Work Text:
Pierre et Benjamin étaient tranquillement assis dans leur salon. Ils profitaient d’un instant de silence avant de devoir partir sur un tournage. Le temps était bon. Depuis la fenêtre ouverte, ils pouvaient entendre quelques oiseaux gazouiller dehors. Il y avait un rayon de soleil qui se posait parfaitement sur le canapé où ils étaient assis. Pierre était tranquillement en train de discuter avec des amis sur son téléphone, en laissant sa main dans les cheveux de Benjamin qui avait la tête sur ses genoux, en train de lire. Ils étaient bien. Ils en étaient presque à regretter d’avoir accepté d’apparaître dans la vidéo de l’une de leur nouvelle collaboratrice. Passer toute leur après-midi ici ne les aurait pas dérangés. Mais quelque part, il savaient qu’ils ne pourraient pas rester dans ce calme trop longtemps. Ce qu’ils n’avaient pas imaginé cependant, c’est la façon dont le calme finirait brisé.
Une première note, semblable à celle d’une guitare sortie de l’enceinte à leur côté. Et immédiatement s’en suivit la voix de Pierre qui s’éleva dans la pièce. Puis celle de Benjamin. Et les deux hommes se figèrent en entendant le début de Pouce Gris qui se jouait dans leur salon. Ni l’un ni l'autre ne s'y était attendu, et ils eurent un petit sursaut en entendant cette chanson sortie depuis plus de sept ans maintenant. Pierre se permit d’éteindre très vite la musique en se levant du canapé, Benjamin sur ses pas. Ils savaient tous deux où se diriger.
Dans le couloir de leur appartement, ils entendaient parfaitement de petits gloussements qui sortaient de l’une des chambres. De nombreux gloussements : les coupables avaient travaillé en groupe. Pierre lança un regard vers Benjamin qui avait un air attendri sur son visage. Ils prirent un temps à écouter les rires derrière la porte, et Pierre frappa sur la porte. Les rires cessèrent en un instant, puis rapidement s'en suivit divers bruits indicateurs des mouvements précipités. Et une fois qu’il n’entendit plus rien, Pierre ouvrit la porte et les deux adultes entrèrent dans la chambre.
À première vue : personne. Mais déjà de nouveaux gloussements, étouffés cette fois, se firent entendre dans la pièce. Les deux hommes se séparèrent, prêts à chercher les fautifs de l’explosion musicale. Un coup d'œil sur le bureau dans le coin de la pièce leur montra que c’était du téléphone posé dessus qu'avait dû provenir la vidéo. Benjamin récupéra son téléphone, se faisant une note mentale de changer son mot de passe étant donné qu’il avait été facilement piraté.
Ils firent semblant de chercher un instant, fouillant dans des endroits improbables. Et enfin, avec un regard complice, ils regardèrent ensemble sous le lit. Cette action fit sortir les deux petites figures qui s’y étaient cachés dessous dans un fou rire. Les deux mômes partirent en courant de la pièce dans des rires communicatifs. Rapidement suivi par les deux adultes. Les rires emplissaient le salon à présent, les chants des oiseaux était parti aussi loin que l’instant calme qu’ils avaient eu, mais entendre rigoler leurs enfants était dans tous les cas, une mélodie bien plus précieuse que celle de pauvres piafs. Ils restèrent un moment comme ça, à juste profiter de ce que la vie leur avait offert.
Une alarme se déclencha sur le téléphone de Pierre. Ils devaient partir pour ne pas être en retard au tournage. Un regard à son mari et ils calmèrent. Exciter les enfants juste avant de partir était la pire idée qu’ils avaient pu avoir. Ils savaient parfaitement combien il allait maintenant être compliqué de leur faire accepter d’aller chez leur nourrice le temps d’une après-midi. Et, eux-même, ne voulaient pas quitter cette ambiance familiale.
« On peut venir avec vous au travail ? »
Ils ne mirent que peu de temps avant d'accepter. Ils évitaient généralement de prendre les enfants avec eux, ne souhaitant pas les laisser seuls se balader dans les locaux et s’ennuyer ou déranger les monteurs. Ils savaient que la plupart des employés aimait les avoir dans la Maison, mais même eux étaient moins concentrés quand ils voyaient leurs enfants se balader dans le jardin. Mais aujourd’hui, ils voulaient rester ensemble. Alors un message à la nourrice plus tard, et ils partirent tous ensemble en direction de Maison Grise. Pierre derrière le volant, Benjamin à ses côtés et les deux enfants à l’arrière.
« Papa ?
一 Hum ?
一 Elle est trop bien la musique ! »
Les deux hommes eurent un rire discret. Si les abonnés ne l'appréciaient pas, au moins ils avaient le soutien de leurs enfants.