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Une Seconde Chance

Summary:

John pensait pouvoir en finir avec la vie mais le Destin en avait décidé autrement. Se retrouvant dans un monde où personne ne le connait, John retrouve des personnes qu'il croyait avoir perdues à jamais.

Notes:

Hello !

Ce texte a été écrit en réponse à ce challenge proposé sur le merveilleux discord de La Fabrique à Plumes : écrire sur un couple crossover. Exemple: Lancel de Game of Thrones et Osman II de Magnficent Century. Le but, c'est juste de réussir à rapprocher deux univers que vous aimez.

J'ai donc choisi d'utiliser The Man in the High Castle et Firefly Lane, vous allez comprendre pourquoi dans un instant.

Bon tout d'abord, comme ça ne devait pas être trop long j'ai fait beaucoup de raccourcis et je dois vous avouer que la justification d'un John en uniforme nazi dans un monde libre est totalement bidon mais j'ai trouvé que ça 😂

Ensuite j'ai choisi ces deux crossover car dans Firefly Lane on retrouve l'actrice qui joue Helen Smith, la femme de John dans TMITHC, qui s'appelle Maggie ou Margie dans Firefly Lane et l'acteur qui joue Thomas, le fils de John et Helen qui se nomme Sean dans l'autre série.

Pour vous situez un peu, j'ai pris les derniers instants de John dans TMITHC où il a tout perdu et je l'ai envoyé à Firefly Lane. Dans TMITHC il y a une histoire de multivers où des gens peuvent passer d'un monde à l'autre. Pour Firefly Lane j'ai simplement utiliser la ville et quelques personnages.

Bon je crois que j'ai tout dit, je vous souhaite une bonne lecture et à bientôt !

Work Text:

Une seconde chance :

 

Quand John était arrivé à Firefly Lane, sa vie avait été détruite. Il avait essayé de se suicider au bord d’une falaise après avoir perdu son pays, sa femme et ses enfants. Il avait tenu le corps inerte d’Helen dans ses bras et au milieu du chaos et des fusillades, il avait dû l’abandonner là dans le neige et le froid. Il n’avait pas pu la mettre en sécurité, protéger son corps des résistants. Il avait été trainé loin d’elle avant que son bataillon ne soit tué et qu’il ne décide d’en finir. Mais le destin avait un bien étrange sens de l’humour. Juliana Crain, cette femme qui avait détruit sa vie comme lui avait détruit le sienne avait été là pour qu’il soit bel et bien éradiqué de cette terre. Hélas, pour elle comme pour lui, son plan avait échoué et John avait ouvert les yeux sur un monde où personne ne le connaissait et où les nazis avaient perdu la guerre.

Blessé et perdu, il avait reçu l’aide de deux adolescentes et d’un mère. Son uniforme avait bien sûr paru suspect et la police l’avait interrogé après son opération pour extraire la balle que Juliana avait tiré mais d’un habile mensonge John s’en était sorti. Allongé sur son lit d’hôpital, il avait reçu la visite d’une personne qu’il avait cru ne revoir que dans la mort.

Helen… Il n’avait pas imaginé sa voix lorsqu’il se vidait de son sang sur le bitume, elle était en vie dans cet univers et elle toujours aussi magnifique. Elle était infirmière et… mariée avec deux enfants. Ce n’était pas sa femme et elle ne le serait jamais. Elle était simplement une infirmière ayant fait son devoir… Il n’était rien pour elle, un simple patient. Pourtant au lieu de partir de cette ville, John s’y installa. Cette Maggie ne serait peut-être jamais rien d’autre qu’une connaissance mais il ne voulait pas quitter cet endroit où une personne portant le visage de sa chère Helen vivait. C’était idiot et probablement malsain mais il ne pouvait se résoudre à partir.

Seulement, John n’était pas au bout de ses surprises car lorsqu’il rendit visite à Maggie pour la remercier de l’avoir aidé, un jeune homme qu’il avait cru avoir perdu pour toujours lui ouvrit la porte. Thomas ou plutôt Sean, était un adolescent en pleine forme, sans maladie et au style… étrange. Mais il était bel et bien là, devant lui, un sourire poli aux lèvres et ce sourire brisa un peu plus le cœur de John. Il ne savait pas qu’il était, il ne savait pas que dans un autre monde, John était son père. Il le regardait comme lorsqu’on regardait un inconnu. Helen et Thomas vivaient ici mais aucun d’eux ne le reconnaissait. C’était un véritable déchirement et pourtant, il ne quitterait cette ville pour rien au monde. Il préférait s’infliger ce calvaire plutôt que ne plus jamais les revoir.

Les jours passèrent et John réussit à se dégotter un petit travail chez le garagiste du coin. Cela ne rapportait pas gros mais le salaire payait le loyer de son appartement et le nécessaire pour vivre. Les gens le regardaient avec méfiance, il était cet homme apparu de nulle part dans un uniforme SS, blessé par balle, mais bien vite la population passa à autre chose. Il vivait une vie solitaire, son alliance pendait autour de son cou, symbole de l’amour qu’il avait perdu et qu’il ne retrouverait jamais. John vivait avec la culpabilité des crimes qu’il avait commis. Maintenant qu’il n’y participait plus, l’impact de ses actions le percutait de plein fouet et les morts venaient le hanter la nuit. Ils lui rappelaient que où qu’il aille, ses crimes ne disparaitraient jamais. La justice ne pouvait peut-être pas lui faire payer ses assassinats mais le dégout de soi-même, la mort d’Helen et la perte de ses enfants étaient là pour lui rappeler à quel point il était devenu quelqu’un d’abjecte, quelqu’un qui ne méritait pas d’être heureux.

Firefly Lane était tranquille, il n’y avait pas grand-chose qui s’y passait, à part peut-être les déboires d’une certaine Cloud qui faisait beaucoup parler d’elle. C’était une sorte de hippie qui ramenait toutes sortes d’hommes à la maison et qui fumait du matin au soir. John avait de la peine pour l’adolescente qui devait subir cela. Cloud était une femme vulgaire qui parlait fort et qui mentait pour s’attirer la sympathie des autres. John essayait de l’éviter le plus possible. Il avait aussi découvert parfaitement par hasard – il n’espionnait pas Maggie – en lui rendant visite pour la fuite d’huile sur la voiture de son mari, qu’elle avait un amant. Il ne savait pas si cette découverte devait le réjouir ou lui briser le cœur. Il était partagé entre la déception de voir Helen avec un autre homme ou de se réjouir que le mariage de Maggie ne soit pas si parfait qu’il n’y paraissait. John garda bien évidemment le secret.

Au fil des jours, une amitié commença à se forger entre Hel… Maggie et l’ancien SS. Il était souvent invité à la maison des Mularkey. Il apprit ainsi que Thom… Sean – décidément – était homosexuel et qu’il avait apparemment un petit ami. Autant dire qu’avaler sa gorgée de travers était un euphémisme car le pauvre homme manqua d’en recracher son verre. Il n’avait rien contre les homosexuels, ni même contre tous ceux que le Reich avait brimés, c’était simplement une immense surprise. Il se souvenait de la dernière conversation qu’il avait eu avec son Thomas qui lui parlait de cette fille qu’il aimait… Cette époque lui paraissait si loin à présent. Maintenant, il vivait dans les années soixante-dix entouré de sa femme et de son fils mais aucun des deux n’était de sa famille. Et pourtant, les semaines défilèrent et John passait de plus en plus de temps avec Sean et Margie. Sean venait le voir au garage et même si il ne connaissait rien à la mécanique, il se confiait sur les problèmes qu’ils avaient chez eux, les disputes entre leur mère et leur père, les brimades au lycée sur son homosexualité et John écoutait. Margie venait prendre de ses nouvelles, elle lui demandait si il avait besoin de quoique ce soit et John avait envie de lui répondre :

 

- Vous…

 

Mais il se taisait et répondait que tout allait bien. Et puis ce qui devait arriver arriva, un soir alors que Maggie et lui étaient restés tard en ville, un baiser fut échangé. John ne savait pas qui l’avait initié, il ne savait pas si c’était lui ou elle mais tout ce qu’il savait à cet instant c’était que les lèvres de cette femme contre les siennes était tout ce dont il avait envie… Ce fruit défendu lui était offert et il n’arrivait pas à y résister. Qu’elle soit mariée ou non, ce moment précis, il n’en avait absolument rien à faire. Il retrouvait Helen et c’était tout ce qui lui importait. Mais son cerveau conjura une image de sa défunte femme et John ne put aller plus loin. Il ne pouvait pas la trahir…

 

Tu l’as déjà fait.

 

Cette voix qui résonnait dans sa tête ressemblait étrangement à l’homme qui avait détruit sa vie, qui avait menacé toute sa famille et fait tué un de ses plus proches alliés. Cette voix à l’accent allemand lui donnait envie de vomir. Il avait tué Himmler mais son emprise sur lui était toujours là. Il était brisé et il ne méritait pas cette seconde chance, il ne méritait pas l’affection que Maggie lui portait, il ne méritait pas ce baiser ni quoique ce soit d’autre. Il n’avait pas le droit de noircir l’âme de Maggie… Et pourtant…

Maggie n’était pas une femme à qui on disait non sans explication. Elle lui rappelait tellement son Helen avec sa détermination, sa douceur et sa compassion, si bien qu’il tomba dans les mailles du filet et finit par lui avouer une partie de son histoire.

Un soir, alors qu’il réparait une voiture, seul dans l’atelier, Maggie vint lui rendre visite. Ils ne s’étaient pas vu depuis ce fameux baiser. John avait tout fait pour l’éviter tel le lâche qu’il était.

 

- John, il faut que nous parlions.

 

Ce n’était jamais bon quand une femme commençait une conversation de la sorte.

S’essuyant les mains pleines de cambouis sur un torchon, John se prépara à la discussion. Il avait été un homme de l’US Army, un soldat, un membre haut placé de la SS, il avait fait face au Führer, il pouvait bien faire face à une longue et difficile conversation avec une femme qu’il avait embrassée… N’est-ce pas ? En réalité, il n’en était pas tout à fait sûr…

 

- De quoi voulez-vous parler ?

 

De la météo bien sûr…

 

- Vous savez très bien de quoi je veux parler, John.

 

Droit au but…

 

- Je suis désolé de vous avoir embrassée, je n’aurais pas dû. Vous êtes mariée et c’était inconvenant…

- Ce n’était pas du tout ce que je voulais entendre.

- Et que vouliez-vous entendre ?

- Juste après m’avoir embrassée, vous avez dit que vous ne pouviez pas la trahir, de qui parliez-vous ?

 

La question fut comme un coup de poignard en plein cœur. Il aurait dû s’y attendre, après tout il portait son alliance autour de son cou, un jour ou l’autre quelqu’un aurait fini par lui demander où était son épouse. Mais cela n’en demeurait pas moins difficile. Jamais il n’en avait encore parlé. Jamais il n’avait prononcé ces mots.

 

Morte. Morte. Morte. Helen est morte et toi, toi John tu es toujours là parce que même la Mort n’a pas voulu de toi.

 

- John ?

 

Se raclant la gorge, l’ancien militaire reprit les réparations de la voiture. C’était plus facile quand il ne la regardait pas, quand son esprit se concentrait sur autre chose.

 

- Ma femme.

- Oh… Vous êtes marié donc…

- Je l’étais oui. Mais aujourd’hui, je me trouve marié à son esprit…

 

Morte.

 

- Oh John…

- Elle est morte et pourtant je n’arrive pas à tourner à la page. Je n’arrive pas à me dire que ce n’est pas la trahir que d’avancer… Mais tout ce que je vois quand je pense à vous, c’est son corps, froid et brisé… Son visage sali par la cendre et la boue…

 

Et tu l’as abandonnée au milieu de nulle part. Tu as laissé son corps près du train et qui sait ce que ces résistants ont fait à sa dépouille. Peut-être l’ont-ils brûlée ou jetée en pâture à des cochons ? Alors John, qu’est-ce que cela fait de savoir que tu es le responsable de sa mort ?

 

- Je l’ai tuée… J’ai fait tant de choses horribles dans ma vie… Je pensais que suivre les ordres sauverait ma famille mais ça l’a détruite… La guerre, le pouvoir, moi… J’ai détruit ma famille… Mes enfants, ma femme… Je les ai perdu et je ne pourrai jamais les retrouver… Je ne devrais pas être là aujourd’hui, j’aurais dû perdre la vie dans cet accident de train, j’aurais dû mourir au bord de cette falaise d’une balle dans la tête ou j’aurais dû mourir en chutant dans le vide et pourtant je suis ici à vous raconter ça et vous devez sûrement me prendre pour un fou. Vous avez peut-être raison, je suis peut-être fou ou je suis peut-être mort et tout ça, toute cette ville est mon enfer car je ne peux pas vous avoir et…

 

Et Thomas ne te reconnait même pas. Tu ne mérites pas d’être heureux John. Tu mérites de souffrir pour tout ce que tu as fait.

 

- Ne dîtes pas ça !

- Quand vous m’avez trouvé… n’étais-je pas en uniforme SS ?

- Vous avez dit que des nazis vous avaient obligé à porter cet uniforme avant de vous tirer dessus car vous aviez aidé une personne de couleur…

 

John soupira et se tourna enfin vers Maggie. Il ne pouvait pas lui dire cette vérité, il ne pouvait pas lui avouer que son monde était si différent du sien.

 

- C’est vrai, j’ai dit ça… Saviez-vous que je n’avais pas entendu de jazz depuis si longtemps…

- Comment avez-vous pu ne pas entendre de jazz ?!

- Là d’où je viens… Ce n’est pas très populaire…

- Nous devons remédier à cela !

 

Un sourire se dessina sur les lèvres de John devant l’enthousiasme de son amie. Maggie lui rappelait la Helen du monde libre, celle qui aimait danser le rock et qui aimait croquer la vie à pleines dents. Mais bien vite, une ombre tourmentée tomba sur le visage de la mère de famille et John y vit son Helen, celle qui l’avait soutenu durant tous les moments difficiles, celle qui avait perdu son fils et qui avait fini par se tourner vers la résistance.

 

- John, à propos de… à propos de nous, j’aimerai que nous nous laissions une chance.

- Vous êtes mariée Maggie.

- Mon mariage est partie en fumée depuis longtemps vous savez. Avant de vous connaître, je n’en suis pas vraiment fière mais j’avais un amant… il m’apportait du réconfort mais il n’était pas la personne qui me correspondait vraiment. Et puis vous êtes rentré dans ma vie comme par magie et depuis, lorsque je suis à vos côtés, je me sens revivre, j’ai l’impression d’être libre et… Je pense que… je suis tombée amoureuse de vous…

- Maggie…

- Je sais que vous n’êtes pas prêt à avancer mais peut-être que si nous nous laissons le temps…

- Je ne sais pas si j’arriverai à avancer… Maggie je ne veux pas que vous m’attendiez éternellement… je ne suis même pas sûr que vous souhaitiez vraiment être avec moi. Je ne suis pas quelqu’un de bon, je ne suis pas ce que vous croyez. Je suis un…

- John si vous prononcez le mot monstre je ne serai pas responsable du mouvement de ma main. Je suis assez grande pour savoir ce que je veux. Ou peut-être que vous ne me voulez pas ?

- Non ! Non ce n’est pas ça ! Vous ne pouvez pas imaginer à quel point je vous veux mais…

- Alors laissons-vous une chance. Apprenons à nous connaître, passons du temps ensemble. Il n’y a rien de pressant mais bien que cela paraisse stupide, je ne peux pas imaginer mon futur sans votre présence.

- Et votre mari ?

- Je pense qu’il est temps que nous tournions la page.