Chapter Text
Michael reste appuyé contre la portière usée de son camion, au loin la berline rutilante d'Isobel entre dans le parking du Pony. Il aurait préféré la rejoindre dans sa grande maison vide, ils se seraient saouler en partageant un plat de frite, ils auraient ri et pleuré, et Michael aurait fini la nuit ivre mort sur le grand canapé confortable.
Mais sa si merveilleuse sœur a insisté pour sortir, prendre l'air, voir du monde, célébrer leur toute nouvelle liberté.
Alors le voilà, au fond du parking du Wild Pony, déjà imbibé de Whisky et d'acétone, espérant toujours passer inaperçu, avec un peu de chance Isobel manquera son camion caché dans l'ombre. Les bouteilles sur le siège avant l'appellent, Michael rêve de trouver un coin paumé de désert où se saouler mais Isobel lui sourit en agitant le bras alors Michael choisit de faire plaisir à la seule personne s’inquiétant encore de son sort.
Isobel crochète ses bras autour de son coude, Michael se laisse entraîner vers la porte arrière du Pony, priant pour passer sous le radar et qu'aucun visage connu ne vienne lui demander des compte.
Les notes sont douces, légères, harmonieuses, accompagnant parfaitement la voix puissante, enivrante, délicieuse, et Michael se fige.
Cette voix peuple ses rêves et ses cauchemars depuis plus d'une décennie, il entend quand il marche, quand il hurle, quand il pleure, quand le monde le submerge et que rien d'autre ne peut le sauver.
Et aujourd'hui cette voix chante son histoire, ses erreurs ou ses errances, et lui offre un avenir.
Il lui faut les grands yeux écarquillés d'Isobel pour oser se retourner.
Les grands yeux lumineux d'Alex sont eux bien fermés, le soldat flotte au dessus de la mêlé presque à oublier l'audience qui lui fait face. Michael se laisse porter par la mélodie, vaguement familière, il écoute les mots et entend l'espoir.
Alex relève la tête, et leurs regards se croisent enfin. Le sourire est adorable, ouvert, porteur d'un serment d'avenir que Michael sait ne pas avoir mérité.
Les murmures d'approbation réchauffe son cœur, Isobel se fond contre son épaule, attendrie. Michael peut sentir le bonheur irradier du cœur bien trop grand de sa sœur, et il sait en être le destinataire. Il laisse passer un sourire alors qu'Alex lui promet un foyer pour protéger son cœur.
Rien qu'un instant, Michael s'imagine heureux quelques part dans le désert avec Alex, dans le désert ou ailleurs, n'importe où si c'est avec Alex, et un flash bleu capte son regard.
Forrest long sourit aussi, admiratif et déjà conquis, l'historien n'a d'yeux pour le grand Capitaine Alexander Manes et Michael ne le comprend que trop bien.
Encore un regard, imprimer sur ses rétines la grâce éclatante du fier soldat et Michael renifle péniblement.
Il cogne l'épaule d'Isobel et indique la porte d'un petit hochement de la tête, et sa sœur le retient comme il l’espérait.
- Ne pars pas, Michael, demande-t-elle.
- C'est une histoire triste Alex et moi, tu sais, répond simplement l'Alien.
Isobel considère Alex comme si elle le voyait pour la première fois, avant de retenir Michael par le bras.
- Je dois partir aujourd'hui, pour espérer en construire une nouvelle un jour. C'est pas encore notre heure.
- Votre heure viendra, affirme Isobel.
Michael accorde un dernier regard au soldat, dit « Je le pense aussi » alors que son esprit lui hurle qu'il vient de gâcher sa dernière chance.
L'air frais du désert éclaire ses pensées, Michael peut sentir Isobel le suivre, mais au lieu de l'accompagner jusqu'à son vieux camion défoncé, sa sœur se détourne de lui sans un regard en arrière, avec un « Idiot d'Alien » qui détruit le peu d'amour-propre qui lui restait.
Il vient de perdre son dernier rempart face au désespoir, Michael s'effondre sur le siège, son genou cogne contre le volant et la bouteille de Tequila roule jusqu'à sa jambe.
La première gorgée brûle son palet et sa langue, Michael avale l'alcool jusqu'à s'en étouffer. Il ne prend le temps que d'une inspiration empressée avant d'engloutir un second tiers de la bouteille tout aussi rapidement.
Au loin le néon de Wild Pony le nargue, il grogne alors qu'il attrape la bouteille d'acétone pour en vider le contenu dans le goulot encore ouvert, l'odeur acre emplit l'habitacle quand il en renverse sur son Jeans tâché de graisse.
Michael jure et jette la bouteille de plastique par la fenêtre ouverte, il remue la Tequila et s'amuse un instant des veloutes étranges de l'alcool se mélangeant à l'acétone avant de l'engloutir en une seule rasade.
La première bouteille de Bourbon subit le même sort, ainsi que deux autres flacons d'acétone puis la deuxième bouteille de Bourbon et bientôt il ne lui reste plus le vin sirupeux qu'il avait acheter pour Isobel. Michael envisage un instant de retourner à l'intérieur du bar, il quitte même la cabine du camion, mais trébuche contre une petite pierre, le pense-t-il tout du moins ou peut-être est-il simplement trop ivre pour marcher ?
Il rit alors que sa haine pour lui-même vient brûler le centre de sa poitrine.
La bouteille de vin évite de justesse de se fracasser au sol, mais la tête de Michael heurte la carlingue défoncée. Il s'entend grogner, et choisit de rester là, affalé contre son vieux camion, l'esprit embrouillé et les mains tremblantes.
Le vin a un goût acre sur sa langue, il manque un peu d'acétone pour le rendre buvable, mais Michael l'avale tout de même, espérant presque s'empoisonner.
Il rit de sa déchéance avant de laisser couler quelques larmes, de cet angle étrange Michael ne distingue plus le Pony ni son néon méprisant, rien que le ciel, la demi-lune et les quelques nuages voyageant le long de la ligne d'horizon.
Michael aime ce ciel ombrageux, il se laisse happer par le balai abstrait et rêveur, bercé par le chant du vent et il croit presque entendre la voix d'Alex appelé son nom.
L'Alien laisse rouler sa tête contre son épaule, appréciant l’intonation ferme et déterminée alors que l'appel se fait de plus en plus clair et le visage d'Alex se matérialise sous ses yeux.
- Alex, susurre Michael. J'aime ta voix, Alex.
- Pourquoi tu es parti, alors ?
- Pourquoi tu me voudrais moi, quand tu peux l'avoir lui.
« Forrest » comprend le soldat et il hasarde un regard vers l'arrière.
- Il est pas abîmé comme moi. Il est gentil, crache presque Michael. Il a pas peur de te montrer ce qu'il ressent, il est pas...
- Forrest est différent, concède Alex. Mais il ne sera jamais toi, Guerin.
- Ouais, mais il t'entraînera pas dans son merdier comme moi. Tu finiras par me détester, affirme l'Alien, un doigt lève pour marquer son point. Je te ferais du mal et lui non.
Michael trouve la force de se redresser contre la carrosserie et porte la bouteille de vin à ses lèvres sans les toucher, alors qu'Alex intercepte sa main.
- Tu as bien assez bu, assure Alex. Allez, Guerin, lèves toi.
- Laisse moi là, marmonne l'Alien quand le soldat cherche à le soulever.
Le soupire de frustration lui fait monter les larmes aux yeux, Michael n'est jamais assez bien pour Alex, il ne l'a jamais été et ne le sera jamais.
- Allez, Guerin, répète le soldat. Fais un effort.
- Laisse moi là, je vais juste cuver. Ici.
- Non, tranche Alex. Je ne te laisse pas seul au milieu d'un parking la nuit complètement ivre.
Michael rit alors qu'il se rappelle vaguement avoir tenu le même discours quelques jours plus tôt, à peu de chose près. Il était un peu plus vif, un peu plus tranchant, un peu plus véhément, là où Alex est mesuré et réfléchit, presque affectueux.
- Guerin, tu dois faire un effort. Aides moi à te remettre sur tes pieds, explique posément le soldat.
- C'est pas une bonne idée, prévient Michael, alors que la nausée menace sa gorge.
- Tu vas vomir ?
Michael secoue la tête avant de se jeter au sol pour y vider le contenu de son estomac, loin derrière le chuintement écœurant de ses haut-le-cœur, il parvient à discerner le « Michael » attristé d'Alex.
Il reste de longues minutes appuyé des deux mains au sol poussiéreux alors qu'Alex lui murmure des encouragements tendres en repoussant ses cheveux loin de son front.
- Tu te sens mieux ?
Michael secoue la tête lamentablement, et reçoit un « Ça va aller » réconfortant quand il parvient à se rasseoir contre l'aile du camion.
- Je suis désolé, murmure-t-il, et Alex effleure son front de ses doigts.
- Tu vas pouvoir te lever ?
- Laisse moi là, je vais dormir dans le camion, ce sera pas la première fois, insiste Michael et il repense à ces nuits d'été blotti contre le corps tendre du jeune Alex Manes sous le ciel étoilé.
« Je te ramène à la maison » impose Alex, Michael sent ses paupières s'embuer, « Pleurs pas » ajoute le soldat tendrement tout contre son oreille.
- Allez, lève toi, insiste Alex et cette fois Michael pousse sur ses jambes cotonneuses pour se redresser.
L'Alien reste appuyé contre son camion, alors qu'il regarde Alex récupère les clés pour fermer la portière. Le soldat lui jette un coup d’œil, semblant évaluer son équilibre. Le bar est plein, il pourrait demander de l'aide, le nouveau videur de Maria a toujours été poli et agréable, mais Alex sait qu'il ne supportera pas de voir les mains d'un autre homme se poser sur Michael même pour quelques minutes.
- Tu vas pouvoir marcher, interroge-t-il. Ou je vais chercher la voiture ?
- Pars pas, supplie Michael.
- OK, Guerin, mais t'as intérêt à tenir debout, prévient le soldat de cette voix autoritaire si séduisante.
Michael se fait violence, et se remet sur ses pieds d'une impulsion incertaine, il soupire d'aise quand il sent le bras d'Alex entourer ses hanches.
- Allez, l'encourage Alex. Quelques pas, ma voiture est juste là.
Et ils avancent lentement, un pas après l'autre, Michael sent vaguement Alex tanguer quand leurs deux poids reposent un peu trop longtemps sur la prothèse mais le soldat ne proteste pas, il ne fait que soutenir Michael quoi qu'il arrive.
Être assis contre le cuir frais est une bénédiction, le doux parfum de propre lui rappelle les instants où il s'abandonnait contre le corps tendre d'Alex, Alex qui se matérialise justement à ses côtés.
- Le trajet n'est pas long, l'informe le soldat. Mais préviens moi si tu penses devoir vomir à nouveau, d'accord ?
Michael ne se fit pas à sa bouche encore moins à sa voix pour répondre alors il se contente d'une oscillation vague de la tête avant de se laisser aller contre l'appuie-tête.
L'Alien ferme les yeux, bercé par le ronronnement du moteur et la respiration sereine d'Alex. Comme promis, le trajet ne dure que quelques minutes, et ils se retrouvent sur le pas de la porte de la grande maison d'Alex, alors qu'il pensait finir seul sur le sol de sa caravane.
Le reste du voyage est un peu chaotique, Michael manque de tomber dans l'entrée entraînant le soldat dans sa chute, Alex les rattrape de justesse, remerciant les réflexes acquis après une décennie dans l'armée et toute une vie au côté de défunt Jesse Manes.
Le canapé est toujours aussi confortable, la présence d'Alex contre son flanc réconfortante, la main dans ses cheveux une bénédiction.
- Embrasse moi, supplie Michael, sans réfléchir.
- Je ne peux pas, contre Alex.
Et Michael se souvient avoir vomi au goût âpre qui s'attarde sur sa langue, il se lève, tangue vaguement vers la salle de bain.
- Restes assis, impose Alex, le ramenant vers le sofa d'une main sur le poignet.
- Je vais me brosser les dents, lance Michael.
- Pourquoi ?
- Pour que tu m'embrasses.
- Je ne t'embrasserais pas ce soir.
- Pourquoi, demande à son tour Michael. Tu ne veux plus de moi ? Tu ne m'aimes plus, hésite-t-il.
Le petit rire n'a rien d'amusant, bien au contraire, il n'est qu'amertume et désespoir.
- Je t'aimerais toujours, murmure Alex.
- Pourquoi alors ?
- Tu partiras dès que tu auras dessaoulé.
- Pour allez où ?
« Chez Maria » répond franchement Alex, et il ne parvient pas à cacher sa détresse comme il le fait si bien d’ordinaire.
- Elle m'attend pas.
- Comme si tu ne venais que quand on t'attendait, marmonne Alex mais Michael ne semble pas l'entendre.
- Elle sait qu'elle ne doit pas m'attendre, je lui donnerais jamais ce qu'elle veut.
- Qu'est-ce-que tu veux dire, interroge Alex, nerveusement.
- Elle me plaît, affirme l'Alien, comme il l'a déjà dit quelques semaines auparavant. Mais je n'aime que toi.
- Et Maria le sait ?
- Je lui ai dit, confirme un Michael vaseux.
Alex considère ses options, l'heure tardive, et le choc qu'il n'a pas encore encaissé lui-même, mais Michael se cale contre son épaule, les paupières clauses, presque endormi.
- Guerin, appelle Alex. Tu ne préférerais pas t'installer dans le lit ?
- Je ne veux pas te quitter.
- Je viendrais avec toi, promet Alex.
Alors Michael redresse la tête, scrutant son visage à la recherche du possible mensonge mais Alex ne fait que le regarder avec détermination.
- OK, le lit, accepte l'Alien.
- Accroches toi.
§§§§§
Le lit est bien plus confortable que le canapé, la chambre toujours aussi agréable et l'air saturé du délicieux parfum de propre s'échappant des cheveux d'Alex.
Mais Alex n'est pas dans la chambre avec lui, la faible clarté diffusée par la lampe de chevet est oppressante quand Alex n'est pas là. La nausée menace à nouveau, alors qu'il sent la panique affluer dans chaque fibre de son être et la porte de la salle de bain s'ouvre enfin.
Alex lui tend une bouteille d'acétone, alors qu'il garde son téléphone pressé contre son oreille. Michael perçoit vaguement les deux sonneries et devine très clairement l'agacement dans les gestes raides du soldat. Il finit par raccrocher, en se collant à son flanc.
- C'est ma faute, demande Michael.
- Non, le rassure Alex. Bois, impose-t-il, avec un petit mouvement vers la bouteille toujours fermée entre ses doigts.
Michael ne fait que le regarder, Alex penche la tête alors qu'il perd ses mains entre ses mèches désordonnées.
- Allez, Guerin, bois, s'il te plaît, insiste le soldat, sans le regarder.
Alors Michael obéit, et le soulagement est immédiat. La tempête dans son cerveau se calme juste un peu, son estomac semble se stabiliser, et sa vision s'accommode mieux à l'obscurité.
« Alex, je » commence Michael pour être interrompu par la sonnerie stridente.
- Hey, murmure Alex. Je ne te déranges pas ?
La voix à l'autre bout du fil est enjouée, Michael en est plus que sûr, mais Alex se tend contre son bras.
- Non, attends, temporise le soldat et il hasarde un regard dans les yeux de l'Alien. Ça ne va pas marcher.
Alex ouvre la bouche pour argumenter et s'expliquer mais le murmure empresse le cloue sur place. Il ferme les yeux, alors qu'il se couvre le visage d'une main, Michael se penche sur la nuque exposée pour y déposer un baiser tendre, et le frisson se repend de la peau d'Alex à ses lèvres.
- Non, ce n'est vraiment pas le problème. C'est pas toi non plus, semble répondre Alex. Écoute, c'est plus compliquer que ce que tu crois.
Le ton monte encore d'un cran, Alex ne fait qu'écouter en relevant les yeux pour croiser le regard interrogateur de Michael.
- Oui, il est là, confirme le soldat et l'Alien sait que l'on parle de lui. Non, je n'ai rien prévu et lui non plus. C'est juste arrivé.
La voix se calme un peu, Alex respire un peu mieux, sa main glisse le long de la mâchoire de Michael, « Un gars chanceux » sourit-il péniblement avant d'ajouter un « Je suis désolé » criant de sincérité.
La réponse doit être tendre ou gentille, le sourire d'Alex est triste mais il incline la tête jusqu'à frôler la joue de Michael de sa tempe, et il raccroche sans rien ajouter.
Rien qu'une seconde pour se recentrer, et Alex lève la tête, il parcourt le visage interrogateur de Michael de ses grands yeux merveilleux avant d'effleurer sa bouche de ses lèvres.
L'espace d'une seconde, le monde cesse de tourner, Michael se souvient du refus catégorique d'Alex de l'embrasser même avec la promesse de se brosser les dents.
Et Michael ne s'est pas brosser les dents, mais Alex vient pourtant de l'embrasser.
Rassuré par le regard tendre que le soldat pose sur son visage, Michael hésite sur un « Trésor » emplit d'espoir.
- On en parlera demain, promet Alex. Si tu ne t'enfuis pas pendant la nuit.
- D'accord, accepte Michael et il s'allonge.
Alex prend le temps de lui retirer ses chaussures, lui demande de se débarrasser du pantalon et du t-shirt, et Michael obéit docilement alors qu'il regarde Alex se déshabiller et libérer sa jambe de la prothèse.
L'obscurité les recouvre quand Alex s'installe contre son flanc, le moment de flottement est désagréable, leurs respirations un rien empressées et Michael sent monter l’inquiétude.
- Viens, dit simplement Alex, et il ouvre les bras pour laisser Michael se presser contre son épaule.
Malgré l'ivresse et la félicité, le sommeil le fuit. Sous sa main, la poitrine d'Alex se soulève tranquillement mais Michael a bien conscience que le soldat ne dort pas plus que lui.
- C'était qui, demande l'Alien.
- Forrest, répond honnêtement Alex.
- Pourquoi ?
- Tu sais très bien pourquoi, réplique abruptement le jeune homme.
Michael ferme les yeux alors qu'il se demande s'ils ne viennent pas de commettre une nouvelle erreur, si Alex ne vient pas de répéter l'erreur qu'il ne cesse de ressasser depuis leur adolescence, chambouler sa vie pour y faire un place pour l'Alien.
« Je devrais » commence Michael mais Alex le fait taire d'un petit « Chut » murmurer contre ses boucles désordonnées.
- Je n'aurais jamais dû l'embrasser, explique Alex, plus doucement. Mais j'étais en colère.
- Parce que je suis parti ?
Le soldat se contente d'un petit « Hum » alors qu'il frotte gentiment le crâne de son menton, Michael se laisse cajoler, espérant sentir le sommeil le gagner mais Alex s’éclaircit la gorge.
- Tu avais raison, avec Forrest ça aurait été plus facile. Et je pourrais prétendre que tu n'es rien pour moi, vivre quelques chose de simple avec lui, mais j'ai jamais cherché la facilité, sourit Alex et il se souvient de l'eye-liner noir et des colères de son père.
- Et moi ? Je suis trop compliqué ?
- Complexe, corrige le soldat. Mais tellement plus fascinant.
- Juste fascinant ?
Michael se cognerait bien le crâne de honte tant la détresse dans sa voix l'énerve, mais Alex embrasse encore son crâne tout en lui caressant le bras.
- Tu m'as toujours fasciné, tu me fascines toujours, se corrige-t-il. Même quand tu m'énerves.
- Même quand je fais des conneries, veut savoir Michael.
Le petit soupire pourrait passer inaperçu si Michael n'avait pas passé les derniers mois à étudier chaque petit détail concernant le Capitaine Alex Manes, l'Alien ne pense vraiment pas être le plus fascinant des deux.
- Même quand tu fais des conneries, confirme Alex.
- Comme avec Maria ?
- Essaie de dormir, Guerin. On en parlera plus tard.
- Est-ce-que tu vas dormir, interroge Michael.
- Probablement pas, mais je resterai avec toi, promet Alex.
- Chantes pour moi.
Ce nouveau rire est attendri et délicieux, Michael se sent sourire et appuie un peu plus ses caresses sur le torse à sa portée. « Dors » répète Alex mais l'Alien secoue la tête.
- J'ai envie d'entendre ta voix, supplie presque Michael.
- Et tu veux que je te parles de quoi ?
L'Alien hausse vaguement les épaules entre ses bras, son visage vient se nicher contre la pulsation de son cou, alors Alex réfléchit. Il y a tellement de chose qu'ils ne se sont jamais dites.
- Tu te rappelleras de tout demain matin, cherche à savoir Alex.
- Je suis pas aussi bourré que j'en ai l'air.
- Et t'as laissé la moitié de l'alcool sur le parking, ironise le soldat et Michael grogne. OK, consent Alex. J'ai discuté avec Max cette semaine.
- De quoi ?
- De ce qui c'est passé l'autre jour, répond simplement le soldat.
Il n'est pas nécessaire qu'il précise sa pensée, Michael comprend très bien de quel jour il s'agit. Les souvenirs de cette connexion inimaginable ne font que tourner en boucle dans son esprit depuis qu'il a fuit lâchement au milieu de la nuit.
- Il en dit quoi, demande courageusement Michael.
- Il pense que notre lien est bien trop fort pour qu'il puisse le supplanter.
- Le supplanter, médite l'Alien.
- Max prétend qu'il pouvait te sentir à travers moi.
- Tu penses que c'est possible ?
Alex ne sait absolument pas comment répondre à cette question, il ne comprend pas comment tous ses pouvoirs inter-galactiques fonctionnent. Comme Michael l'avait prédit, l'empreinte s'est effacée rapidement et pendant les quelques jours où ils ont été lié, Alex n'a ressenti qu'une vague impression de tristesse mêlée de résignation émaner de Max.
Pourtant, là dans l'ombre et sans marque cosmique imprimée sur sa peau, il ressent Michael jusqu'au plus profond de ses os.
- Je pense qu'il a raison, réplique finalement Alex. C'est toi.
- C'est toi, confirme Michael et il passe une jambe au dessus des cuisses du soldat.
§§§§§
Alex s'est déjà surpris au cours des derniers mois à s'interroger sur ce que doit ressentir Michael quand il utilise ses pouvoirs. Le soldat leurs reconnaît un côté pratique qu'il envie en cet instant énervant.
Le téléphone de Michael vibre quelques part au sol, et il a beau tendre le bras, le soldat ne parvient pas à attraper la veste pour le faire taire. Alex pourrait simplement se lever pour répondre à l'un des nombreux appels qu'il a déjà entendu mais pour cela il devrait déloger Michael profondément endormi sur son torse.
Il soupire et laisse retomber son bras quand la vibration s'arrête subitement. Alex regarde autour de lui, dans moins d'une minute le son agaçant reprendra, il le sait.
Le soldat sait qui essaie de joindre Michael désespérément et s'il était lui même à la recherche de l'Alien sans parvenir à le trouver il ne cesserait de l'appeler jusqu’à entendre sa voix.
Michael remue vaguement dans le creux de son coude, l'Alien gémit alors qu'il frotte son nez contre sa gorge, Alex laisse passer un sourire attendri avant de profiter du petit mouvement pour s'étirer jusqu'à atteindre sa béquille.
Il retient de peu son cri victorieux quand il touche la manche de la veste de Michael de l'extrémité de sa béquille. Le tissus glisse lentement contre le carrelage, et Alex n'a plus qu'à tendre le bras pour attraper le téléphone à l'instant où un nouvel appel illumine l'écran.
- Bonjour, Isobel, dit-il calmement, avec un regard sur le profil de Michael.
- Pourquoi tu as son téléphone ?
- Je peux faire quelques chose pour toi, élude Alex, et attend que l'étonnement passe pour entendre à nouveau la voix d'Isobel.
- Je dois parler à Michael.
- C'est grave ?
« Grave » répète Isobel, le murmure à l'arrière semble hésiter et Alex en profite pour enfouir son nez dans les boucles soyeuses.
- Est-ce-que c'est urgent, demande le soldat après plus d'une minute de conversation muette à l'autre bout du fil qu'il ne comprend pas vraiment.
- Attends, réplique la jeune femme distraitement avant que ne reprenne ce murmure agaçant.
- Parce que Michael dort et je refuse de le réveiller si ce n'est pas urgent et/ou grave, articule clairement Alex, et Isobel entend très nettement sa contrariété.
- OK, réplique une Isobel amusée. Juste pour être sûre, vous êtes nus dans ton lit ?
- Bonne journée, Isobel, tranche Alex et il peut l'entendre rire un « On creusera demain, Michael est occupé avec Alex » avant de raccrocher.
Alex sent la honte colorer ses joues, et pourtant il ne pense pas avoir été autant en paix de toute son existence. Michael remue légèrement contre son flanc, la conversation même courte à dû réveillé le cerveau malmené de l'Alien, il ne tardera pas à ouvrir les yeux.
Le grognement est adorable et grotesque à la fois, Michael agrippe un peu plus fermement sa hanche, les ongles accrochent la peau juste au dessus de son caleçon et enfin les paupières s'ouvrent sur les pupilles floues de l'Alien.
- Bien dormi, ironise Alex.
- J'ai la gueule de bois, se plaint Michael.
- Qui t'a dit de picoler autant ?
- Tu peux pas juste compatir et m'embrasser, râle-t-il, approchant la bouche souriante.
« Certainement pas » rit de plus belle Alex, et il tourne la tête, les lèvres de Michael trouvant sa mâchoire plutôt que sa bouche.
- Alex, proteste l'Alien, et l’interpellé rit encore. Putain, j'ai l'impression qu'un truc est mort dans ma bouche.
- Et voilà pourquoi tu ne m'embrasseras pas maintenant, pointe Alex.
- Et si je me brosse les dents ?
- Et si tu mangeais un truc, contre le soldat.
- J'ai pas faim, réplique Michael.
- Tu as mangé quand pour la dernière fois ?
Michael comprend qu'il n'a rien avalé depuis bien trop longtemps quand il doit remonter à plus de 24 heures dans ses souvenirs pour répondre.
- OK, consent l'Alien. T'aurais pas une brosse à dent à me donner, c'est vraiment horrible là dedans, affirme-t-il, désignant sa bouche.
- La tienne est toujours dans la salle de bain.
- La mienne, relève Michael.
- Celle que je t'ai donné la semaine dernière, explique Alex, et il détourne le visage pour dissimuler sa gêne.
Michael se lève pour rassembler ses vêtements, avec dans l'angle de son champs de vision le soldat maladroitement assis sur le bord du lit. Alex enfile un t-shirt, attrape les béquilles, et se lève. Il lui tourne volontairement le dos, le visage encore rougi de honte, et Michael triture ses lèvres de ses dents.
- Pourquoi, ose-t-il demander et Alex le regarde enfin.
Les sourcils froncés d’inquiétude, Alex lui rend son regard de longues secondes, cherchant les mots pour expliquer ce qu'il ressent sans avoir à trop se dévoiler. Ils n'ont jamais su communiquer autrement que de leurs mains sur le corps de l'autre. Alex parcourt l'espace entre eux des yeux, il se fixe un instant sur le ciel un peu gris avant de tomber sur le carrelage et son unique pied nu.
- J'avais besoin d'une béquille, finit par dire le soldat, et Michael fronce les sourcils à son tour. Tu as pris soin de moi, mais je savais que tu me quitterais dès que tout serait rentrer dans l'ordre.
Michael hoche vaguement la tête, il a fuit dès qu'il en a trouvé le courage.
- Maria t'attendais, commence Alex et Michael lance un « Non » désespéré. C'est ce que je pensais, temporise le soldat.
- Et tu t'es trompé.
- Peut-être, mais tu es parti et tu m'as laissé. Tu m'as abandonné, encore, insiste Alex. Alors je me suis raccroché à ce qui me restait de toi.
- Une brosse à dent ?
Alex hausse les épaules, avant l'accident Michael n'avait jamais mis les pieds à l'intérieur de la maison, à peine avait-il passé la porte du jardin, une fois.
« OK » dit Michael parce qu'il doit dire quelques chose, Alex doit comprendre que cette fois, il ne fuira pas, qu'il est prêt à tenter le coup, et qu'ensemble ils pourraient bien construire quelques chose de solide.
- Je vais aller me brosser les dents, affirme Michael.
- Et prendre une douche, ajoute Alex.
- Et prendre une douche, confirme l'Alien. Peut-être qu'on pourrait aller prendre le petit déj au Crashdown après ?
- J'ai du café, contre Alex.
- Un truc à manger ?
- Quelqu'un a remplit mes placards la semaine dernière, sourit timidement Alex.
Michael lui offre ce clin d’œil charmant qui a toujours eu le don de remuer tout un tas de chose dans le ventre d'Alex, alors le soldat hoche la tête sur un « Je t'attends dans la cuisine ».
§§§§§
Alex observe les boucles reprendre naturellement leur place à mesure que les mèches désordonnées sèches lentement. Michael a probablement conscience de l’examen minutieux dont il est l'objet, pourtant il n'en dit rien, l'Alien se contente d'avaler les biscuits et le café, attendant sûrement qu'Alex se décide à prendre la parole.
- Tu as quelques choses de prévu aujourd'hui ?
- Ça dépend de ce qu'Izzi t'a dit.
- Rien de spécial, murmure Alex.
- Donc non, je n'ai rien de prévu, conclut Michael. Et toi ?
- J'ai droit à quelques jours pour faire mon deuil, explique le soldat et l'ironie de la chose lui tire un sourire sans joie.
Alex perd son regard quelques part entre sa tasse vide et la bouteille de jus d'orange, maintenant que la pression est retombée, il pense qu'il devrait se poser pour réfléchir à l'avenir. La mort de Jesse ne met pas un terme définitif au projet Sheperd, Alex sait qu'il existe d'autres complexes, que d'autres hommes travaillent en secret à la capture ou à la mort des Aliens présent sur leur planète.
Et il est de son devoir de mettre un terme définitif à tout ce chaos pour la sécurité de Michael et des siens.
« Tu as le droit d'être triste » lance Michael comme venu de nulle part, et Alex fronde les sourcils en le relevant la tête. Michael est flou, lointain, et c'est alors que le soldat comprend que quelques larmes ont coulé sur ses joues.
- C'est pas pour lui que je pleure, affirme Alex. Mais pour toi.
- Pour moi, relève Michael. Je vais bien, surtout maintenant qu'on est ici.
« Qu'on est ensemble » comprend Alex, et pourtant il leur faut encore trouver le moyen de fonctionner sans se détruire.
- Mon père n'est pas le seul militaire impliqué dans le Projet Sheperd, choisit de dire Alex. J'ai identifié au moins quatre autres bunker comme le sien.
- Tu penses que quelqu'un d'autre en a après nous, demande Michael.
- C'est possible, je dois vérifier.
- Donc tu vas partir, comprend l'Alien.
« Mais je vais revenir » déclare courageusement Alex sans ajouter le « Si tu m'attends » mais Michael l'entend parfaitement.
- Je pourrais venir avec toi.
- Max aura besoin de toi, contre Alex.
- Pourquoi ?
- Liz est parti hier soir et elle, hésite le soldat. Liz ne reviendra pas.
« OK » capitule Michael, et il tend la main pour caresser les doigts d'Alex toujours serrés sur la tasse vide.
- Tu sais quand tu vas partir ?
- Pas tout de suite, en tout cas, assure Alex et il pousse Michael à se lever en tirant sur son bras.
Alex s'est toujours caché, bien à l'abri derrière les murs d'une chambre ou au fin fond du désert pour oser toucher un autre homme.
Mais aujourd'hui est un nouveau jour, il est presque nu, assis sur la table de sa cuisine, les stores grands ouverts, et les mains de Michael parcourent son corps. Alex se sent bien, mieux que bien, en paix, serein et tellement animé de désir qu'il se fiche bien que la voisine les voit.
Michael embrasse le creux de sa poitrine alors qu'il s'active à ouvrir son propre pantalon, celui d'Alex gît quelques part près du mur.
Les mains perdues entre les boucles encore humides, il se laisse bercer par les caresses approximatives de l'Alien, Alex rirait bien de la maladresse inhabituelle de Michael, mais il doit reconnaître que se dévêtir et être toujours capable de le toucher est déjà une performance en soi.
Alors Alex retient son rire et choisit de se concentrer sur l'hypnotisant balai des mèches désordonnées frottant son thorax, Michael lâche un petit grognement satisfait quand il parvient enfin à se débarrasser de ses vêtements.
- Pas tout à fait sobre, se moque Alex et Michael hausse les sourcils avec une moue amusée.
- Viens là, dit-il alors qu'il attire le soldat sur le bord de la table des deux mains accrochées à ses hanches.
Alex résiste juste un peu avant de laisser l'Alien lui retirer son sous-vêtement, il aime être nu contre Michael, il aime les mains agiles le long de ses jambes, il aime les baisers délicats sur son genou et la cicatrice en dessous.
Alex aime par dessus tout la bouche de Michael contre la peau du seuil de son corps, les coups de langue sont lents et mesurés, un peu plus proche de le pénétrer à chaque passage, Alex se laisse aller en arrière, son crâne percutant un peu brutalement la table.
Michael rit entre ses jambes quand une tasse se fracasse au sol, « Désolé » dit-il sans le penser et un doigt vient caresser son entrée.
« Tu es irrécupérable » rit Alex en retour, et en représailles Michael pousse deux doigts au fond de son ventre sans le moindre avertissement. Le gémissement qui suit ne provoque rien d'autre qu'un nouvel éclat de rire presque agaçant.
L'Alien remue lascivement entre ses jambes, Alex peut sentir le membre gonflé frotter son genou par à-coup désordonnés, en contradiction totale avec les allées et venues des doigts dans le canal étroit. Michael tremble d'impatience et pourtant chacun de ses gestes est d'une tendresse enivrante et d'une précession chirurgicale.
Alex redresse la tête, attirant l'attention de l'Alien d'une main dans ses cheveux. Le regard qu'il reçoit le percute en plein ventre comme un coup de poing merveilleux, Michael ne parvient à se contenir que par l'amour qu'il voue au Capitaine Alexander Manes.
- Michael, appelle Alex et reçoit un hochement de tête saccadé en réponse.
L'Alien remonte rapidement son corps, ses mains agrippant autant de peau qu'elles le peuvent, « Trésor » soupire-t-il avec passion, Alex y entend un « Je t'aime » primordiale.
Le baiser qu'ils échangent est merveilleux de promesses et d'envie, Michael se redresse entraînant le soldat dans le mouvement.
Ramenant Alex sur son seul pied, Michael enroule les bras autour des hanches, le regard de pure adoration est presque trop difficile à supporter, le petit garçon au fond de son cœur ne comprend toujours pas que qui que ce soit puisse l'aimer avec autant de dévotion.
Michael le pousse à se tourner d'une petite impulsion du poignet, les mains accrochées aux bords de la table, Alex s'allonge, le visage pressé contre le bois tiède et les yeux sur Michael.
- Ça va aller, demande Michael.
- Tant que tu ne me lâche pas, parvient à articuler clairement Alex.
- Y a pas de risques, Trésor. Je te tiens, assure Michael et il le pénètre violemment. Je te tiens.
Alex expulse un « Mon dieu » à peine articuler, il sent Michael s'activer brutalement dans son ventre à l'instant où un tendre baiser se perd à la basse de sa nuque. Le soldat perçoit les caresses possessive le long de ses flancs tout comme la main encrer à son épaule pour le maintenir en place, Alex imagine très nettement la marque des doigts sur sa peau naturellement dorée et en ressent un profond sentiment d'appartenance enivrant.
Glissant plus profondément en lui à chaque coup de rein, Michael soupire lourdement dans son cou, murmurant tout un tas d’inepties adorables et envoûtantes. Alex sent la brûlure caractéristique de plaisir éclore dans son ventre, remonter le long de sa colonne vertébrale pour venir exploser sous son crâne. Le soldat s'entend gémir et implorer pour que le martèlement au fond de ses entrailles ne cesse jamais.
Et Michael se soumet bien volontiers tant qu'il peut garder son Trésor contre son cœur.
§§§§§
Il est un peu plus de 21h quand Alex se gare devant la terrasse du Wild Pony, le parking est vide si ce n'est la vieille Jeep de Max, la voiture de location de Maria et le SUV de Kyle.
A ces côtés, Michael triture nerveusement son chapeau, ces trois derniers jours ont été étonnant de bonheur simple. Les deux hommes ont passé leurs journées à travailler et leurs nuits à s'aimer, mais Isobel les a appelé vers midi pour leur proposer une célébration en bonne et du forme au Pony et ils n'ont trouvé aucunes excuses valables pour refuser.
- On peut toujours rentrer à la maison, propose Alex, quand Michael semble incapable de bouger ou respirer.
- On peut pas se cacher toute notre vie.
- C'est vrai, mais tu as le droit de prendre un peu de temps pour souffler.
« Nan » marmonne Michael avec une pointe de bravoure qu'il est loin de ressentir, Alex en a bien conscience mais choisit de suivre l'Alien prêt à essuyer la tempête à ses côtés.
Et la tempête n'est qu'une petite pluie d'été, Maria lui sourit tristement mais sans joie, elle ignore Michael, alors qu'elle part se cacher derrière Isobel discutant avec Rosa et Kyle.
Kyle qu'il semble s'illuminer quand Alex arrive à sa hauteur.
- Capitaine, ironise le docteur, et Alex note ses joues roses et son air enjoué.
- On dirait que tu as déjà commencé la fête, s'amuse le soldat.
- Bah, le rabroue gentiment Kyle. Viens que je te présente. Stéphanie, ma merveilleuse petite amie, voici Alex, mon courageux petit frère.
« Enchanté » dit Alex avec amusement, en attrapant doucement la main tendue de la jeune femme. La crinière folle, l’œil rieur et la présence magnétique, Stéphanie est tout ce qu'Alex espérait pour Kyle et il en est plus qu'heureux, le médecin semble enfin avoir oublier Liz Ortecho.
Alex écoute le récit amusant de leur rencontre alors que du coin de l’œil il suit la progression de Michael dans la salle de bar vide. L'Alien orbite dans les environs immédiat de son frère, Max est abattu mais cherche à le cacher sous un sourire et ses plaisanteries qui tombent toujours à plat.
Michael force un rire et Max lui claque l'épaule amicalement, Alex capte un « Tu as besoin d'en parler ? » des lèvres serrés de Michael et Max acquiesce.
Les frères se redressent en une harmonie parfaite pour tracer leur chemin jusqu'à la terrasse, une bière à la main et leurs bras se frôlant.
Dès la porte refermée, Alex sent la main de Maria effleurer son poignet, ils échangent un sourire emplit de tristesse et choisissent un box à l'écart pour s’expliquer.
- Comment vas tu, demande Alex, une fois installé.
- Ça va, un peu groggy encore je crois. Je vais rester chez Isobel quelques jours pour me reposer.
- C'est une bonne chose, abonde le soldat.
- Tu as eu des nouvelles de Gregory, interroge la Barmaid.
- Il est rentré à la réserve. Il dit que c'est plus facile de faire abstraction de tout ce bordel loin de Roswell.
- Et il a de quoi s'occuper, abonde la jeune femme.
Alex se contente d'acquiescer, alors qu'il repense au chagrin dans les grands yeux clairs de son frère. Gregory a quitté l'armée aussi vite que possible, mais il a tout de même été en première ligne en territoire hostile plus de quatre ans. Tuer fait parti des chose qu'on lui a appris et qu'il a intégré contre son gré, mais mettre un terme à la vie de son père même un père monstrueux tel que le leur reste une épreuve.
- Tu crois qu'il reviendra ?
- Si tu lui demandes, rétorque Alex aussi vite.
Maria laisse passer un petit sourire charmeur à la limite de l'aguicheur, aussi vite remplacer par un air inquiet qu'Alex déteste au plus haut point.
- Qu'est-ce-qui va se passer entre nous maintenant, demande franchement Alex.
- Je ne sais pas, avoue Maria. Tu m'as dit que tu m'aimerais toujours même quand je ne serait plus fâchée contre Michael, mais....
- Tu n'es pas sûre de pouvoir me pardonner, propose Alex.
- Y a rien à pardonner, assure la Barmaid. Je veux dire que tu n'as rien fait de mal, et lui non plus d'ailleurs. Je sais que vous êtes amoureux depuis des années, c'est juste que j'ai cru qu'il m'aimait plus, finit-elle par avouer.
Alex hoche péniblement la tête, lui-même aurait parier sur la préférence de l'Alien pour la Barmaid exubérante, mais Michael l'a choisit lui. Et Alex est assez honnête avec lui même pour dire qu'il en est plus qu'heureux mais comment en parler à sa meilleure amie sans lui briser le cœur.
- Tu crois que vous serez heureux ensemble, lui demande la jeune femme.
- On y travaille, assure Alex. J'ai encore beaucoup de difficulté à assumer et Michael, et bien c'est Michael, alors....
- Il t'aime, affirme la médium.
- Je sais.
Heureusement que tu le sais, il était prêt à mourir pour te sauver, sans hésiter.
Alex ferme les yeux, en secouant la tête, il ne parvient pas à imaginer le poids de la culpabilité si l'Alien était réellement mort pour le protéger.
- Alors toi et moi, la relance Alex.
- Je t'aimerais toujours, assure Maria et elle tend une main qu'il saisie avec gratitude.
- Et Michael ?
La jeune femme tortille son nez, sur une moue mutine des plus adorable, « Ouais » rit le soldat et Maria quitte son côté du box pour venir se serrer contre son bras.
- Tu m'as manqué, dit-elle dans son cou.
- Toi aussi, réplique honnêtement Alex.
Au loin, il entend la porte claquer, Max frotte distraitement son nez un peu humide quand Michael l'accompagne jusqu’à la table où leurs amis rient de l'exubérance merveilleuse de Stéphanie.
Les verres se vident lentement, les plats ramené par Rosa et Isobel aussi, les discussions fusent entre rire et demi-vérité qu'ils ne peuvent exposer sous les yeux de Stéphanie. La soirée est bien avancée quand le ronronnement d'un moteur se fait entendre à l'extérieur.
« Tu attends quelqu'un d'autre » demande Max alors qu'il se lève prêt à les défendre, en regardant Maria mais la jeune femme n'a pas le temps de répondre que la porte arrière s'ouvre sur les sœurs Cameron.
- Cam', s'écrit Kyle, et l'adjointe accepte son accolade.
- Remis de tes émotions, dit-elle par dessus l'épaule de Kyle avec un coup d’œil vers la jambe d'Alex.
Le soldat se contente d'un hochement stricte de la tête comme réponse et la reconnaissance des vétérans fait le reste.
- Tant mieux, répond-elle simplement. Charlie, appelle Jenna. Je ne crois pas que tu connaisses tout le monde.
L'ingénieur chimiste secoue doucement la tête et son regard s'attarde sur chaque visage quand Jenna lui énumère les noms de chacun, jusqu’à se poser sur Stéphanie qui tend la main.
- Stéphanie, dit la concernée.
- Ma petite-amie, précise Kyle, derrière la jeune femme et il hausse les sourcils espérant être clair sur le nécessité de taire leurs secrets.
Les discussions reprennent de plus belle, Charlie choisit de se poser sur l'accoudoir de la chaise de Michael qui lui offre son sourire le plus charmeur.
- Ton ami s'en est sorti, interroge-t-elle tout bas.
- Il est là, réplique Michael, une main possessive sur le genou d'Alex qui les regarde sans comprendre.
- Oh, s'amuse Charlie. Un ami, hein ?
- J'ai dit que c'était compliqué, lui rappelle l'Alien, un doigt levé pour appuyé son argument. Et toi ?
Charlie hésite visiblement, les informations dont elle dispose pourraient leur être utiles, mais le secret est de mise. Elle hasarde un regard sur Stéphanie riant aux éclats avant de capter le regard de Jenna et Maria.
L'agent de police semble réfléchir à un moyen pour éloigner la jeune femme quand Maria l'attrape par le bras.
- Ça te dirait de voir à quoi ressembler Kyle au lycée.
Il n'en faut pas plus pour qu'elle se lève, un bras autour des épaules de la Barmaid qui leur lance un regard de connivence appuyé.
- J'ai détruit les plans et toutes mes recherches, dit aussi vite Charlie.
- L'agent pathogène, s’inquiète Kyle.
- Neutralisé, assure la jeune femme en se réinstallant contre le bras de Michael. Vous savez où est Flint ?
- Il a quitté l'hôpital avant-hier, répond le médecin. D'après le formulaire, c'est un militaire qui est venu le chercher.
- Son dossier dit qu'il a été réaffecté en Allemagne mais il est censé y avoir passé les cinq dernières années et on sait tous qu'il n'y était pas, énonce Alex.
- Tu sais où il est, insiste Cam'.
« A la base, pour le moment » répond simplement le soldat, et l'adjointe du shérif s’éclaircit la gorge.
- Le dossier sur le meurtre de Jesse est au point mort, explique-t-elle. L'arme est une impasse.
- Tu devrais recevoir une info demain, intervient Alex.
- Du genre ?
- L'arme est impliqué dans un cambriolage en Alaska en 2003.
- Et ça va me mener où ?
- En Alaska, élude Alex.
- Comment, veut savoir la jeune femme.
- C'est le meilleur hacker du pays, tu t'attendais à quoi, s'écrit Michael.
« Guerin » intervient Alex, avec un coup d’œil vers Maria et Stéphanie accoudées au bar, et même si le ton se veut réprobateur, la rougeur sur ses joues et la lueur de fierté dans ses pupilles sont bien suffisantes pour que Michael se permette un clin d’œil aguicheur.
- J'ai réfléchi à la possibilité de faire un faux acte de revendication sur internet mais je pense qu'il vaut mieux laisser l'affaire se tasser, reprend Alex.
- Je suis d'accord, abonde Charlie.
- De toute façon, il y a déjà tellement de rumeur que personne ne le prendrait au sérieux, intervient Kyle.
- Ta mère en pense quoi, veut savoir Isobel.
- Qu'est-ce-que tu veux que j'en sache, s’exclame Kyle.
L'Alien acquiesce avec un petit sourire amusé et Rosa se penche sur son frère.
- Tant qu'elle fouine pas de notre côté, ça devrait aller.
- Y a rien à fouiner, intervient enfin Max. Je veux dire, on était sur place mais comme des centaines de gens. Pourquoi elle s'intéresserait à nous ?
- Exacte, confirme Jenna. Et pour ce qu'elle en sait, vous étiez tous préoccuper par la crise de Maria. Je vais m'assurer qu'elle ne creuse pas, ajoute-t-elle.
« Merci Cam' » dit Alex pour tout le monde, et chacun prend le temps de méditer sur les informations qu'ils viennent d'échanger.
- J'ai vu Helena, dit subitement Rosa.
- Quoi, s'exclament Isobel et Kyle.
- J'avais envie de la voir, je voulais une explication.
- Et tu l'as eu, s’intéresse son frère.
- Non, répond franchement la jeune ressuscitée. Elle picolait dans un bar.
Kyle soupire en secouant la tête, désabusé. Cette femme a bien failli les détruire pour une vengeance inutile et aujourd'hui elle pourrait compromettre la relative guérison de Rosa.
- Je suis désolé, dit le médecin.
- T'y es pour rien, assure Rosa avec confiance. Mais je ne veux pas finir comme elle, ajoute-t-elle. C'est pour ça que je veux retourner en désintox'.
- Je vais m'arranger, commence Kyle, mais Isobel lui saisie gentiment le bras.
- J'ai déjà payé son séjour. Je l'y emmène demain matin, explique la jeune femme.
- Je te rembourserais, promet-il, et l'Alien secoue la tête sur un « Noah lui doit bien ça ». Merci, ajoute le docteur, et il reçoit un sourire apaisant en retour.
- C'est qui Helena déjà, demande Cam'.
Et les rires reprennent leur place autour de la table, Kyle lui cogne doucement l'épaule du poing et la jeune policière s'appuie contre son flanc.
- Hey, on s'en est sorti, s'exclame subitement Max, et ils trinquent à l'instant où Maria et Stéphanie les rejoignent.
La soirée s'étire lentement, Alex s'éloigne vers la terrasse alors que Michael et Isobel cherchent à ramener un sourire sur le visage de Max.
Le soldat prend une gorgée de sa bière quand il entend la porte claquer pour révéler Kyle.
- On t'a pas beaucoup vu ces derniers jours, lance le médecin, en s'appuyant à la rambarde.
- J'ai pas mal de boulot, énonce bêtement Alex.
- Essaie autre chose, le rabroue gentiment son ami.
- J'avais des trucs à mettre au clair avec Michael avant de partir.
- Donc tu pars.
Alex incline la tête vers son ami pour confirmer et il attend les conseils avisés qui ne devraient pas tarder.
- Ne perds pas le contact cette fois, lui conseille justement Kyle.
- Je l'appellerai tous les jours, promet Alex, recevant un regard blessé de son ami. Je t’appellerai tous les jours, ajoute-t-il avec un sourire amusé.
- Tu penses partir longtemps ?
- J'en sais encore rien, tout dépendra de ce que je trouverai en route, explique Alex. Jesse était à la tête de toute l'organisation, et de ce que j'en ai compris c'était déjà le bordel avant sa mort, donc ça n'a pas dû arranger les choses.
- Fais juste attention à toi et ne fonces pas tête baisser.
« Promis » répond le soldat, et Kyle s'appuie contre son épaule.
- Je vais y aller.
- OK, répond Alex.
- Ma petite-amie mourante ne meurt plus, donc si tu permets, je vais la ramener chez moi, explique Kyle.
- OK, répète le soldat, amusé.
- Fais pas de bêtise avec ton Alien.
- En parlant de lui, commence Alex, et Kyle cogne son front contre son épaule.
- D'accord, je garderai un œil sur lui, mais alors c'est vraiment parce que c'est toi.
- Merci, Kyle.
Le médecin se redresse pour quitter la terrasse en râlant un « Guerin, sérieux » désespéré auquel Alex répond un autre « Merci, Kyle » amusé.
Quelques minutes plus tard, c'est Michael qui le rejoint dans l'air frais du désert, l'Alien se presse dans son dos, son haleine exhalant un étrange mélange de Tequila et d'acétone.
- On rentre, interroge Michael dans son oreille.
- Et les autres ?
- Izzi est partie avec Rosa et Maria, elles doivent se mettre en route tôt demain matin.
- OK.
- Maria a dit que maintenant elle ne me faisait plus crédit. Je crois que c'est sa façon de me punir, explique l'Alien.
Alex se contente d'un petit murmure qui ne veut rien dire, et Michael se colle un peu plus contre son dos.
- Je crois que je le mérite un peu, continue l'Alien.
- Peut-être, concède Alex.
- J'ai promis de jeter un coup d’œil à son camion, Sanders dit qu'il peut rien faire mais moi je dois pouvoir le réparer.
- C'est un début, concède Alex.
- Tu crois qu'elle me pardonnera un jour.
Alex acquiesce simplement de la tête, appréciant la caresse délicate du nez à la basse de sa nuque. Maria n'a rien à pardonner, mais faire marcher les hommes a toujours été dans sa nature et Michael Guerin ne fait pas exception.
- On rentre, demande à nouveau Michael.
- Tu as trop bu, veut savoir le soldat alors qu'il se retourne entre les bras accueillants de son désormais petit-ami.
- Nan, je sais encore ce que je fais, pas comme Max.
« Max » interroge Alex avec un sourcil levé et une moue dubitative accrochée aux lèvres.
- Il a essayé d'emballer Charlie.
- Oh, rit franchement Alex. Et ?
- Il s'est fait jeté.
- Tu m'étonnes, rit de plus belle le soldat.
- Elle lui a dit qu'elle était flattée mais qu'elle ne pouvait pas sortir avec l'ex de sa sœur, explique Michael, alors qu'il attire Alex vers l'intérieur.
- Et Cam' ? Elle en dit quoi ?
- Elle était morte de rire. On rentre, dit pour la troisième fois Michael.
Alex lui offre un sourie attendri avec un baiser chargé d'affection.
« Oui, on rentre à la maison » approuve Alex, et c'est main dans la main qu'ils quittent le Pony que Michael verrouille d'une petite impulsion de son brillant cerveau.