Work Text:
Cela faisait maintenant presque quatre ans qu'Oikawa Tooru et Kageyama Tobio étaient en couple. Les choses s'étaient faites naturellement entre eux. Deux étudiants, l'un en médecine et l'autre en biologie qui en parallèle s'entraînaient avec une équipe de volley de deuxième ligue.
Ils s'étaient rencontrés dans un café ; Tooru revenant de l'un de ses matchs pendant que Tobio était déjà là, installé sur une table avec son ordinateur, des feuilles et des stylos autour de lui. Lorsque leurs regards se croisent, ils n'ont pas pu se lâcher et Oikawa a fini pas demander le numéro de téléphone du jeune homme. Tooru, pour une fois, n'a même pas eu à jouer son numéro de charme et c'est ce qui lui a fait comprendre que ce garçon était différent des autres.
Dès qu'ils ont commencé à discuter, ils se sont trouvés de nombreux points communs. Comme en premier lieu le volley, qui était pour eux deux l'une de leur principale source d'occupation. Malheureusement, il avait vite appris que Tobio avait dû arrêter à la suite d'une blessure au poignet qui s'était avérée plus grave que prévu. Il avait donc décidé de s'orienter vers le domaine de la médecine dans le but de devenir médecin du sport. De cette façon, il pourrait aider les athlètes et prévenir leurs potentielles blessures graves, comme celle qu'il avait subie.
Cela avait beaucoup touché Tooru ; s'étant lui-même blessé au genou précoce, il avait totalement compris les raisons de Tobio. Seulement lui avait eu plus de chance étant donné qu'il avait bien été suivi et qu'on avait su lui dire quand s'arrêter pour ne pas pousser trop loin. Certes il devait toujours faire attention, mais il pouvait néanmoins continuer à jouer, contrairement à Tobio.
Après quelques mois à se parler par messages et à se rencontrer au café chaque fois qu'ils le pouvaient, Tooru a finalement proposé un vrai rendez-vous. Malgré les appréhensions qu'ils avaient tous deux, craignant que l'ambiance ne soit pas la même que lorsqu'ils se rencontraient uniquement dans un but amical, tout s'était finalement bien passé. Le sentiment plutôt bien et rien n'avait été étrange.
Tooru avait réservé un restaurant chic, son salaire de joueur professionnel le lui permettant. Ils avaient continué à parler de leur vie, à raconter des anecdotes sur leur passé, leur famille, leurs passions ; et il s'était avéré que cela ne changeait pas beaucoup de leurs discussions habituelles. Ensuite, Tobio avait proposé d'aller voir un film au cinéma, ayant entendu parler du dernier Marvel qui était sortie et Tooru était resté bouche béée de trouver un nouveau point commun à ajouter à sa liste déjà longue.
Une fois le film fini, ils étaient sortis du cinéma, marchant côte à côte sur le trottoir, la brise d'automne, ajouté à celle de la nuit avait fait frissonner Tobio. Tooru n'avait pas pu laisser passer une telle occasion et avait simplement retiré sa veste pour la placer sur les épaules du plus jeune. Ce dernier avait d'abord protesté, mais après les insistances de Tooru, il avait fini par laisser tomber.
Ils n'avaient rien fait de plus cette nuit-là. Aucun des deux n'était du genre à se précipiter. Puis de toute façon, ce n'est pas comme si c'était la dernière fois qu'ils pourraient se voir, loin de là. Pour preuve, ils ont répété leurs sorties toutes les semaines, se présentant toujours un moment pour se voir malgré leurs semaines chargées.
Ce ne fut qu'au cinquième rendez-vous que Tobio prit les choses en main, à la surprise de Tooru. Ils se sont révélés dans un kiosque, dans un parc peu nécessaire et par conséquent sans personnes pour les déranger. Il n'y avait qu'eux et leur regard brulant, la flamme de leur amour éclairant leur cœur. C'est ainsi que Kageyama avait pris l'initiative de se rapprocher et de poser ses lèvres sur celles d'Oikawa. C'était doux, prêté et amoureux. Ce dernier avait répondu au baiser avec la même douceur, sentant la chaleur se propager dans son corps.
Ils étaient indéniablement amoureux l'un de l'autre et ce ne fut qu'au bout de quatre mois depuis leur première rencontre, qu'ils décidèrent d'officialiser leur relation. Aucun des deux n'avait voulu précipiter les choses, préférant profiter de chaque petit moment passé ensemble.
***
C'est ce qui les a amenés où ils se trouvent aujourd'hui, quatre ans plus tard, dans un petit appartement, partageant leur quotidien chaque jour de leur vie. Tout s'était merveilleusement bien passé. Il y avait eu quelques disputes – comme dans toute relation – et ils s'étaient toujours pardonnés. Ils ne restaient jamais fâchés l'un contre l'autre pendentif plus de quelques heures, deux jours, tout au plus.
Mais cette fois était différente.
Ils étaient dans la chambre, Tobio assis sur une chaise près du bureau, agacé pendant qu'Oikawa se déployait derrière lui, lui répétant sans cesse la même chose.
- Tobio, tu ne peux pas continuer à faire ça. J'ai des examens aussi je te signale.
- Tiens donc, maintenant on est revenu au Tobio ?
- Oh mon Dieu, ce n'est pas où je voulais en venir !
- J'ai compris où tu voulais en venir et encore une fois, on en a déjà parlé.
Cela faisait déjà un moment que cela durait. Les examens de Tobio approchaient et bien que Tooru comprenne cela, il ne s'est pas révélé en revanche pourquoi son petit-ami l'ignorait plus que d'habitude. Après tout, ses épreuves n'étaient que dans quelques semaines, alors pourquoi se mettait-il dans des états pareils ?
- Alors pourquoi tu continues toujours à te comporter comme ça ? Tu crois que je ne suis pas sous pression moi aussi, avec les entrainements, les matchs et en plus de ça mes examens ?
- Parce que comme d'habitude, tu insinues que puisque je ne fais que réviser et que je ne peux pas jouer au volley, je pourrais être plus disponible et te traiter avec plus d'égard. Mais il me semble que tu as oublié le fait que contrairement à toi, ces études sont le seul moyen que j'ai pour m'assurer un avenir.
- Je sais ça, tu me l'as déjà répété au moins une centaine de fois et je comprends, mais je veux passer du temps avec toi. S'il-te-plait Tobio-chan, il te reste trois semaines pour réviser. Est-ce que ça te tuerait qu'on sort juste ce soir ? Juste toi et moi.
-Oui. Ecoute Tooru je ne peux vraiment pas ce soir, je suis désolé. Mais va-y si ça peut te faire plaisir.
- Mais c'est avec toi que je veux être.
- Parfait, alors dans ce cas reste ici mais ne me déconcentre pas.
Encore une fois, Tobio était parvenu à repousser l'une des nombreuses tentatives d'Oikawa de faire sortir Kageyama de ses études. Tooru voulait simplement qu'il quitte ses livres pendant quelques heures pour lui aérer l'esprit et comme d'habitude, il l'avait envoyé balader.
Ce n'était pas la première fois. Même quand Kageyama n'avait pas d'examens, il utilisait toujours cette excuse pour ne pas sortir. Leur dernier rendez-vous remontait déjà à quelques mois et Tobio lui manquait.
Cela faisait également quelques semaines qu'ils n'avaient pas eu de rapports sexuels et Tooru commençait à ressentir la frustration. A chaque fois qu'il essayait de se rapprocher, Tobio le repoussait, utilisant l'excuse qu'il était trop fatigué et comme d'habitude, comme le bon petit-ami que Tooru était, il n'insistait pas et ne demandait pas pourquoi.
Le lendemain, alors qu'Oikawa était toujours au lit, il fut réveillé par une voix qui criait son nom. Il ouvrit les yeux et se leva pour se rendre dans la cuisine. Une fois là-bas, il vit Tobio lui adresser un regard noir et il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu'il allait encore se faire crier dessus. Qu'est-ce que c'était cette fois ?
- Tooru, je t'ai déjà dit cent fois de mettre le lave-vaisselle en route lorsqu'il est plein.
- Ça va, ce n'est pas si grave.
- Non, mais je n'ai pas envie de vivre dans une porcherie.
- En quoi oublier de mettre le lave-vaisselle en route va faire propre notre appartement à une porcherie ?
- Tu sais quoi, oublie ça, je savais que tu ne comprendrais pas.
- Ok stop, on arrête-là !
Il accentua ses paroles en faisant de grands gestes avec ses bras, comme s'il pouvait balayer la mauvaise humeur de son petit-ami de cette façon.
- Quoi ?
- Dis-moi vraiment ce qui se passe ou je pars d'ici.
- Oh s'il-te-plait, ne fait pas l'enfant, souffla Tobio.
- Ne fais pas l'innocent Tobio. Cela fait déjà plusieurs mois que nous n'avons pas eu un moment à nous ou que nous n'avons pas couché ensemble. A chaque fois tu trouves une excuse : avant c'était ton manque d'envie et maintenant ce sont tes examens. Je sais que tu es occupé, mais cette situation ne date pas d'hier et je voudrais vraiment comprendre ce qu'il se passe dans ta tête. Alors je te le demande, qu'est-ce qui ne va pas ?
Tobio sembla surpris par l'explosion d'Oikawa et bégaya alors qu'il tentait de trouver ses mots.
- Je- Je suis désolé. Mais tu sais, avec mes révisions je n'ai pas le temps de-
- Non, c'est bon, je n'en peux plus. Tu sais quoi Tobio, je vais te laisser réviser tout seul, étant donné que c'est la seule chose que tu sembles vouloir.
Il se rendit dans la chambre, s'habilla rapidement, prit quelques affaires dans un sac et sortit de l'appartement, sans même un regard vers Tobio.
***
Tobio savait qu'Oikawa pouvait être impulsif. Mais ce qu'il s'avait aussi, c'est que cette fois, c'était entièrement sa faute. Tooru avait fait tout son possible pour détacher Tobio de ses révisions pendant au moins quelques heures. Mais tout ce qu'il avait été capable de faire n'avait été que de le repousser, encore et encore. Il était conscient que lui aussi avait des examens qui s'approchaient, mais lui avait le volley si jamais il échouait ; bien que Tobio ne doutait nullement de ses capacités à réussir.
Tooru uniquement à son bien. Mais sa peur d'échouer avait pris le dessus. La culpabilité et la réalisation l'avaient directement frappé après que Tooru fut parti, claquant la porte derrière lui, sans se retourner.
La première fois qu'Oikawa lui avait proposé de sortir, ses examens n'étaient que dans quelques mois et il savait qu'il n'avait pas besoin de commencer à réviser si tôt. Cependant, les sélections de plus en plus dure, il était obligé de travailler de plus en plus ; c'est tout ce à quoi il avait été capable de penser ces derniers mois, balayant tout le reste d'un revers de main, sa relation avec Tooru. Il s'était dit qu'il pourrait toujours se rattraper plus tard. Mais maintenant il n'en était plus aussi sûr.
Quand il a vu Oikawa sortir de l'appartement sans un mot, sans même le regarder, il a su qu'il avait merdé et avant qu'il ne s'en rend compte, des larmes coulaient le long de ses joues. Mais il ne pouvait pas se laisser déconcentrer maintenant, pas si près du but. Alors il a simplement mis ça de côté, le temps de passer ses examens.
~ ~ ~
Bien sûr, cela n'avait pas été si simple. Il s'était comporté en vrai connard avec son petit-ami et il s'en voulait pour ça. Cependant, il ne pouvait pas se permettre de régler ça maintenant. Pas quand ses examens n'étaient que dans une semaine. Après tout, il s'était promis de ne rien laisser passer avant ses études. Cela aussi en faisait partie, n'est-ce-pas ?
Cette dernière semaine a été très intense, et sans Oikawa pour lui dire de prendre des pauses, il s'arrêtait à peine pour manger. Il avait dû sauter pas mal de repas depuis le début de la semaine. Mais il s'en fichait, si ça valait le coup.
Il n'avait pas beaucoup pensé à Tooru, ne se concentrant que sur ce qui attendait pour le moment. Le jour des examens étaient arrivés et cela avait été sa première pensée lorsqu'il s'était réveillé. Une vague de culpabilité l'avait envahi. Après cette réalisation, le temps avait semblé passer beaucoup plus vite et avant qu'il ne réalise ses actions, il se présentait déjà sur le pas de la porte, prêt à partir.
Il était paré. Pendant plusieurs mois, il s'était préparé dans cet unique mais. Il devait y arriver, c'était une obligation. Il ne pouvait pas laisser tous ses sacrifices être vains.s cet unique mais. Il devait y arriver, c'était une obligation. Il ne pouvait pas laisser tous ses sacrifices être vains.
Lorsqu'il se retrouve devant sa feuille, les réponses lui vinrent naturellement, sans qu'il ait besoin de beaucoup réfléchir ; et il se félicita pour toutes ses heures de révisions qui semblaient ne pas avoir été inutiles.
Il ne se souvient presque pas du reste de l'épreuve, les souvenirs défilant dans une succession d'évènements flous. Seulement une choisie tournait dans sa tête pendante qu'il remplissait le reste sa copie : Oikawa, Oikawa, Oikawa . Il devait le faire, pour lui, pour qu'il soit fier et qu'il puisse le récupérer.
Lorsqu'il sort de la salle d'examen, il se retint d'envoyer directement un message à Tooru. Il voulait lui dire en face, s'excuser pour le connard qu'il avait été, il lui devait bien ça. Alors à la place, il rentra dans leur appartement, seul. Le calme lorsqu'il pénétra dans l'entrée lui pesa immédiatement. Il refoula la sensation et se dirigea vers le frigo pour prendre une brique de lait avant de se rendre dans leur chambre pour se préparer.
Comme à chaque fin d'examens, une fête était organisée chez un étudiant quelconque ; une après le passage des épreuves et une après l'annonce des résultats.
Kageyama ne connaissait pas grand monde mais il connaissait suffisamment de personnes pour pouvoir se rendre à ces fêtes. De toute façon beaucoup d'autres étudiants doivent être dans son cas, étant donné qu'on parle ici d'étude de médecine et que par conséquent, se faire des amis n'que secondaire, voir pas nécessairement nécessaire. Après tout, la rivalité faisait elle aussi partie du jeu.
Cependant, ces soirées étaient un bon moyen pour se détendre pendant quelques heures. D'autres étudiants d'autres universités étaient parfois invités et c'est ce qui faisait que Tobio était presque certain d'y trouver Tooru et qu'ils pourraient s'expliquer.
Les minutes avant de quitter l'appartement semblaient interminables. Tobio ne pouvait s'empêcher de regarder l'heure toutes les minutes, frottant ses paumes moites sur son jean à la même fréquence. Ne pouvant plus attendre – et puisqu'il pouvait désormais partir sans être trop en avance – il sortit, prit soin de bien fermer la porte de l'appartement derrière lui avant de commencer à marcher vers le lieu de la fête.
Lorsqu'il arriva, un certain nombre d'étudiants était déjà présent. Il en a reconnu quelques-uns qui ont fait des partis de la même promo que lui. Son regard balaya la foule mais il semble qu'Oikawa ne pas encore arrivé, en soit qu'il vienne. Il décide donc de se rendre vers le buffet pour se prendre un verre – par encore d'alcool – et se remplit l'estomac pour essayer de se distraire et d'empêcher son appréhension et ses doutes de continuer à prendre trop de place.
La soirée était désormais bien avancée, mais toujours aucune trave d'Oikawa et Kageyama commençait à s'inquiéter. Après tout peut-être que Tooru se doutait que Tobio serait là et qu'il avait décidé de ne pas venir pour ne pas avoir à le croiser. Cette dernière pensée lui resta en travers de la gorge et il prit une gorgée de sa boisson pour faire passer la goutte amer alors qu'il se dirigeait vers la sortie de la résidence en soupirant.
Mais au moment où il allait partir, il vit enfin ce pourquoi il était venu.
Il était là, vêtu d'un simple t-shirt turquoise et d'un jean noir. La première pensée de Tobio fut de se dire qu'il était vraiment beau ; mais de toute façon il l'était quoi qu'il fasse ou quoi qu'il porte. Cela faisait partie de son charme naturel.
Il ne semblait pas avoir remarqué la présence de Tobio alors qu'il continuait de rire avec son groupe d'amis. Contrairement à lui, Tooru avait beaucoup de connaissances. Mais il fallait dire que ses activités en dehors des cours aidaient énormément à cela, ajoutées à sa nature enjouée et à sa facilité à communiquer et se faire des amis. Lorsqu'il repéra enfin Tobio, son sourire disparut instantanément, remplacé par une expression indéchiffrable. Kageyama grimaça et il son cœur se pinça légèrement.
Tooru s'excuse rapidement auprès de ses amis avant de se diriger vers lui. Enfin , songea-t-il avant de le saluer maladroitement.
-Salut.
- Qu'est-ce que tu veux Tobio ?
Il ne tint pas compte de la froideur dans le ton d'Oikawa, du moins pas pour le moment.
- Je voudrais te parler…
Un silence gênant s'installe durant lequel Tooru jugea Tobio de haut en bas, sûrement en train d'évaluer ses possibilités. Après un moment où Tobio s'était senti extrêmement mal à l'aise, un soupire provenant d'Oikawa attira son attention et il le prit comme une première victoire.
- Eh bien j'imagine que je n'ai pas le choix, n'est-ce pas.
Il s'agissait plus d'une affirmation qu'une question.
- Est-ce qu'on pourrait aller dans un endroit plus calme ? Il appuya sa question en désignant la foule autour d'eux.
- Ouai bonne idée.
Ils se dirigèrent donc vers l'arrière de la résidence sachant qu'il n'y avait – en général – personne. Tooru marchait devant, le pas rapide, sans regarder derrière lui ne serait-ce que pour s'assurer que Tobio suivait ; ce que, évidemment, il faisait. Lorsqu'ils jugèrent se trouver assez loin – sans personnes indiscrètes pour les déranger – ils se placèrent l'un en face de l'autre à une distance respectable. Peut-être trop pour ce qu'ils étaient censés être. La situation était assez formelle et cela ne fit qu'angoisser Tobio, du moins plus qu'il ne l'était déjà. Le regard perçant de Tooru était sur lui et Tobio pouvait sentir la pression de celui-ci.
Kageyama avait déjà vu ce regard chez son partenaire. En revanche, il ne l'avait jamais vu diriger vers lui et bien qu'il s'en doutait déjà, il était pour le moins intense. Cela déstabilisa Tobio qui ne savait plus où regarder ou comment se comporter. Il en oublia même ce qu'il était censé dire. Tooru semble perdre patience et pressa un peu Tobio.
- Dépêche-toi un peu Tobio, je n'ai pas que ça à faire.
La dureté dans ces paroles le fit sursauter et lui pincèrent le cœur. Tooru lui en voulait-il à ce point ?
- Je… Je voulais juste m'excuser, bégaya-t-il.
Tooru leva un sourcil, il semble s'intéresser aux paroles de Tobio, et en même temps plutôt curieux. Il lui fit signe de continuer avec un signe de tête.
- Je sais que je me suis comporté comme un connard et que tu essayais juste de me sortir la tête de mes révisions. Je sais aussi que je n'ai fait que te repousser et j'en suis désolé.
Tobio baissa les yeux, honteux et se pinça la lèvre d'inquiétude devant le silence de Tooru. Il l'entend plus qu'il ne le vit soupirer, ce qui le força à reporter le regard sur son interlocuteur.
- C'est tout ?
Une sensation de froideur extrême est venue de s'abattre dans le corps de Tobio. Il se gela intérieurement. C'était comme si on venait de le pousser dans une eau gelée à moins de quarante degrés et qu'on lui avait coupé la respiration. Il ne savait plus quoi dire. Tout ce qu'il pouvait faire se résumait à observer son petit-ami. L'était-il encore d'ailleurs ?
- Je veux dire, ça n'explique pas entièrement ton comportement.
Devant l'incrédulité de Tobio, il a poursuivit.
- Tu te conduis comme ça avec moi depuis des mois. Je sais que tu dois réviser. Mais est-ce que ce n'est pas exagérer de me sortir cette excuse à chaque fois que je te propose un rendez-vous ? Tu sais que j'ai aussi des examens, en plus de mes entraînements et je trouve toujours du temps pour toi, pour nous. Parce que je sais que si je ne t'arrêterais pas, tu pouvais passer une journée entière dans tes cours sans même prendre le temps de manger. J'étais là pour toi. Mais tout ce que tu as fait a été de me rejeter, encore et encore. Alors j'ai commencé à m'imaginer des choses.
Il marque une pause, cherchant ses prochains mots avec soin pendant qu'il se concentre sur son regard sur Tobio, voulant observer sa réaction. Le regard de Kageyama était peiné, il était rempli de créance. Ce n'est qu'à ce moment qu'il réalise à quel point il avait blessé Tooru.
Le regard d'Oikawa était toujours sur lui, alors qu'il scrutait le visage de Tobio, probablement à la recherche d'une réaction quelconque. Une tension insupportable pesait dans l'air, témoin de tous les maux.
- Tobio, est-ce que tu me trompes ?
Les yeux de Kageyama s'écarquillèrent de surprise et d'incompréhension. Il se retrouvait dans l'incapacité de parler, les mots avaient subitement décidé de quitter sa bouche. Cependant, il devait se réessaisir. Tooru attendait une réponse, qu'il devait évidemment donner. Mais les mots qui passèrent ses lèvres ne reflétèrent pas ses pensées.
- Quoi ?
Tooru soupira d'exaspération et d'impatience.
- Est-ce que tu me trompes ?
- Pourquoi est-ce que tu penses ça ?
- Parce que tu n'as pas essayé de me contacter depuis mon absence et que s'il n'y avait que tes études, tu aurais accepté certaines de mes propositions. De plus, à chaque fois que je te proposais de sortir, tu soupirais et me suggérais un autre soir. Seulement il n'y avait jamais d'autre moment et…
- Et quoi ? Tobio déglutit difficilement.
- Et ça fait un moment que tu ne m'as pas dit que tu m'aimais.
Tobio ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son ne sortit. Il se livre là, bêtement, ne sachant plus quoi dire. Bien sûr qu'il aimait Tooru. Il l'aimait tellement que ça lui faisait mal. Il pouvait passer des heures à se repenser à leurs moments ensemble : le jour de leur rencontre, leur premier baiser, leur premier « je t'aime » et leur première fois. Il chérissait tous ces moments et les conservait au fond de sa mémoire, complétant les pages de leur histoire au fur et à mesure, sans effacer les anciennes.
La culpabilité ne fit que grandir et il se maudit intérieurement pour son manque de discernement des derniers mois. Et puis pourquoi n'avait-il pas essayé de contacter Oikawa entre le moment où il est parti et ses examens ? Il ne savait pas vraiment. Son esprit avait été entièrement focalisé sur sa réussite et il n'avait fait attention à ce qui attendait le plus : Tooru .
Le silence devenait inconfortable et Tooru semblait ressentir la même chose puisqu'il s'empressa d'amener la fin de discussion.
- Tu sais quoi Tobio tu n'as pas besoin de dire quelque chose, je pense que j'ai compris.
Il soupira puis parti. Cependant, ce n'était pas un soupir d'exaspération, mais un soupir de résignation et c'est ce qui faisait le plus mal.
Kageyama le laissa faire. Il ne le retint pas. De toute façon que pouvait-il dire maintenant ? Qu'il l'aimait ? Bien sûr qu'il pourrait, mais Oikawa ne le croirait sûrement pas. Alors il resta là, immobile, pris des larmes couler le long de ses joues. Les premières depuis qu'Oikawa était parti. Mais peut-être que cette fois, c'était pour de bon. Peut-être que cela avait été la fois de trop pour lui, qu'il ne lui pardonnerait jamais.
Il rentra chez lui, le cœur lourd. Ce soir-là, il ne fut pas d'humeur à faire quoi que ce soit d'autre que de s'allonger dans son lit, un paquet de mouchoir à porter de main, pleurant à chaude larme. On pouvait uniquement entendre le bruit des sanglots et des hoquètements.
Les jours suivants ont été un véritable cauchemar. Il était perdu et ne savait plus quoi faire.
Ils s'étaient rencontrés pour la première fois il y a cinq ans et ne s'étaient plus quittés depuis. Pour la première fois depuis tant d'années, il devait traverser cela seul, sans personne à ses côtés. Il ne s'était pas rendu compte à quel point Tooru avait pris une place importante dans sa vie, à quel point il était devenu dépendant de son affection.
En fait si, il le savait. Il le savait depuis le début, depuis que leurs regards se sont croisés dans ce café. A partir de ce moment-là il a su que rien ne serait plus pareil. Que d'une manière à une autre, il serait connecté à cet homme. Devoir vivre désormais sans lui était impensable. C'était à lui de trouver une solution pour se faire pardonner. Mais il ne savait pas encore commenter.
Les jours se ressemblaient inlassablement, seule sa réussite aux examens avait un peu égaillé son humeur massacrante. Mais maintenant qu'ils étaient passés et que la fin de l'année scolaire approchait, il n'y avait plus grand-chose à faire. Beaucoup d'étudiants se préparaient déjà pour l'année prochaine, ce qui était aussi le cas de Tobio ; c'était un des seuls moyens qu'il avait trouvés pour se distraire, une fois de plus.
En ce moment, il préférait fuir plutôt que d'avoir à affronter la dure réalité. N'ayant pas vraiment d'amis dans sa faculté, il n'avait personne à qui demander conseil et personne à qui se confier. Il demeurait donc seul avec ses pensées.
Ce n'est qu'au bout de la troisième semaine que son moral a commencé à s'améliorer. Il décide donc de s'accrocher à ce lueur de motivation pour alimenter son imagination et par la suite, trouver un moyen de récupérer Tooru.
Il s'installe sur la table de la cuisine et sort toutes les vieilles photos qu'il possédait de lui et Oikawa, souriant devant certains souvenirs. Son objectif était simple : organiser un moment inoubliable pour lui et Oikawa. Il devait penser à tout du début jusqu'à la fin.
Une autre idée trottait dans sa tête : le final de son plan, mais il ne pouvait s'empêcher d'appréhender cette partie et de sans cesser la remettre en question.
Il ne pouvait pas laisser cet amour qu'ils avaient développé pendant quatre années mourir de cette façon. Il fallait qu'il rende ce moment inoubliable et mémorable – ou Tooru le charrierait sur ça pendant des années. Cependant il y avait une possibilité qu'il n'accepte pas et qu'il refuse de se remettre avec lui, ce qui le mettra fin à quatre ans de relation. La plus sérieuse, la plus passionnelle, en un mot, la meilleure relation que Tobio ait jamais eu dans sa vie et la seule qu'il veille pour le restant de ses jours.
Il aimait Tooru. Il l'aimait tellement que certains jours il mourrait d'envie de crier ces mots au monde entier. Toutes ses émotions se mélangeaient à l'intérieur de lui comme un tourbillon, impossible de mettre des mots clairs dessus ou sur ce qu'il ressentait vraiment tant que ses sentiments étaient écrasants.
Il aimait tout de lui ; de son caractère le plus souvent enfantin à sa passion lorsqu'il regardait Tobio dans les yeux et les émotions qu'il parvenait à transmettre avec simplement un regard. Il y avait aussi sa beauté, la perfection de ses traits ; que cela soit son corps ou son visage et bien d'autres.
Tout cela constituait les choses que Tobio aimait chez lui. Cela allait des années passées ensemble aux moments qu'ils ont partagés ; et tout cela n'avait fait que renforcé l'amour qu'il lui porte et il était désormais décidé à lui prouvé la véracité de ses sentiments. Mais pour cela, il doit lui montrer qu'il l'aime et le rassurer sur ses doutes et ses craintes. Mais pour commencer, il doit lui prouver qu'il ne le trompe pas.
~ ~ ~
C'est ainsi qu'il a passé les semaines suivantes à mettre au point son plan. Tout d'abord, il devait réserver les lieux où il avait prévu d'emmener Tooru et bien sûr, vérifier la météo ; il ne laissera pas le mauvais temps avoir raison de son organisation. Et cela tombait plutôt bien puisque cette journée promettait d'être assez ensoleillée et la nuit devait être assez douce.
En parlant d'organisation, il n'y avait rien de plus plaisant que de se laisser emporter par les préparatifs de quelque chose que l'on aimait ; en l'occurrence ici, organisateur le parfait rendez-vous pour son petit-ami. Ensuite, il devait préparer ce qu'il allait dire ; que cela soit ses excuses, sa déclaration et bien d'autres choses. Pour finir – la chose qui serait sans doute la plus difficile – rendue Oikawa de suivre Tobio sans broncher ou de poser des questions qui risqueraient de le trahir.
Maintenant que ses examens étaient passés, il s'investissait corps et âme dans son projet. Il a tout préparé à la perfection – ou plutôt du mieux qu'il le pouvait. Il avait fixé la date et il se trouvait que ce n'était désormais que dans cinq jours.
Le soleil devait être au beau fixe. Il avait réussi à avoir tous les endroits qu'il voulait, mais malheureusement un dernier point était obscurcir le tableau.
En effet, Tobio n'avait pas encore demandé à Oikawa s'il était disponible et cela commençait à devenir problématique. Il n'avait pas trouvé le courage de le contacter, se posant un million de questions ; comme : est-ce que Tooru accepterait même son appel ou avait-il déjà tourné la page ? Et même s'il répondait, voudrait-il sortir avec Tobio, un unique rendez-vous où ils pourraient mettre les choses au point ?
De toute façon au pire, cela se terminerait par une rupture définitive ou dans le meilleur des cas… Mais non, il ne pouvait pas se permettre de se laisser distraire par des rêves idylliques, cela ne pouvait que rendre sa déception plus grande si tout ne se passe pas comme prévu.
Ce fut seulement le mercredi soir – alors qu'il faisait déjà nuit dehors et qu'on pouvait voir les phares des voitures éclairer l'intérieur du petit appartement – que Tobio déterminait qu'il était temps d'appeler Oikawa. Alors dans un élan de courage, il attrapa son téléphone qui reposait auparavant sur la table basse du salon et composait le numéro. Il y eu quelques sonneries avant qu'Oikawa ne réponde ; en fait tellement de temps s'était perdu que Tobio était sur le point de raccrocher, vaincu. Mais au moment où il a entendu la voix de Tooru, tout s'est remis en place et il sut exactement ce qu'il devait dire ; même la voix froide d'Oikawa ne pourrait pas le déstabiliser.
- Qu'est-ce que tu veux Tobio ? Dit froidement Tooru.
- Salut Tooru, je voulais juste te demander quelque chose…
Il n'entend rien de l'autre bout de la ligne qui pourrait signifier un refus alors il prend cela comme une invitation à poursuivre.
- Je sais que tu ne veux probablement plus me voir et je comprendrais que tu ne veux plus me parler non plus mais tout ce que je te demande, c'est une soirée, juste une pour que je te dise tout ce que j'ai à dire.
Il avait dit cela en une phrase, sans prendre le temps de faire une pause, ne serait-ce que pour respirer, par peur qu'Oikawa ne l'interrompe.
- Après ça, si tu n'es pas convaincu, je te laisserais tranquille et tu n'entendras plus jamais parler de moi. Mais s'il-te-plait Tooru, accorde-moi juste cette soirée.
Un long silence s'en suivit et Tobio crut qu'Oikawa avait raccroché, faisant monter une sourde inquiétude dans sa poitrine.
-Toor-
- C'est d'accord, l'interrompit Oikawa.
- OK super ! Merci beaucoup !
Kageyama ne put contenir sa joie et la réduction qu'il ressentait, justifiait la pression qu'il avait ressenti quitter son corps.
- Je te dis à plus tard alors-
- Tobio est présent.
Kageyama se figea, la peur – à ce stade une vieille amie – recommande à l'envahir. Qu'est-ce que Tooru allait dire ? Est-ce qu'il avait changé d'avis ? Qu'il ne voulait finalement pas venir ? Il déglutit bruyamment et sa voix était faible lorsqu'il répondit.
- Quoi ?
- Tu ne m'as pas dit la date.
Ah . C'était donc ça. Vraiment ? Il ne l'avait pas fait ? Maintenant qu'il y fallait, c'était probablement le cas. Il soupira, reçu une nouvelle fois la tension quittant ses épaules.
- Oui c'est vrai, pardon. C'est ce samedi, je peux passer te prendre vers 19h ?
- Attends, ce samedi ?
- Oui pourquoi ?
- Tu aurais dû me prévenir avant, j'ai déjà choisi quelque chose de prévu.
- Oui pardon. Je sais que je m'y suis pris tard. Si tu ne peux pas trouver du temps, on peut peut-être décaler, je comprendrais.
Une vague de déception s'abattit sur lui et Oikawa sembla le sentir puisqu'il soupira avant de reprendre la parole.
- Mais… Je pense que je peux me libérer pour cette fois.
- Vraiment ?
Tooru rigola légèrement au ton enfantin qu'avait pris Tobio, comme si on venait d'autoriser un enfant de faire un autre tour de manège après le lui avoir refusé.
- Oui, vraiment. C'est bien samedi à 19h ?
- Oui c'est ça !
- Ok super, je t'enverrais mon adresse par sms pour que tu puisses venir me chercher.
- D'accord merci !
Aucun des deux ne savait plus quoi dire après ça. Encore une fois, cela montrait que leur connexion naturelle avait été gravement endommagée. La pensée tira une grimace sur le visage de Tobio mais son début d'introspection fut bien vite interrompu par la voix d'Oikawa dans son oreille.
- Eh bien, à samedi Tobio-chan.
- Oui, à samedi.
Et sur ce, ils raccrochèrent. Kageyama s'affala sur le canapé, soupira bruyamment et regarda le plafond pendant plusieurs minutes. Il se sentait épuisé, il avait fait le tour de toutes les émotions possibles et inimaginables et se sentait désormais vidé. Son échange avec Oikawa s'était plutôt bien passé, ou du moins mieux que ce qu'il avait imaginé.
Il repensa à la voix de Tooru, à son visage ; cela faisait un moment qu’il ne l’avait plus vue et cela lui manquait terriblement. Peut-être que lui aussi avait pris le temps de réfléchir au futur de leur relation pendant ces quelques mois séparés. Puis il y avait aussi le fait qu’il l’avait appelé Tobio-chan ; ça aussi lui avait manqué, plus qu’il ne voudrait l’admettre. Il n’y avait qu’Oikawa pour l’appeler ainsi.
La première fois qu’il avait reçu ce surnom, c’était après leur premier rendez-vous, quand ils se sont quittés. Tobio s’en souvenait comme si c’était hier. Ils étaient tous les deux sur le trottoir – après que Tooru lui avait passé son écharpe, ce qui était déjà quelque chose qui n’avait pas laissé Kageyama indifférent, et encore c’était un euphémisme. Tooru avait insisté pour raccompagner Tobio chez lui, insistant sur le fait qu’il faisait trop froid. Au moment de se dire aurevoir, sur le perron de la porte, Tooru avait regardé Tobio dans les yeux avec une expression qui relevait presque de la magie et les mots qui étaient ensuite sortie de sa bouche n’avaient fait qu’accroitre le sentiment d’euphorie qui avait déjà commencé à se diffuser dans le corps de Tobio.
Ce simple « A la prochaine, Tobio-chan » avait eu plus d’impact que ce que Tooru pourrait imaginer, encore aujourd’hui.
Ce qui l’amena à repenser à la dernière fois que Tooru l’avait appelé comme ça ; cela devait être avant tout ça ; avant la soirée ou avant qu’Oikawa ne quitte l’appartement. Il fronça les sourcils lorsque sa réflexion s’intensifia, n’arrivant pas à se souvenir de la dernière fois qu’Oikawa l’avait appelé Tobio-chan.
Il ne reprit ses esprits que lorsqu'il entendit quelque chose vibrer à ses côtés. Il prit son téléphone et le déverrouilla ; la lumière soudaine du téléphone éclaira le visage fatigué de Kageyama, ce qui le fit grimacer. Il s'agissait d'un message d'Oikawa avec l'adresse à laquelle Tobio devrait passer le chercher. C'était tout, rien de plus, rien de moins, pas de message accompagnant l'adresse ; et pour une des nombreuses fois ce soir, cela le fit souffler. Les choses n'allaient pas être simples.
~ ~ ~
Les jours passaient, jusqu'à ce qu'il soit enfin (ou déjà) samedi. L'attente avait été une véritable torture. Bien sûr, il avait hâte de revoir Oikawa mais en même temps il appréhendait ; et son angoisse n'avait fait que croire lors des derniers jours.
Il revint sur Terre lorsqu'il mit sa veste de costume sur ses épaules. Il prit soin de regarder son apparence dans le miroir au moins une dizaine de fois avant de partir ; non pas que cela soit son genre mais ce soir était particulier et il a mis deux fois plus de temps que d'habitude pour se préparer.
Il inspire et expira lentement alors qu'il ouvrit la porte et sortit de son appartement, prenant bien soin de la fermer à clé derrière lui. Il descendit les escaliers de son immeuble avant de se retrouver sur le trottoir. Il a jeté un coup d'œil derrière lui avant de prendre la direction de l'endroit qu'Oikawa lui avait indiqué quelques jours plutôt, le pas lourd. Au fur et à mesure qu'il marchait, ses mains tremblaient de plus en plus et il les mit donc dans ses poches, tenté de se convaincre que cela était sûrement dû à la douce brise qui chatouillait son visage et qui s'infiltrait dans ses vêtements.
Lorsqu'il fut devant le bâtiment, il remarqua qu'il y avait un digicode et alors qu'il sortait son téléphone pour appeler Oikawa, le concerné apparut devant lui, sortant de l'immeuble.
- Ah, j'allais t'appeler.
- Eh bien plus besoin puisque je suis là.
- Oui, en effet.
Le silence qui s’installa n’avait rien d’agréable, au contraire il était assez pesant et Tobio se mit à redouter le reste de la soirée. Il souffla discrètement, apaisant la tension dans ses épaules et se reconcentrant sur son objectif.
Kageyama s'est arrêté de réfléchir et d'observer à la place l'apparence d'Oikawa. Il était magnifique dans son costume ; sa chemise blanche suivait parfaitement le contour de ses muscles mais la veste qui recouvrait ses épaules l'empêchait Kageyama de profiter de la vue autant qu'il l'aurait souhaité. Il abaissa son regard et s'attarda sur les jambes de celui-ci, son pantalon le moulait parfaitement et encore une fois, ses muscles étaient visibles à travers le tissu. Le regard de Kageyama monta encore et s'attarda encore plus haut jusqu'à… Il détourna subitement le regard, rougissant légèrement et il reporta son attention sur le visage d'Oikawa où il vit y un sourire suffisant, s'étant visiblement fait repérer .
Tobio fit signe à Tooru de le suivre et l'autre s'exécuta. Ils marchèrent côte-à-côte, à une distance respectable, trop respectable si vous vouliez l'avis de Tobio. Néanmoins, il a décidé de ne pas s'attarder sur ce point et de prendre les choses en main. Après tout c'était lui qui avait proposé cette soirée et c'était lui qui avait des choses à se faire pardonner.
- Où es-tu maintenant ?
Tooru ne sembla pas comprendre la question et lui retourna un regard confus, alors Kageyama prit soin de reformuler :
- Je veux dire, où est-ce que tu habites ?
- Oh, je suis chez un de mes amis de fac. Il m'a proposé de venir chez lui lorsque je suis… parti.
- D'accord.
Puis plus rien. Kageyama essaya de ne pas faire attention à la piqure de jalousie qu’il ressentait. Oui, c’était Oikawa qui avait décidé de partir mais c’était clairement la faute de Tobio. Et puis qui était cet ami, quelle était sa relation avec Tooru ? Etaient-ils proches ? Apparemment oui, étant donné qu’il a tout de même accepté de l’héberger.
Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant le restaurant. Ce restaurant, le premier où ils étaient allés ensemble. Kageyama regarda Oikawa en coin, observant sa réaction, ce dont il ne fut pas déçu. Les yeux de Tooru s’écarquillèrent et semblèrent se perdre une seconde – probablement dans des souvenirs – avant de diriger son regard vers Kageyama qui le fixait déjà. Il pouvait y lire tant d’émotions ; et ce n’était que le début de la soirée, pensa le passeur.
Tooru tentait tant bien que mal de garder son regard neutre mais Tobio n'était pas dupe et parvint à lire sur son visage comme dans un livre ouvert. Dans les yeux de Tooru, il y avait de la nostalgie – preuve qu'il s'était tout de suite souvenu de l'endroit où ils se qualifiaient – mais il y avait également de l'émerveillement – peut-être dû à l' expectative de ce qui allait de passer. Cependant, lorsqu'il vit de la tristesse dans ces beaux yeux chocolat, il fut légèrement troublé.
- Tu veux rentrer ?
Puis Tooru hocha la tête et le suivit Tobio à l'intérieur. Sa voix avait été si douce qu'il a lui-même été surprise – il s'était sûrement laissé attendre d'être devant la réaction d'Oikawa.
Un serveur les accueillis et Kageyama donna son nom pour qu'il puisse les installer. Il avait demandé une table dans un coin, à l'abri des regards de façon à avoir plus d'intimité avec Oikawa. Ils s'installèrent face à face. Dès qu'ils furent assis, Tobio toucha la poche de sa veste et souffla discrètement de relâchement lorsqu'il réalisa que la petite boite qu'il avait apportée avec lui était toujours là.
Lorsqu'il rapporta son regard sur Oikawa, il remarqua que celui-ci semblait nerveux pour une raison quelconque. Mais Tobio ne savait pas si leur relation était assez stable pour se permettre de demander ou d'initier un geste, alors il ne fit rien et se contenta d'observer l'homme devant lui.
Après quelques instants, un des serveurs leur apporta la carte et leur demande s'ils souhaitaient prendre un apéritif. Oikawa a immédiatement regardé Tobio et a posé une question silencieuse avec ses yeux, lui demandant son avis. Tobio s'est donc tourné vers le serveur et a répondu affirmativement avant de demander une bouteille de champagne et Tooru a haussé un sourcil d'interrogation mais Kageyama a préféré l'ignorer.
La bouteille fut fournie et le serveur remplit le verre d'Oikawa en premier pour qu'il puisse le gouter. Tobio sourit à la réaction de Tooru, avant que le serveur ne le serve aussi et qu'ils ne retournent à l'ambiance désagréable qu'il y avait auparavant.
'il peut le goûter. Tobio sourit à la réaction de Tooru, avant que le serveur ne le serve aussi et qu'ils ne retournent à l'ambiance désagréable qu'il y avait auparavant.
Pourtant il sentait que tout n'était pas perdu et qu'il avait juste à tendre la main pour saisir sa chance. Tooru avait déjà dit ce qu'il avait sur le cœur mais Kageyama n'avait pas pu s'expliquer correctement, trop choqué par les accusations de Tooru sur le moment.
- Toru ?
Tobio commença par appeler et le concerné tourna immédiatement la tête vers lui et sursauta légèrement à la prise de parole soudaine.
- Désolé, dit-il avec un sourire discret.
Tooru se détendit et Tobio pu continuer.
- Je voulais te parler, vraiment cette fois.
Oikawa sembla méfiant mais accepta tout de même la demande, son expression dévenant tout de suite beaucoup plus sérieuse et un peu méfiante.
- D'accord je t'écoute.
Tobio inspira profondément et plaça ses mains sur ses genoux, essuyant ses mains qui commençaient à devenir moite, avant de commencer.
- Tout d'abord, je voulais m'excuser encore une fois pour ce qui s'est passé. Je sais que c'est entièrement ma faute, que je n'ai pas fait assez attention à toi à tel point que tu penses que je t'ai trompé.
Un sourire triste vint étirer les lèvres de Tobio. Il ne trouva pas le courage de regarder Oikawa directement dans les yeux avant sa prochaine déclaration alors il continua, tête baissée.
- Mais je voulais t'assurer qu'il n'y a personne d'autre que toi. Tooru, tu crois vraiment que je serais capable de te tromper avec tout ce qu'on a vécu. Ecoute, je sais que cela peut te sembler étrange que je me sois comporté de cette manière et c'est tout à fait légitime de ta part de t'être demandé s'il n'y avait pas quelque chose choisi derrière ça.
Il prit une respiration tremblante et leva les yeux vers ceux de Tooru et il espérait que son regard était aussi sincère et déterminé qu'il le ressentait.
- Mais ce que je voulais vraiment de dire c'est qu'il n'y aura jamais personne d'autre que toi. Je t'aime Tooru. Je t'aime tellement Tooru que certains jours ça me fait mal. Et je souffre encore plus de savoir que tu ais pût penser que je ne t'aimais plus. Alors je suis désolé Tooru, je suis tellement désolé. J'ai été un imbécile pendant des mois et je suis désolé que tu ais dû me supporter.
Tobio laissa les larmes dévaler ses joues. Ce n'est pas le discours qu'il avait prévu à la base mais son sentiment de culpabilité avait pris le dessus, tout comme celui du manque qu'il avait ressenti ces dernières semaines.
***
Le jour où Tooru avait quitté l'appartement et par conséquent, Tobio, il s'en était tout de suite voulu. Cependant, il n'avait rien fait pour arranger les choses, attendant que Kageyama fasse le premier pas. Il s'était donc rendu chez un ami de sa faculté dont il était assez proche, ou du moins dont il savait qu'il ne poserait pas trop de question.
Il n'y avait pas eu un seul jour sans qu'il ne pense à lui. Il savait que lorsqu'il était seul, Tobio avait tendance à privilégier ses études au détriment de sa santé et Oikawa avait donc dû repousser plusieurs fois l'envie d'envoyer un texte à Tobio pour lui rappeler de bien se nourrir et de bien dormir .
Quant au jour de la fête, il était énervé, avait passé une mauvaise journée et Tobio avait été là, s'excusant, ce qui – pour une raison quelconque – avait encore plus attisé sa colère.
Mais maintenant il se trouve là, dans un restaurant à regarder l'homme qu'il aime pleurer, incapable de trouver les mots corrects devant la déclaration de Tobio. Honnêtement, il n'avait pas pensé très légèrement que Tobio le trompait ; l'idée lui avait juste effleuré l'esprit mais sans y faire une certitude. Il connaissait Tobio et il savait qu'il n'y avait aucun risque qu'il le trompe mais il avait juste voulu s'en assurer. Cependant, il n'avait pas pensé que cela l'affecterait peu autant et se sentait un coupable pour ça.
Il ne savait pas quoi dire ; alors il attendit juste que Tobio se calme. Il voulait le prendre dans ses bras, lui dire que lui aussi était désolé d'avoir douté de Tobio. Il allait prendre la parole pour exposer ses pensées mais Tobio fut plus rapide.
- Et je suis désolé de ne pas avoir fait assez attention à toi. Je sais que tu as aussi des examens et qu’en plus de ça tu dois gérer le club de volley mais j’étais tellement angoissé par mes études que j’en ai oublié tout le reste. Alors je suis désolé pour ça aussi.
Kageyama se mordit la lèvre alors qu’il s’essuyait les yeux et sa phrase suivante sortit comme un murmure.
- Et je comprendrais que tu ne veuilles plus être avec moi.
Tobio avait l’air abattu, comme si son sort était déjà scellé et qu’il n’y avait plus aucune issue possible. Mais ce qu’il ne savait pas, c’est que Tooru attendait juste que Tobio s’explique et qu’il lui dise ce qui s’était passé. Alors oui, il avait été blessé du comportement de Tobio, mais quand il voyait à quel point le plus jeune s’en voulait, il se dit qu’il n’y avait plus aucun problème du moment qu’il reconnaissait ses erreurs et qu’il ne recommençait pas.
- Tobio…
Kageyama sursauta, sûrement à cause du manque d’honorifique et par conséquent, n’osa pas relever la tête pour regarder dans les yeux d’Oikawa. Tooru sourit affectueusement avant de reformuler.
- Tobio-chan, regarde-moi s’il-te-plait.
Alors le passeur s’exécuta ; ses yeux étaient gonflés et rouges d’avoir pleuré et il semblait tendu ; le cœur de Tooru se serra à cette vision. Maintenant c’était à son tour de réconforté Tobio.
- Je comprends ce que tu veux dire et je te crois. Je sais que ces dernières semaines ont été difficiles pour toi. Je sais que lorsque tes examens approches, tu stresse tellement que tu t’enferme dans ta bulle. Comme tu l’as dit, j’ai mon club en plus de mes examens et je sais que toi tu n’as que tes études et que donc ta réussite signifie beaucoup.
Il prit une grande inspiration pour donner plus d’importance à ses prochains mots.
- Et je suis heureux que tu te sois rendu compte de ton erreur et je te pardonne. Cependant, je voulais aussi m’excuser.
Le regard de Tobio sembla confus.
- Je n’aurais pas dû partir comme ça et te laisser seul, c’était égoïste de ma part. Tu avais besoin de soutien et de réconfort mais j’ai été lâche. J’aurais dû insister-
- Tooru non, c’est moi qui-
- Laisse-moi finir s’il-te-plait. J’aurais dû insister. Seulement j’étais vraiment en colère et je me suis laissé emporter par mes émotions et je suis désolé pour ça. Je savais que tu ne m’avais pas trompé, j’ai juste eu peur pendant une seconde. Je ne veux pas que tu penses que ce qu’on a vécu ne signifiait rien pour moi, au contraire, c’est et cela restera les plus belles années de ma vie. Alors oui, Tobio, je te pardonne et j’espère que toi aussi, tu accepteras mes excuses.
Kageyama semblait abasourdit. Visiblement il ne s’attendait pas à une telle confession. Il hocha d’abord la tête pour signifier qu’il avait entendu et compris avant de se rappeler qu’il devait probablement dire quelque chose.
- Oui… Oui, bien sûr que je te pardonne.
Les deux soupirèrent de soulagement et l’atmosphère semblait désormais plus sereine.
***
Le reste du repas se passa extrêmement bien, plus que l’un ou l’autre ne se seraient doutés. L’atmosphère était beaucoup plus légère et ils parlaient comme avant, leurs conversations s’orientant vers toutes sortes de choses. Ils parlaient comme si rien ne s’était passé. Leur connexion était redevenue telle qu’elle était autrefois et ils étaient tous les deux soulagés que les choses se soient arrangés.
Lorsqu’ils sortirent du restaurant, il était dix heures passées. Ils marchaient dans les rues de Tokyo, se tenant la main et se lançant des regards discrets et significatifs. Mais ce n’était pas encore le moment de pensé à ce genre de chose ; Tobio avait un plan et il n’était pas encore fini.
Il tourna à une intersection et les emmena dans un parc pas très fréquenté. Ils avaient l’habitude d’allé là lorsqu’ils voulaient être tranquille pour lire, étudier, ou simplement passé du temps ensemble.
Tooru reconnut immédiatement l’endroit et serra la main de Tobio un peu plus fort. Il n’avait pas besoin de parler, ses yeux retranscrivaient toutes ses émotions et le sourire de Kageyama s’élargit à la vue. Il tira la main de Tooru et lui fit signe de le suivre.
Comme prévu il n’y avait personne et Tobio remercia les dieux pour ça. Il allait pouvoir rester seul avec Tooru et observer le ciel avec lui. Tout était déjà en place : la couverture, la bouteille de champagne pour eux deux et l’appareil photo. Il avait demandé à un de ses amis de longue date de l’aider un peu : Hinata Shoyo.
Tooru s’installa sur la couverture, des étoiles dans les yeux. Ce fut littéralement le cas quand les étoiles du ciel se reflétèrent dans ses yeux et Tobio ne put détacher son regard d’Oikawa, observant comment ses brillaient avec le reflet des faibles lumières de la nuit. Celui-ci le surprit et rougit en premier lieu, n’ayant pas remarqué que Tobio le fixait depuis de nombreuses minutes maintenant, avant de lui adresser un sourire sincère, qui illumina son visage plus qu’il ne l’était déjà.
- Je t’aime.
Les mots étaient sortis tout seul et les yeux de Tooru s’ouvrirent largement. Sûrement avait-il vue la sincérité dans les yeux de Tobio, toutes les pensées qu’il essayait de transmettre à travers ces trois mots ou encore tout l’amour qu’il ressentait en ce moment à son égard. Le regard d’Oikawa se fit plus doux, le sien rempli du même amour et il répondit aux mots de Tobio.
- Je t’aime aussi.
Tobio lui sourit simplement avant de se nicher plus près d’Oikawa, la tête sur son épaule pendant qu’ils observaient le ciel étoilé.
Quelques heures plus tard, une fois qu’ils eurent fini de s’embrasser et de se câliner, rattrapant le temps perdu, Tobio appela Oikawa.
- Tu veux partir ?
Il sembla hésité, lui aussi se sentant très bien ici, avec Tobio dans ses bras mais hocha finalement la tête en signe d’accord.
Oikawa se leva et attendit Tobio avant de lui prendre la main. Tooru commençait visiblement à prendre la direction de l’appartement quand Kageyama le retint. Il avait encore quelque chose de prévu. Oikawa se retourna avec un regard confus.
- J’ai encore quelque chose pour toi, murmura-t-il à l’oreille d’Oikawa.
Celui-ci sourit simplement avant de se laisser entrainer par Tobio un peu plus loin dans le parc.
Quelques instants plus tard, Ils se trouvèrent dans le kiosque, celui qui avait été témoin de leur premier baiser. Encore une fois, Tobio n’avait pas fait les choses à moitié et avait littéralement tout prévu : des guirlandes qui pendaient le long des barrières, aux bougies sur les bancs, rendant l’ambiance très romantique et presque féérique.
Les émotions furent trop fortes pour Tooru alors qu'il commençait à pleurer de joie. Tobio se tourne vers lui avec un regard inquiet.
- Eh, est-ce que ça va ? Demande-t-il d'une voix douce.
- Oui, pardon c'est juste que je pensais à quel point tu étais incroyable.
Il gloussa à sa propre phrase et Tobio le suivit, riant de la sincérité de ces mots et heureux de provoquer tant d'émotions chez Tooru.
Une fois qu'Oikawa se fut plus calme, Tobio sortit un étui de sa poche et plaça un genou à terre. Il ouvrit le boitier où l'on pouvait désormais apercevoir une bague en argent, scintillant sous le clair de lune et sur laquelle brillait un diamant.
***
Tooru observe Tobio se baisser avant de poser un genou à terre et de lui présenter une petite boite, dans laquelle reposait un anneau.
Les yeux de Kageyama étaient braqués sur lui, et l'amour qu'il ressentait à ce moment était incommensurable alors qu'il prononçait les mots qu'il avait toujours voulu entendre de l'homme qui avait bouleversé sa vie.
- Tooru Oikawa, veux-tu m'épouser ?
Les yeux de Tooru se réembuèrent immédiatement en voyant le bijou et il les essuya la seconde d'après ; il aurait tout le temps du monde pour pleurer plus tard.
- Oui… Oui, oui Tobio, bien sûr que je veux t'épouser !
Tobio se redressa et passa l'anneau autour du doigt d'Oikawa, ses mains tremblaient d'excitation et d'émotion.
Une fois que cela fut fait, Tooru attira immédiatement Tobio pour l'embrasser. C'était prêté, doux, amoureux et aucun des deux ne voudrait se trouver autre part ; et cela tombait plutôt bien étant donné que désormais, ils seraient ensemble pour le restant de leurs jours.