudi, malheureusement, et même ça, ce n’était que de la théorie. Elle ne pourrait réellement concocter quoi que ce soit que vendredi, en supposant que Professeur Snape les laisserait concocter la première semaine.

Durant toute l’Histoire de la Magie, Pansy et Malfoy se jetèrent des regards lourds de sens. Elle ne savait pas exactement ce qu’ils voulaient dire, mais ils la regardaient puis se regardaient et puis la regardaient de nouveau et cela semblait certainement vouloir dire quelque chose. À midi, elle était prête à les maudire tous les deux, seulement, elle ne connaissait aucun maléfice et elle avait cru comprendre que leurs parents leur avaient déjà appris le charme du Bouclier. Rigel ne leur en voulait pas. Si j’avais autant d’ennemis que les Malfoy, je m’assurerais que mes enfants puissent se défendre aussi.

Au moment où elle se dit qu’ils étaient passés au-dessus de sa performance médiocre en Sortilèges, Malfoy traîna Pucey dans la discussion au déjeuner.

« Adrian, combien de temps cela t’a pris pour apprendre le sortilège de Lévitation ? demanda-t-il au-dessus de la table.

– Un moment, en fait. »

Pucey se gratta la tête.

« Presque toute l’heure de cours, je crois, mais mes parents étaient stricts sur la magie chez les mineurs. Je n’ai jamais fait de magie intentionnellement avant d’arriver à Poudlard. »

Malfoy et Pansy échangèrent un regard inquiet. Malfoy, Rigel pouvait comprendre ; il l’avait observée depuis le Festin de Bienvenue, et s’il attendait qu’elle fasse quelque chose d’intéressant, il serait sacrément déçu par son manque de compétences en sorts. Pansy par contre… Rigel sentit ses sourcils se plisser. Peut-être que Pansy regrettait d’être devenue amie avec Rigel, maintenant qu’elle s’était révélée magicalement ordinaire.

Pucey avait été mis au courant pendant qu’elle pensait et il se tourna vers elle avec une expression de surprise et de préoccupation :

« Tu ne pouvais même pas la soulever de la table ? »

Rigel haussa les épaules.

« Pas un seul mouvement », ajouta Pansy.

Quel bonheur d’avoir des amis aussi directs.

« Eh bien, à quel point forçais-tu ? demanda Pucey.

– J’ai essayé plusieurs fois, dit-elle. Mon mouvement de baguette et ma prononciation étaient corrects ; cela n’a juste pas marché.

– Et tu es sûr que tu n’utilises pas une fausse baguette ? »

Pansy jeta un œil à sa manche, comme si elle s’attendait à y voir apparaître un poulet en caoutchouc qui vendrait la mèche.

« Oui, j’en suis sûr. »

Trente virgule cinq centimètres, frêne, crin de licorne. Ollivander l’avait qualifiée de "bien équilibrée".

« Mais attends, dit Pucey, pensif. Tu as dit que tu avais essayé plusieurs fois, mais pas à quel point tu as essayé. »

Rigel le fixa avec le regard vide.

« Oh par… ! »

Malfoy, semblait-il, avait essoufflé sa patience pour le jour. Elle lui donna des points pour avoir tenu presque jusqu’à la fin du repas.

« Tu dois vouloir que la magie marche, Black. Tu ne peux pas juste donner des coups de baguettes et t’attendre à ce que cela fasse des trucs.

– C’est vrai, dit Pucey avec la confiance d’un élève plus âgé qui venait juste de parvenir à une réponse plausible dans son ton. L’intention est cruciale lorsqu’on lance un sort, ainsi que la concentration et la détermination. »

Absurde, pensa Rigel. En Potions, tu ne peux pas obtenir de meilleurs résultats simplement en le voulant plus. Les résultats venaient en suivant la procédure nécessaire. Si le reste de leur apprentissage magique allait être un exercice de souhaits, elle garderait ses chaudrons et laisserait le reste pour les enfants avec des imaginations plus actives. Elle frissonna en pensant aux implications sur leur culture si la plus grande part de succès en magie pouvait se résumer par le vouloir suffisamment fort. Cela expliquait bien des choses, se dit-elle, mais tout ce qu’elle dit fut un « Oh ». Malfoy souffla à côté d’elle et les deux autres abandonnèrent l’idée de la convaincre, mais le regard dans les yeux de Pansy disait clairement qu’il y avait un "pour l’instant" attaché à leur trêve.

Défense contre les forces du Mal fut, si tant est que ce soit possible, pire que Sortilèges. Le professeur était un jeune homme bégayant qui avait apparemment eu une mauvaise rencontre avec des vampires lors de son tour du continent l’année précédente. Rigel pouvait voir pourquoi Sirius et James pensaient qu’il ferait une cible facile pour des farces. Il leur fit commencer par essayer d’allumer le bout de leurs baguettes avec le sort Lumos, mais le regard sur son visage quand il leur assura qu’une lumière forte éloignait toutes sortes de créatures magiques dangereuses n’était pas entièrement convaincant.

Pansy bâilla dramatiquement et au vu de l’expression d’assentiment de Malfoy, Rigel supposa que c’était l’un de ces sorts qu’ils avaient appris avant. Ce qui ne laissa rien de mieux à ces deux-là que de donner des cours à Rigel.

« Non, non. Dis-le avec plus de force.

– Brandis ta baguette comme si tu le désirais vraiment. »

Quand Malfoy tenta de saisir avec ses mains son poignet et de le bouger avec la vigueur appropriée, Rigel laissa tomber sa baguette sur le bureau et fixa ses entraîneurs avec un regard pince-sans-rire.

« Vous passez à Poufsouffle ?

– Certainement pas !

– Ne sois pas absurde, Black.

– Alors arrêtez de me coucouner. »

Leurs expressions entrèrent en compétition pour démontrer qui était le plus offensé et le plus offusqué, mais ils tournèrent leur attention sur les autres élèves de leur classe qu’ils critiquèrent avec seulement une suggestion occasionnelle de comment Rigel pouvait apprendre des erreurs de leurs camarades. Rigel persévéra avec assiduité jusqu’à la fin du cours, malgré l’impression de perdre son temps. Elle ajouta Lumos à la liste des sorts dont les mouvements de baguettes étaient entrés dans sa mémoire musculaire et fourra joyeusement sa baguette dans son sac à dos quand le cours se termina enfin.

Ils avaient du temps d’étude avant dîner, donc Rigel, Pansy et Malfoy se rendirent dans les cachots pour travailler sur le premier devoir de Professeur Binns. Il voulait une liste de ce qu’ils croyaient être les moments historiques les plus importants du siècle dernier et comme tous les trois s’y connaissaient plutôt bien en histoire sorcière récente, cela ne prit pas longtemps. Malheureusement, cela voulait dire qu’ils avaient le temps d’embêter Rigel sur ses sorts.

« C’est comme si tu étais un moldu, lui déclara Malfoy.

– Peut-être que je le suis », dit-elle.

Ils sursautèrent involontairement tous les deux avant que leurs cerveaux ne se reprennent.

« Non, tu ne l’es pas, dit Pansy. Tu n’essaies juste pas assez fort. Qu’est-ce que tu veux plus que n’importe quoi à l’instant présent ?

– Je veux que vous arrêtiez de m’aider.

– Eh bien, c’est pour ça que ça ne marche pas, dit Malfoy. La plume ne flottera pas jusqu’à ce que la chose que tu veuilles le plus au monde sur le moment soit de la faire flotter.

– Mais pourquoi je voudrais la faire flotter ? »

La patience de Rigel s’effilocha jusqu’à presque craquer.

« Cela serait plus simple et plus rapide de juste la prendre.

– Et si tu veux bouger un rocher ?

– Peux-tu bouger un rocher avec Wingardium Leviosa ?

– Eh bien… non. Tu as probablement besoin d’un sort plus puissant. Mais juste, imagine. »

Rigel secoua la tête.

« Je n’arrive pas à penser à une seule fois dans ma vie où je me suis dit "si seulement je pouvais bouger ce rocher". Cela me semble juste inutile, je suppose. »

Pansy soupira.

« Okay, et pour le sortilège Lumos ? C’est très utile.

– Mais il ne fait pas sombre ici, pointa-t-elle en désignant la salle commune. Je n’ai pas besoin d’une baguette illuminée.

– Tu ne vas jamais apprendre la magie de cette façon », dit Malfoy, ses yeux s’étrécissant.

Rigel haussa les épaules. Elle était là pour apprendre les Potions, pas la magie.

Après dîner, elle se retira dans sa chambre pour écrire une lettre à Sirius. Elle ne savait pas encore comment changer son écriture donc elle utilisa une dicto-plume et espéra que Sirius supposerait que son fils était trop paresseux pour l’écrire lui-même.

Cher Papa,

Je te manque déjà ? Avoir ma propre chambre me manque déjà, mais la nourriture ici est carrément meilleure que les trucs que tu cuisines, haha. Le trajet en train était amusant, j’ai rencontré un gentil garçon appelé Neville (je crois que c’est un Londubat) et le château est tout aussi cool que ce que toi et Tonton James dites toujours ! Bon, ne flippe pas, mais j’ai été réparti à Serpentard… Surprise ! T’inquiète pas, parce que tout le monde a été très cool avec moi jusqu’à présent et les autres garçons de mon dortoir sont suffisamment sympas, bien que des filles de notre année m’ont lancé des regards comme si elles croyaient que j’allais me jeter sur elles à n’importe quel moment. Qu’est-ce que tu as fait exactement à leurs mères quand tu étais là, Papa ?

Mon premier jour de cours s’est bien passé, mais celui d’histoire est vraiment ennuyant ! On dirait qu’une bonne farce à notre professeur de DCFM l’effraierait jusqu’à son collier d’ail, mais j’imagine que je ne le saurai pas tant que je n’essaie pas, hein ? Donc ouais, tout va bien ici, ne t’inquiète pas trop et promets de ne pas transformer ma chambre en piscine ou quoi, ok ?

Bises,

Archie

(P.S. La tu-sais-quoi marche toujours.)

La voix d’Archie était exténuante, mais elle trouva que cela ressemblait suffisamment à son cousin pour passer crème. Elle fut attentive à ne mentionner aucuns Snape, Malfoy ou les problèmes qu’elle avait avec les sortilèges. Rien qui pourrait causer Sirius à s’inquiéter. Si Sirius venait un jour à Poudlard, tout serait perdu. Donc il était impératif qu’elle évite des choses comme des blessures graves, un grand nombre de retenues ou quoi que ce soit d’autre qui donnerait à Sirius une raison d’apparaître. Elle pouvait être Archie sur le papier, mais jusqu’à ce qu’ils trouvent un moyen de changer de façon permanente leurs apparences, c’était là où la ruse se terminerait.

Rigel rangea sa dicto-plume. Il y avait moins d’une heure avant le couvre-feu et aucun de ses camarades n’étaient endormis. Nott était plongé dans un jeu de Bataille Explosive avec Zabini, qui en avait apparemment déjà marre de ses propres compagnons de chambrée. Malfoy était… également en train d’écrire une lettre. Ce qui voulait probablement dire qu’elle n’irait pas à la Volière seule. Elle sortit nonchalamment de sa poche la Carte des Maraudeurs, sachant que n’importe quel mouvement suspicieux ne ferait que déclencher l’attention de ses camarades Serpentard. Elle commença doucement à marmonner des phrases sans queue ni tête, faisant ainsi paraître au monde qu’elle était en train de lire un morceau de sa lettre à voix haute dans sa barbe pour vérifier le choix des mots. Elle glissa : « Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises » au milieu et mémorisa rapidement la route la plus rapide jusqu’à la Volière. Effaçant la carte de la même manière, elle la rangea et roula sa lettre de la façon la plus discrète possible.

Elle enfila ses gants et enroula fermement une écharpe autour de son cou. Sirius avait acheté des sorts d’étanchéité pour les robes d’Archie, donc elle n’avait pas besoin d’une cape. Elle se leva avec désinvolte, et était presque à la porte quand, surprise, surprise, Malfoy l’arrêta.

« Tu vas quelque part, Black ? »

Il va dire ça chaque fois que c’est clair que oui, en fait, je vais quelque part ? Elle s’autorisa un roulement d’œil intérieur.

« Oui, Malfoy.

– Tu vas envoyer une lettre à la Volière », dit-il avec un ton accusateur.

Elle haussa les épaules de façon évasive, ce qui équivalait à la même chose qu’un aveu, supposa-t-elle. Il se leva de son lit et roula sa propre lettre brusquement.

« Il n’y a plus qu’une demi-heure avant le couvre-feu.

– Ça ne devrait pas prendre plus de quinze minutes l’aller, pointa-t-elle.

– Il t’a fallu vingt minutes juste pour sortir des cachots ce matin, dit Malfoy de façon neutre. Je viens avec toi.

– Ce n’est vraiment pas la peine.

– Bien sûr que si, dit Nott en s’adressant à eux de l’autre côté de la chambre. Tu ne veux pas te retrouver en train de vagabonder aussi tard dans le territoire des Gryff’ et Ser’. Tu n’écoutais pas le Professeur Snape ce matin ?

– Ce n’est pas un problème, l’assura Malfoy, son sourire dévoilant trop de dents pour être entièrement amical. J’ai besoin d’envoyer ma lettre avec Archimède de toute façon. »

Un Malfoy avait évidemment un hibou appelé Archimède, pensa-t-elle, mais elle céda avec un minimum de bonne volonté. Elle savait déjà qu’il insisterait pour l’accompagner. Ils traversèrent la salle commune en silence, brisé seulement lorsque Malfoy donna le mot de passe au mur.

Les cachots étaient froids et étranges avec une sorte de calme différent que ce qui avait imprégné l’air ce matin. Leurs pas résonnaient sur les sols épurés lorsqu’ils marchaient : un avantage si on avait besoin d’entendre des intrus arriver et un inconvénient si on voulait bouger sans être vu. Elle prit avec assurance les tournants vers le Hall d’entrée et Malfoy sembla content de la suivre jusqu’à ce qu’ils atteignent le rez-de-chaussée. Il se dirigea vers l’escalier principal qui menait à l’escalier communiquant qui traversait la moitié du château, tandis qu’elle se dirigeait vers l’escalier ouest qui se faufilait sur le côté du château. Ils s’arrêtèrent et se fixèrent l’un l’autre.

« On devrait pendre l’escalier principal, dit Malfoy. On ne connaît pas assez bien le château pour prendre d’autres routes et plus la zone est éloignée, plus le risque d’être pris en embuscade est grand.

– N’est-ce pas pour cela que tu es venu avec moi ? Pour empêcher une attaque de quiconque qu’on aurait agacé en respirant aujourd’hui ? »

Rigel lui offrit un regard qui disait clairement : tu peux aller où tu veux, mais je vais par là.

Il fit un son qui ressemblait à un soupir étouffé dans le fond de sa gorge, mais marcha avec détermination vers les escaliers ouest, la regardant tout du long. Rigel ignora son regard noir et mena une montée silencieuse des trois volées d’escaliers jusqu’au quatrième étage. Ce ne fut que lorsqu’elle prit le couloir communiquant que Malfoy dit avec exaspération :

« Bon. Maintenant je sais que l’on va dans le mauvais sens. Tu tournes à l’est et la Volière est à côté de la tour Ouest. On aurait dû continuer à monter les escaliers. »

Rigel continua à marcher jusqu’à ce qu’elle atteignît une tapisserie de deux jeunes sorciers se battant en duel pour une jouvencelle tombant en pâmoison. Elle déplaça la tenture sur le côté et regarda en arrière comme pour dire tu viens ? Malfoy ferma la bouche et examina le passage qu’elle avait révélé d’un air soupçonneux.

« Comment je sais que ce n’est pas un piège ? » dit-il alors qu’il examinait l’espace sombre.

C’était un escalier abrupt et étroit qui semblait aller tout droit.

« Bien sûr, Malfoy. Je t’ai forcé à me suivre à la Volière pour que je sois expulsé dès ma première nuit pour avoir poussé l’héritier Malfoy en bas des escaliers », dit Rigel.

Il semblait prêt à souffler, mais il la poussa pour passer devant et grimper les marches. Il alluma sa baguette avec le sort Lumos et lui envoya un regard par-dessus son épaule qui disait tu vois comme c’est utile ?

Elle attendit jusqu’à ce qu’il ait monté de quelques mètres avant de l’interpeller :

« Attention à la marche trente-trois. »

Il s’arrêta net. Elle pouvait presque l’entendre compter dans sa tête jusqu’à dix avant de demander :

« Pardon ? »

Elle monta à son niveau, y parvenant tout juste dans le passage étroit.

« Nous sommes maintenant à la marche vingt-quatre et je pensais qu’il fallait que tu saches que la marche trente-trois est, en fait, un piège. »

Il la fixa, imaginant probablement son violent étranglement.

« Pourquoi tu ne passerais pas devant ? »

Elle le fit, passant exagérément par-dessus la marche traîtresse pour faire en sorte que Malfoy n’oublie pas, aussi amusant que cela aurait été de le regarder être coincé à hauteur de genoux dans un escalier. Ils sortirent du passage au septième étage, quelques mètres à l’est de l’entrée des escaliers de la Volière. Malfoy pinça les lèvres, mais il était trop fier pour demander comment elle avait su le chemin. Ce qui était pour le mieux puisqu’elle aurait menti et dit qu’elle en avait entendu parler par un élève plus âgé.

Ils montèrent rapidement les marches de la Volière. Il ne faisait pas encore assez froid pour que les escaliers soient verglacés, mais le vent mordant décourageait quiconque de s’attarder. Rigel chercha un hibou de l’école pour prendre sa lettre et Malfoy siffla sèchement pour appeler le sien. Rigel dit « Sirius Black » clairement et regarda le Petit-duc s’envoler dans la nuit. Elle se retourna et vit Malfoy se marmonner à lui-même avec agitation à côté de son Grand-duc. Elle réalisa soudain que même si elle s’était habillée chaudement pour le voyage à la Volière, qui était nécessairement exposée à l’air nocturne pour que les oiseaux puissent entrer et sortir, Malfoy, ayant été trop préoccupé en insistant pour l’accompagner, ne l’était pas.

À ce moment-là, il paraissait plus jeune que ses onze ans. Son nez était légèrement rouge, tout comme le bout de ses oreilles, et ses cheveux étaient un désastre soufflé par le vent. Il jura à nouveau à voix basse alors qu’il bataillait avec son parchemin fermement roulé qu’il fit tomber, et Rigel supposa que ses doigts étaient engourdis aussi. Elle attrapa la lettre avant qu’elle ne touche le sol et ne soit recouverte de fientes. Malfoy releva vivement la tête, son expression froide et figée rendue moins efficace par la connaissance qu’il était probablement en train de geler. Donc elle ignora son regard noir, accrocha le rouleau fermement à la patte de son majestueux hibou et dit :

« Pour ton père ?

– C’est pas tes oignons », aboya-t-il.

Elle souleva un sourcil.

« Devrais-je me boucher les oreilles pendant que tu donnes tes instructions à ton hibou, alors ? »

Il rougit peut-être, mais il faisait trop froid pour vraiment le savoir.

« Manoir Malfoy », dit-il à l’oiseau.

Rigel regarda l’oiseau prendre son envol, se demandant à quel point cette lettre était à son propos. Elle repoussa la suspicion, se disant qu’elle devait être un peu trop douée à prétendre être son cousin si elle était déjà aussi vaniteuse. Elle se retourna vers Malfoy, dont la respiration sortait en petite bouffée entre des lèvres qui avaient perdu toutes leurs couleurs. Elle retira son écharpe et l’enroula rapidement autour du cou du garçon pâle, étouffant efficacement ses protestations balbutiantes pendant quelques instants. Lorsqu’il délivra son menton du tissu épais, elle retira ses gants et attrapa sans ménagement une de ses mains, faisant un bruit de désapprobation quand elle le trouva tremblant de froid.

« Que… »

Il pouvait à peine sortir les mots à travers ses dents serrées.

« Tiens ça pour moi, Malfoy, tu veux ? »

Elle enfonça une de ses mains dans un de ses gants déjà chauds et fit la même chose avec l’autre.

« Merci, dit-elle.

– Tu… »

Rigel se dirigeait déjà vers les escaliers.

« Dépêche-toi Malfoy ; on ne veut pas être en retard.

– Si on rentre aux cachots avant le couvre-feu, Snape ne nous retirera pas de points », dit-il, se déplaçant rapidement pour la rattraper.

Sa voix était à nouveau étouffée et elle se mordit les lèvres pour s’empêcher de sourire à l’image de Malfoy, le visage à moitié enfoui dans son écharpe. Il ressemblait à un bébé oiseau sortant le bec de son nid, à l’exception qu’il avait un autre nid en haut de la tête de la forme de ce qui fut jadis ses parfaits cheveux.

Ils retournèrent dans la salle commune dans un silence relatif, Malfoy observant la façon dont Rigel les guidait parfaitement dans les cachots sans commentaire. Bien. S’il devait apprendre une chose ce soir, c’était qu’il valait mieux ne pas la questionner, puisqu’il n’obtiendrait pas de réponse directe de toute façon. À l’entrée de leur chambre, il se débarrassa de son écharpe et de ses gants et les fourra dans ses mains sans la regarder.

Elle rangea ses affaires dans sa valise et retira ses chaussures, puis elle s’allongea sur son lit et souhaita que le sommeil la visite. Nott lui jeta un œil à travers ses rideaux et dit :

« Tu n’as pas de pyjama ?

– Non », dit-elle.

Elle avait décidé qu’il serait étrange pour elle de se changer dans la salle de bain chaque fois qu’elle enfilerait son pyjama. Si Archie était un exemple-type, les garçons n’avaient aucune modestie. Elle se changerait le matin pendant qu’elle serait déjà dans la salle de bain pour se doucher. Mieux valait paraître bizarre plutôt qu’ils pensent qu’elle avait quelque chose à cacher.

Nott laissa tomber le sujet, lui tournant le dos en se mettant sur le côté. Rigel fixa le baldaquin, pensant à son premier jour à Poudlard. Elle ne saurait pas si elle avait fait le bon choix avant vendredi, mais jusqu’à présent, c’était mieux et pire que ce qu’elle avait imaginé. Pansy et Malfoy étaient… divertissants. Elle s’était attendue à être seule à Poudlard, quand elle s’était embêtée à imaginer quelque chose d’autre que les cours de Potions. Avoir des amis proches serait dangereux, mais ça ne la gênait pas d’avoir des personnes avec qui manger. Les cours avaient été un désastre. Elle soupira doucement pour elle-même, regrettant qu’elle dût prendre tous ces cours confus de baguette. Tout ce qu’elle voulait c’était concocter. Quand le sommeil la prit dans ses bras, elle rêva de chaudrons mijotant au-dessus d’une chaleur douce et constante.

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[DmDmDm]

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Il fixa le garçon endormi sur le lit d’à côté comme s’il allait répondre à toutes les questions qui nageaient dans la tête de Draco. Il le pouvait sûrement, s’il le voulait, mais Rigel Black s’était prouvé particulièrement peu communicatif. Une journée entière qu’il venait de passer avec Black, et tout ce qu’il savait, c’était qu’il avait un vague intérêt en Potions et qu’il était terriblement mauvais en magie avec baguette. Pas grand-chose sur quoi écrire à la maison, même s’il l’avait fait, et généralement pas assez pour justifier un quelconque intérêt continu de sa part. Donc pourquoi est-ce qu’il l’observait encore ? C’étaient les petites choses, les endroits où ses mots et ses actions ne collaient pas, qui rendaient Draco déterminé à en savoir plus. Black avait soi-disant été complètement perdu avant le petit déjeuner, mais il avait montré une assurance totale pour se diriger dans les cachots le soir. Et à quel moment, au nom de Morgane, avait-il eu le temps de trouver ce passage vers le septième étage ?

Il n’agissait pas beaucoup comme le fils de Sirius Black non plus, d’après ce que Malfoy avait entendu sur le cousin de sa mère. À part l’once de charme dont il avait fait preuve au Festin de Bienvenue, la personnalité de Black était tombée à une bonne distance de l’arbre de son père. Il avait les cheveux et les yeux des Black, mais même ceux-là étaient un peu ternes. Qu’il ait la chance de Mordred s’il devait se farcir le Black le plus insipide depuis des générations comme compagnon. Il savait que Mère s’en assurerait, au moins jusqu’à ce qu’elle rencontre le garçon. Rigel Black était renfermé jusqu’à en être froid et n’avait aucun scrupule à ignorer les normes sociales quand cela lui plaisait. Il préférait clairement garder ses informations personnelles au fond de son cœur et pourtant… il avait choisi de dicter sa lettre à son père à haute voix.

Et cette lettre ! Draco en avait entendu la plus grande partie et soit Black gardait sa vraie personnalité enfermée loin de ses comparses, soit il était un fieffé menteur envers son père. Draco penchait pour le second, car plusieurs éléments dans la lettre avaient été des mensonges. Ses cours ne s’étaient certainement pas bien passés. Rigel Black ne semblait pas non plus être le genre de personnes intéressées par les farces, même si Draco savait que sa famille gagnait sa vie avec de basiques tours de magie comme divertissement. Quelle version du garçon était la vraie ?

Puis, il y avait son attitude envers Draco et Pansy. Il avait été grossier et quelque peu hostile la majeure partie de la journée, mais il avait abandonné sa propre écharpe et ses gants dans la Volière comme si de rien n’était. Extrêmement contradictoire, sinon franchement suspicieux. Draco allait surveiller de près le plus jeune Black, peu importe ce que sa mère aurait à dire à ce propos. Tôt ou tard, il dévoilera son jeu, et je serai là pour le voir.

Notes:

NDA : Dans le canon, il me semble qu'ils ne tentent pas de vrais sorts avant Halloween, mais j'accélère les choses car je pense que la magie devrait venir plus naturellement pour des sorciers (enfin… la plupart des sorciers).

Si vous voulez connaître l'emploi du temps complet pour référence :

Lundi : Sortilèges, Histoire de la Magie, repas, DCFM

Mardi : Métamorphose, Botanique, repas, Vol

Mercredi : Sortilèges, Histoire de la Magie, repas, DCFM, Astronomie

Jeudi : (pas de cours à la première période car coucher tard pour Ast.), Potions (théorie), repas, Métamorphose

Vendredi : Double potions (pratique), repas, Botanique

NDT : Et voilà un nouveau chapitre de terminé ! Qu'en avez-vous pensé ? Il y a plein de petits détails cachés qui n'apparaîtront que dans les tomes suivants, j'adore ça !

Chali

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