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Gold

Summary:

Paul Atréides et Louise Roussel sont toujours ensembles depuis qu'ils sont enfants. Leur amitié s'est lentement changée en un désir pour quelque chose d'autre.
Bien sûr, ils ne savent pas que l'autre ressent la même chose.
La Maison Atréides est ordonnée de régner sur Arrakis. La planète du désert recèle de nombreux pièges. Paul et Louise feront-ils les bons choix ? L'amour peut-il bourgeonner au milieu du sable ?

Posté de base avec le titre "Isn't a new home the best place to confess?" mais bon.

Notes:

J'ai regardé Dune la semaine dernière et me suis dite "Je dois écrire un OC", alors c'est ce que j'ai fait. L'histoire suit le cours du film. La partie 2 sortira quand j'aurai regardé Dune 2, donc pas tout de suite.

Work Text:

Paul n'avait jamais été capable de cacher un secret à Louise. Même quand ils étaient enfants, elle lisait en lui comme dans un livre ouvert. Et quand il était troublé, il savait exactement où le trouver.

Paul révisait les livres-bobbines sur Arrakis, en tailleur sur son lit. Il la laissa entrer quand elle toqua à la porte et elle s'assit à côté de lui. Ses boucles noires cachaient ses yeux.

"Tu as eu un autre rêve cette nuit, n'est-ce pas ?" demanda-t-elle.

Il garda le silence, puis hocha la tête. "Je vois toujours les mêmes choses. Arrakis, l'épice, cette fille..."

"Attention, je pourrais devenir jalouse," blagua-t-elle pour cacher le petit pincement dans son cœur

Il sourit et arrêta le livre-bobbine. Son sourire disparut quand il se rappela de quelque chose.

"J'ai vu Duncan mourir," murmura-t-il.

Elle inclina la tête. Donc c'était ça qui le préoccupait. Les rêves de Paul était parfois devenus réalité et il s’inquiétait pour leur meilleur ami, le pilote et officier de l'armée Duncan Idaho. Elle reposa sa tête sur son épaule.

"Duncan est incassable. Je suis sûre qu'il ira bien. On devrait aller le voir avant qu'il parte pour Arrakis," proposa-t-elle.

"Je veux le joindre pour la mission," répondit-il.

Ce n'était pas surprenant. Paul avait toujours été téméraire. C'était ce qu'elle avait vu en premier en lui le jour où ils s'étaient rencontré. Le garçon de sept ans lui prit la main et dit "Je parie que je suis plus rapide que toi !" Ils coururent du palais à la côté – Louise gagna la course. Devant l'eau, Louise le défia de sauter de la falaise, 5 mètres au-dessus de la mer. Elle ne faisait que blaguer, mais il sauta.

Louise sourit au souvenir. Paul écarta une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille. "A quoi penses-tu ?" chuchota-t-il. "Quand je t'ai rencontré et que tu t'es cassé le bras."

"Je sauterais encore si tu me demandais," dit-il. Tout pour t'impressionner.


Louise se glissa dans la salle d'arme quand personne ne regardait. Paul était déjà là, répétant ses attaques contre des mannequins de bois. Il lui lança une épée.

"Je ne comprends toujours pas pourquoi les servantes n'ont pas le droit d'apprendre à combattre," dit-elle, prenant un bouclier cinétique et l'activant.

"C'est parce que vous seriez bien meilleures que nous si on vous entraînait. Alors, qu'avons-nous appris la dernière fois ?" dit Paul, l'ami en lui laissant place au professeur.

"Marche, retraite, fente, coup droit," récita-t-elle en imitant les actions.

Un sourire fier traversa brièvement le visage de Paul. "En garde."

Ils rectifièrent leur posture et commencèrent à combattre. Les coups de Louise étaient trop rapides pour traverser le bouclier. L'épée de Paul se rapprochait de plus en plus de son cou. Elle lui balaya les jambes et, quand il fut à terre, tint son épée au-dessus de son torse.

"Louise Roussel, un tel coup n'est pas digne d'une dame," se moqua-t-il.

"Eh bien je suis heureuse de ne pas en être une," répliqua-t-elle.

"Dame ou pas, son attaque serait plus utile dans un combat que la tienne, Paul !" déclara une voix grave derrière eux.

Louise lâcha l'arme et baissa la tête devant Maître Gurney Halleck. Paul se releva.

"J'ai observé deux ou trois de vos leçons," dit le Maître de Guerre. "Tu as du talent," il pointa Louise. "Et toi, tu dois prendre exemple sur elle. Tu ne protégeais pas du tout tes membres," dit-il à Paul.

Louise tourna la tête pour cacher un sourire. Gurney et Paul combattirent ensuite, et Paul avait en fait vraiment besoin de s’entraîner.


Louise fixait le plafond de sa chambre depuis si longtemps que la lune de Caladan avait eu le temps de se lever. Ce serait une nuit sans. Ses problèmes de sommeil avaient commencé après la mort de ses parents. Ils s'étaient d'une maladie du sang incurable. Elle était restée à les veiller pendant deux mois, souvent accompagnée par Paul. Quand ils moururent, le sommeil la quitta également. Elle ne trouvait parfois le repos que dans les bras de Paul.

Elle se leva et sortit de sa chambre, une petite lampe flottant derrière elle. Elle voulait aller sur le toit du palais et lire sous les étoiles. Au détour d'un couloir, elle aperçut Dame Jessica. Elle s'approcha d'elle pour la trouver, tremblante et terrifiée, gardant l'entrée d'une pièce.

"Ma Dame ?" demanda-t-elle doucement.

Dame Jessica se tourna vers elle, marmonnant, et Louise crut reconnaître le mantra de la peur des Bene Gesserit.

"Ma Dame, y a-t-il un problème ?" dit-elle inquiète.

Un cri de douleur résonna depuis la salle. Louise se figea. C'était Paul.

Elle se précipita sur la porte mais Dame Jessica l'empêcha de l'ouvrir.

"Non !" s'exclama-t-elle avant de se forcer à reprendre son calme. "Cela doit se produire," ajouta-t-elle.

Il ira bien, fit-elle en langage des signes. Le silence tomba.

"Jessica, viens," dit une voix de femme après un temps.

Elle entra, laissant la porte entrouverte, et Louise ne put s'empêcher de jeter un coup d’œil. Paul se tenait devant une vieille femme, probablement une Bene Gesserit.

"Parle-moi de ces rêves," ordonna la femme.

"Ils sont tous les même. Arrakis, l'épice..." dit-il.

"Se produisent-ils dans la vraie vie comme tu les as rêvé ?"

"Pas exactement."

"Les as-tu souvent ?" questionna-t-elle.

"Oui."

La Bene Gesserit le dévisagea. "Tu en as eu un cette nuit, pas vrai ?"

Paul se raidit.

"Ça n'avait rien à voir avec mes autres rêves," répliqua-t-il, irrité. Louise voyait qu'il était sur la défensive.

"Qui y était ?" demanda la femme.

"Mon amie la plus proche, Louise." Dont les joues rougirent.

"Qu'as-tu vu ?"

"C'est personnel," il lui lança un regard noir.

Elle le soutint et tendit la main vers lui, la main au niveau de son front. Est-ce qu'elle lisait dans ses pensées ? Après un moment elle baissa la main. "Elle te distrait. Arrête de la voir."

"Non," répliqua-t-il sèchement.

La Bene Gesserit resta silencieuse un instant, puis le congédia. Louise eut à peine le temps de se cacher avant qu'il sorte de la pièce. Après qu'il soit parti, elle soupira de soulagement, puis se dirigea vers le toit.

Paul se cacha aussi, et suivit sa mère et la mère supérieure alors qu'elle retournaient au vaisseau.

"Tu étais convaincue de pouvoir engendrer le Kwisatz Haderach lui-même," la blâma la mère supérieure.

"Et l'est-il ? Est-il l’Élu ?" demanda Dame Jessica.

"Je ne peux savoir. Garde-le loin de cette fille, compris ? Elle pourrait être un obstacle dans son chemin, quel qu'il soit," ordonna-t-elle.

Puis le vaisseau partit et Dame Jessica se tourna pour voir son fils. "Personne ne m'éloignera de Louise," dit-il avec un air grave.

"Je sais. Et je n'essayerai pas," répondit-elle.

Il retourna au palais et marcha jusqu'au toit, où il était sûr de la trouver. Ça ne manqua pas. Louise était dans un fauteuil, une couverture enroulée autour de ses épaules, en train de lire. La lumière de la lampe faisait comme briller ses yeux chocolats.

La voir captivée par ses livres était toujours sa vue préférée. Quels mondes explorait-elle, quelles batailles menait-elle aux côtés de personnages qui étaient devenus ses amis durant sa lecture ? Était-ce une douce romance, une scène de crime ou des territoires inconnus ? Elle avait vécu des milliers de vies sans bouger de chez elle.

Après un temps, elle remarqua sa présence et lui fit un signe pour qu'il vienne près d'elle. Il prit un siège et passa la tête au-dessus de son épaule. "Que lisons-nous ce soir ?" demanda-t-il.

"Une Impériale Affliction."

"Cette histoire vaut-elle le temps qu'elle prend à être lue ?"

"Absolument."

Elle reprit sa lecture et il l'admira sous la lumière de la lune, s'assurant de se rappeler d'elle pour toujours.


Aller à Arrakis aurait normalement dû prendre plus de 300 ans. Grace à l'épice, cette durée était réduite à un jour. Sur le vaisseau, Paul resta dans les quartiers de la noblesse et Louise avec les servantes. Puis, avant qu'ils n'arrivent, elle et deux autres filles aidèrent Dame Jessica à mettre sa robe de cérémonie. Les quatre femmes se dirigèrent vers la plate-forme, où le Duc, son fils, le Maître de Guerre, et quelques soldats les y attendaient.

Ils atterrirent sur Arrakis et la porte du vaisseau s'ouvrit laissant le sable entrer et leur fouetter le visage. Ils devraient tous s'y habituer. L'escorte sortit pour les premiers pas de la Maison Atréides sur le sol de sa nouvelle planète. Les soldats, les servantes et la famille furent séparés et répartis dans différents ornicoptères qui les emmenèrent au palais d'Arrakeen. Ils atterrirent dans la cour. La famille entra dans le palais par la porte principale tandis qu'on montait à Louise et aux servantes les passages de service.

Louise passa sa main sur les murs de pierre. Caladan lui manquait déjà mais Arrakis – ou Dune, comme l'appelait certains – pourrait être un nouveau foyer.


Deux semaines avaient passé depuis leur arrivée sur la planète. Les couloirs du palais devinrent familiers à Louise et Paul. Le Duc Leto, bien conscient de l'amitié forte entre eux,lui avait donnée une chambre près de celle de Paul, et c'était là qu'il passait la plupart de leurs journées.

Louise n'était pas une servante normale. Ses parents, même s'ils étaient des serviteurs, avaient été grands amis avec le Duc, et leur enfant avait toujours été traité avec respect. Quand les deux enfants eurent douze ans, il fut décidé que, pour qu'elle puisse rester proche de Paul, elle suivrait la formation de servante. Tout le monde savait que son statut était "meilleure amie du fils du Duc", mais il n'y avait rien d'officiel là-dedans.

C'était ce statut particulier qui inquiétait à nouveau le Duc Leto et Dame Jessica. "Ces deux sont trop proches. On pourrait commencer à mal parler et cela les blesserait tous les deux," déclara le Duc.

"Quelle solution envisages-tu ?" demanda Dame Jessica.

"Faire d'elle sa concubine. Cela tuerait toutes les rumeurs dans l’œuf," expliqua-t-il.

"Et ça pourrait les ruiner plus efficacement que n’importe quoi d'autre. Nous ne savons pas ce qu'ils ressentent pour l'autre. Même si ce rang est un honneur, je ne crois pas qu'elle accepterait."

"Elle n'a pas à accepter. De plus, il n'aurait à la toucher s'ils ne voulaient pas."

"Et lui donner tant de pouvoir sur elle ? Notre fils est un homme bon mais je ne me sentirais pas confortable si nous faisions ça pour eux," dit la Dame.

"Un mariage, alors ?"

La Dame inclina la tête. "Es-tu prêt à offrir une servante comme épouse à ton héritier ?"

"Il n'y a qu'eux qui compte."

"Nous devons découvrir leurs sentiments avant de faire des plans."


Louise et Paul regardaient des livres-bobbines qu'ils avaient trouvé dans le palais, sur la faune et la flore d'Arrakis. L'hologramme montra une plante dont les racines s’enfonçaient très profond.

"Regarde, une souris des sables," dit-il.

Ils s'approchèrent de l'hologramme et Louise sourit en voyant le petit rongeur.

Un étrange bourdonnement attira son attention. Elle tourna la tête, son sourire tombant lentement, et ne vit d'abord rien. Puis ça bougea vers eux. Un minuscule drone en forme d'insecte. Un chasseur-tueur. Paul le vit aussi, il recula d'un pas pour être caché dans l'hologramme. Louise l'imita mais son mouvement soudain attira la chose vers elle.

Ça s'arrêta à quelques centimètres d'elle. La respiration stressée de Paul fit ensuite de lui une meilleure cible. Ça passa à lui, une pointe sortie, touchant presque son œil. Il resta immobile sans respirer pendant ce qui sembla être une éternité. Le chasseur-tueur se tourna loin de lui. Une servante toqua ensuite à la porte ce qui fit que le drone vola vers elle, et Paul l'écrasa dans sa main avant qu'il puisse la tuer.


Comme on pouvait s'y attendre, le Duc était révolté par la tentative d'assassinat sur son fils, et il ordonna de trouver les espions qui pouvaient avoir infiltré le palais. Lui, Gurney, Paul et l'arbitre du Changement partirent après pour assister à la récolte de l'épice. Louise erra dans le palais, puis dehors là où les prêcheurs se lamentaient.

Quand ils la virent, beaucoup d'entre eux se mirent à répéter "Dhahab" en tendant leurs mains vers elle. Un peu effrayée, elle recula.

"Il ne faut pas avoir peur d'eux, mademoiselle," dit le jardinier non loin.

Elle se tourna vers lui. "Que disent-ils ?" demanda-t-elle.

"Dhahab. L'or. Ils aiment vos cheveux."

Il sourit et reprit l'arrosage des palmiers. Elle hocha la tête et traversa la cour vers les greniers à épice : de gigantesques silos qui devaient tous être remplis si le Duc voulait faire du bénéfice.

Les trois ornis revenant de la récolte étaient maintenant visibles dans le ciel sans nuage. Louise courut vers l’entrepôt alors qu'ils atterrissaient. De loin, elle aperçut Paul débarquer, et le Duc lui crier dessus. Qu'était-il arrivé ?

Elle s'approcha de Paul une fois son père parti. "Ça a l'air de s'être mal passé," commenta-t-elle.

Paul abat la tête baissée, comme s'il dormait. Elle lui toucha le bras, le ramenant à la réalité. Perdu pendant une seconde, ses yeux noisettes rencontrèrent les siens et il sembla enfin reconnaître quelque chose. Elle lui posa des questions mais il ne faisait que le regarder, jusqu'à ce que Gurney dise qu'il avait besoin de voir le docteur. Elle l'amena au Dr Yueh, qui était déjà prêt à le voir.

Dame Jessica expliqua à Louise ce qui était arrivé : ils avaient perdu un récolteur à un ver de sable et quand il était sorti pour guider les employés aux ornis, Paul avait respiré de l'épice et avait failli se faire tuer.

"Il semble y être très sensible," conclut le Dr Yueh.


Louise toqua à la porte de Paul après que le soleil ait disparu derrière les montagnes. "Je peux entrer ?" demanda-t-elle.

"Bien sûr," répondit-il.

Elle ferma la porte derrière elle et s'assit sur le sol près de son lit, sur lequel il état allongé. Son pyjama blanc était un peu trop grand pour elle.

"Je ne peux pas dormir," dit-elle.

Il sourit. "C'est surprenant. Allez, viens." Elle se glissa sous les draps à ses côtés. Ils dormaient souvent ensemble depuis qu'ils étaient petits.

Il la regarda exactement comme il avait fait quand ils étaient dans l'entrepot.

"Tu étais dans ma vision, tu sais," commença-t-il. "Tu avais une robe bleue magnifique. On était un peu plus vieux et on lisait des livres ensemble à un nouveau-né. Il avait l'air d'aimer les mêmes histoires que toi."

Paul sourit. "Et puis on..." il s'arrêta comme s'il avait changé d'avis au milieu de la phrase.

"On a quoi ?" demanda Louise.

Il était en train de rougir. "Peu importe," dit-il, évitant son regard.

Elle passa sa main devant lui pour avoir son attention. "On a quoi ?" répéta-t-elle.

Des yeux chocolat et noisette se rencontrèrent.

"Je crois qu'on s'est embrassé," murmura-t-il.

Elle resta silencieuse un moment.

"Comme ça ?" demanda-t-elle avant de capturer ses lèvres.

C'était comme un choc électrique, mais pas de façon désagréable. Il avait le goût de miel et elle de vanille. Il caressa doucement sa joue alors qu'ils s'embrassaient et ils ne se séparèrent quand quand ils durent respirer.

Paul la regarda en silence. "Oui, un peu comme ça," finit-il par déclarer.

Elle sourit et reposa sa tête sur son torse.

"Qu'est-ce que ça voulait dire ?" murmura-t-il.

"A ton avis ? Qu’est-ce que ça veut dire quand la personne qui te connaît le mieux au moins t’embrasse ?"

"Probablement que mes sentiments pour elle sont réciproques," répondit-il.

Elle sourit. "Vraiment ?"

"Vraiment."

"Eh bien… je suis contente de ne pas avoir plus attendu," dit-elle avant d'embrasser son front.

Il prit le somnifère du Dr Yueh et se rallongea près d'elle. "Cela dit, ne ronfle pas s'il te plaît," rit Louise. Elle mit son bras autour de ses épaules et écouta les battements de son cœur, ne se rendant même pas compte qu'elle s'endormait.


Louise ne comprit pas pourquoi elle s'était réveillée au milieu de la nuit avant de regarder par la fenêtre. Tous les vaisseaux étaient en feu, et elle pouvait entendre des cris de douleurs et de bruits de combats. Son sang se figea dans ses veines.

"Paul ! Paul, réveille-toi !" s'exclama-t-elle en le secouant.

Il grommela mais ne se réveilla pas, encore sous les effets du somnifère. La porte de la chambre s'ouvrit, donc elle se rallongea et fit semblant de dormir.

Un soldat portant l'armure des Harkonnen entra dans la pièce. Il secoua Paul, celui-ci ne bougea pas. Il agit de même avec Louise, lui tirant les cheveux, et elle ne put s'empêcher de grimacer. Il l’assomma et emporta les deux adolescents à un ornicoptère.


Se réveiller cette fois-ci fut plus douloureux. Louise était baîllonnée et attachée au fauteuil d'un ornicoptère. Elle se redressa et aperçut Dame Jessica, attachée elle aussi. Reste calme, fit la Dame en langue des signes. Plus facile à dire qu'à faire. A côté de Louise, il y avait Paul, encore endormi.Elle fut soulagée pendant une seconde qu'il soit en vie mais s’inquiéta ensuite sur le but de leur voyage.

Trois soldats Harkonnen et un pilote les menaçaient. Le tête de Paul remua un peu et, après quelques temps, il se réveilla.

"Mère ? Louise ?" dit-il en les voyant attachées.

"La ferme," lui ordonna un soldat.

Tu vas bien ? signa Paul à Louise. Elle hocha la tête.

"J'ai jamais eu de noble," commenta le soldat à ses compagnons.

"Hé, si on jetait le garçon dans le désert et on faisait un looong au revoir à ces dames ?" proposa un autre.

Un désagréable frisson parcourut le corps de Louise.

"Ne vous avisez pas de toucher à ma mère ou à la femme que j'aime," répondit Paul. Le soldat marcha vers lui et lui donna un coup de poing dans le ventre. Louise ne réprima pas un cri, assourdi par le bâillon. Paul reprit sa respiration et Dame Jessica lui signa quelque chose. Utilise la Voix, conseilla-t-elle.

Louise savait qu'il n'était pas prêt.

"Enlevez leurs bâillons," ordonna Paul à l'Harkonnen. Sa Voix n'était pas bien posée. Le soldat le frappa à nouveau mais Paul lui balaya les jambes avant de répéter son ordre. Le soldat fut forcé de le leur arracher, Louise prit une grande inspiration.

Dame Jessica aussi donna des ordres aux soldats et l'un d'eux tira sur le pilote avant de sauter de l'orni. Paul le pilota pour qu'ils atterrissent dans le désert. Les trois gravirent un colline pour découvrir Arrakeen en flammes. Le cœur de Louise se serra. Leur nouvelle maison était détruite.

"Mon père est mort," dit Paul.

Le ton de sa voix, si fataliste et pourtant brisé, lui fit se mordre la lèvres pour retenir des larmes. Elle prit sa main dans la sienne et la serra. Une seule larme coula de l’œil de Paul. Dame Jessica mit sa main sur son épaule avant de dire "Nous devons nous mettre à couvert."


L'atmosphère était lourde dans la tente. Louisa avait du mal à respirer mais elle ne voulait pas le dire à Paul et Dame Jessica. Ils avaient d'autres choses à faire que de s'occuper d'elle. Paul alluma la lampe de poche, des millions de paillettes scintillaient dans l'air.

"La tente est pleine d'épices," déclara-t-il.

Louise s'adossa contre la paroi. Sa vision était plus floue que de normal. Un flash passa devant ses yeux. Elle cligna, puis essaya de se concentrer. Elle le revit.

Paul et elle tiraient leurs épées contre une armée. S'embrassaient. Se tenaient devant les Harkonnen. Cela ressemblait à de vieux souvenirs de moments qu'elle n'avait pas encore vécu. Mais elle ne vit pas l'enfant dont Paul lui avait parlé.

Louise se trouva face à face avec un Fremen. Ils combattirent, mais son adversaire la frappa au torse et la poignarda. Elle entendit le cri de Paul alors qu'elle tombait. Il se précipita vers elle et la prit dans ses bras, essayant de la rassurer.

"Non, ne pars pas. Je ne peux pas faire tout ça sans toi," dit-il à travers ses larmes.

"Si, tu le peux. Tu es fort. J’aurais aimé être à tes côtés..." répondit-elle. "Paul Atréides, je..."

Une forte lumière envahit son champ de vision et elle était de retour dans la tente.

Paul paniquait aussi à cause de ses visions. Sa mère essaya de le calmer mais il usa de la Voix sur elle. Louise plaça doucement sa main sur son épaule. Il se tourna vers elle, reconnaissant enfin quelque chose. Ils se réfugièrent dans les bras de l'autre et pleurèrent.


La lumière qui passait à travers la tente leur disait que la nuit avait passé. Louise fut la première à se réveiller. Elle admira les traits de Paul jusqu'à ce qu'il émerge du sommeil. Il sourit en la voyant.

"Je peux t'embrasser ?" chuchota-t-il.

"Bien sûr," répondit-elle.

Il lui semblait qu'elle ne se lasserait jamais de la sensation de leurs lèvres se touchant. Quand ils se séparèrent, elle déposa un petit baiser plus doux sur ses lèvres, comme une signature. Ils étaient dans une bulle de paix, seuls et laissés tranquille par le reste du monde.

Enfin, presque seuls. Louise se rappela de la présence de Dame Jessica dans la tente avec eux et lui jeta un coup d’œil. Elle souriait. On dirait que leur relation ne la gênait pas.

La température monta vite, le peu d'eau qu'ils pouvaient boire était fait de ce qu'ils avaient sué et pleuré. Les trois se dirent qu'ils devaient sortir de la tente. Un orni atterrit alors près d'eux.

"Duncan !" s'exclamèrent Paul et Louise en voyant leur meilleur ami.

Il les serra dans ses bras et s'inclina devant Dame Jessica. Il se tourna alors vers Paul avec une expression navrée.

"Ton père est mort," dit-il.

"Je sais," répondit simplement Paul.

"Mon Seigneur Duc," s'inclina Duncan devant lui.

Ce fut comme si le peu d'enfance qu'il leur restait était violemment arraché.

Ils montèrent dans l'orni, saluant l'arbitre du Changement, et volèrent vers une base climatique abandonnée, quelque part dans le désert. Paul et Louise restèrent près l'un de l'autre.

"Qu'est-ce que tu as vu ?" demanda-t-il après un long silence.

"Nous, en train de nous battre contre les Harkonnen. Et ma... ma mort."

Paul serra la mâchoire. "Comment ?"

"Un Fremen me tuait dans un massif de rochers."

"Ça n'arrivera pas. Je resterai avec toi," dit-il.

"Tu étais avec moi. Et toutes les visions ne deviennent pas réalité. Je me protège bien toute seule."

"D’accord. Disons juste que, dans le cas où tu vas recevoir un coup d’épée dans le dos, j’ai le droit de le parer."

Elle eut une ombre de sourire. "Si je me rappelle bien ce qu’a dit le Maître de Guerre, ce serait plutôt moi qui surveillerait tes arrières."

Il sourit en retour.


Une fois à la base, ils purent se changer de leurs tenues déchirées et remplies de sable. Louise enfila un distille, une écharpe jaune et des vieilles bottes.

Elle, Paul, Dame Jessica, Duncan, et l'arbitre du Changement discutèrent ensuite de l'avenir de la Maison Atréides, qui avait l'air bien sombre. Rien que les cinq personnes trouvaient ne ressemblait à une solution pour éviter une guerre. Celle-ci avait déjà commencé. Paul soumit une solution stupide à propos d'une alliance stupide avec la fille de l'Empereur. Louise répliqua sèchement.

"Oh oui, il vient d'autoriser les Harkonnen à détruire ta maison et à tuer ton père mais il sera d'accord pour que tu épouses sa fille. Géniale, cette idée."

Louise ne parlait comme ça à personne, d’habitude. Paul avait l'air de s'être pris une claque mais au fond il savait qu'il était en tort. Parler d'épouser une autre femme quand ils venaient juste de déclarer leurs sentiments... Stupide plan, stupide Paul.

"Oubliez ça," dit l'arbitre.

Duncan regarda Paul et Louise et les pointa l'un l'autre. Ils hochèrent la tête. "Je le savais !" murmura-t-il – tout le monde entendit.

Des bruits de combat résonnèrent du couloir.

"Ils nous ont trouvé !" s'exclama Dame Jessica.

Duncan franchit la porte et la ferma à clé derrière lui. Il se sacrifiait.

"Duncan, non !" crièrent les adolescents en même temps. C'était impossible de rouvrir la porte.

L'arbitre du Changement leur montra un chemin vers un orni à 3 places. Elle connaissait très bien tout cela, trop bien.

"Qui êtes-vous ?" lui demanda Paul.

"Je suis une Fremen. Le désert est mon territoire," déclara-t-elle avant de prendre une autre voie.

Louise, Paul, et sa mère trouvèrent l'orni mais les vaisseaux Harkonnen les forcèrent à voler dans une tempête de sable. Les vents les secouaient dans tous les sens, détruisant les ailes. Ça ressemblait beaucoup à leur fin. Paul lâcha les commandes pour prendre la main de Louise.

"Tiens-moi fort, s’il te plaît," l'implora-t-il.

Après un siècle de sable, Paul reprit les commande et souleva l'orni au-dessus des nuages. Il essaya ensuite de les faire atterrit mais les ailes se détachèrent et ils s'écrasèrent. Louise entendit Dame Jessica répéter le mantra de la peur avant l'impact.

Ils furent grandement secoués. Quand l'orni s'arrêta, Louise se tourna vers Paul. Il semblait aller bien. Louise avait une petite coupure saignante sur le visage mais elle l'assura qu'elle ne sentait rien.

Ils sortirent de l’ornicoptère et empaquetèrent leur kit de survie dans le désert.

"Nous sommes dans le territoire des vers de sable. Nous devons marcher comme les Fremen," dit Paul avant d'imiter la marche qu'ils avaient vu dans les livres-bobbines.

Louise, Paul, et Dame Jessica marchèrent nuit et jour, ne s'arrêtant que quand ils devaient dormir. S’arrêter n'était pas une option : ils devaient trouver les sietchs des Fremen. Un jour, Paul marcha sur quelque chose qui fit un écho. Il y remit son pied, curieux, avant de comprendre.

"Des sables tambours !" s'exclama-t-il.

C'était trop tard. Louise tourna la tête et découvrit une vague de sable se dirigeant vers eux.

"Courez, courez, courez !" ordonna-t-elle.

Ils s'enfuirent vers un massif de rochers. Louise pouvait sentir le sable sous ses pieds être aspiré par le ver. Si elle tombait, elle mourrait.

Dame Jessica atteignit les rochers en première, puis Paul et Louise. Elle ressentit la présence du monstre juste derrière elle avant qu'elle ne saute sur les rochers. Paul et elle se tournèrent pour faire face au ver, dont la gigantesque gueule sortit du sable. Elle devait être large d'au moins 80 m.

Le ver s'éleva au-dessus d'eux, ses milliards de fines dents frétillantes, prêt à les dévorer. Louise allait prier pour leurs vies quand ils entendirent tous un son grave et répété. Le ver de sable se détourna d'eux et disparut dans les dunes.

Paul laissa échapper un soupir.

"Un marteleur," déclara Louise.

Ils commencèrent à traverser le massif de rochers. Louise avait l'impression d'avoir déjà vu cet endroit. La réalisation la frappa en même temps que le sentiment d'être observée.

"Paul, c'est ici. C'est l'endroit que j'ai vu dans ma vision," commença-t-elle à dire, mais il la fit taire d'un doigt sur la bouche. Toute une tribu Fremen sortit alors de sa cachette. L'un d'entre eux baissa son masque.

"C'est lui qui va me tuer," chuchota-t-elle.

Louise vit la mâchoire de Paul se tendre.

"Notre marteleur vous a sauvé," dit l'homme.

"Et nous vous en remercions, Stilgar. Nous cherchons un abri," répondit Paul.

"Quand je vous ai vu au palais, vous et votre père avez promis de ne pas rechercher les sietchs," lui rappela Stilgar. Il était sans doute le chef de la tribu.

"Mon père et mort. La Maison Atréides est tombée face aux Harkonnen. Sinon, nous vous aurions laissé en paix," l'assura Paul.

Stilgar s'adressa à ses hommes, "Le garçon et la fille peuvent suivre notre enseignement. Mais la femme est trop vieille. Nous prendrons son eau après avoir mis fin à ses souffrances."

Les trois de Caladan se mirent en position défensive.

"Je ne crois pas," répondit Dame Jessica.

Les Fremen sortirent leurs épées et ils commencèrent à combattre. Louise essayait de toujours rester à bonne distance de Stilgar mais le surveiller tout en repoussant des assaillants était assez compliqué. Elle donna à quelqu'un un coup dans le ventre et en se tournant, découvrit Stilgar à un mètre d'elle. Elle recula d'un pas et combattit, tentant encore de s'échapper. Il la frappa au torse, elle anticipa son prochain mouvement et s'enfuit, donc il décida de combattre Dame Jessica à la place.

Elle vit Paul prendre le fusil d'un Fremen et le suivit : ils grimpèrent sur une corniche, prêts à tirer sur les Fremen. Dame Jessica tint sa lame contre la gorge de Stilgar.

"Vous n'avez pas dit que vous maîtrisiez l'étrange art du combat," fit celui-ci.

"Je n'ai pas eu le temps," répliqua-t-elle.

"Vous êtes forte. Nous vous aiderons," décida-t-il.

Tout le monde baissa leur arme, sauf un homme.

"Je ne peux l'accepter !" cria-t-il.

"Alors c'est l'atmal."

L'atmal. Louise et Paul avaient vu un livre-bobbine qui en parlait. Certains historiens le considéraient comme la plus sévère coutume d’Arrakis. Cet homme devrait combattre le champion que Dame Jessica choisirait.

"Qui est votre champion ?" lui demanda Stilgar.

"C'est moi !" Paul se porta volontaire.

"Tu combattras donc," déclara-t-il.

Paul emmena Louise à l'écart pour lui parler.

"Je ne sais pas si je vais y arriver," avoua-t-il. Louise ne l'avait jamais vu aussi inquiet.

"Préfères-tu tuer ou mourir ?" demanda-t-elle. Il ne répondit pas.

"Paul Atréides, je t'aime," sortit-elle d'un coup.

Il caressa sa joue de son pouce. "Je sais."

Il sourit comme si elle était tout ce qu'il avait toujours voulu. "Je t'aime aussi."

Elle se mit sur la pointe des pieds pour lui embrasser le front.

Un Fremen vint vers eux et baissa son masque : c'était une femme, ou plutôt une jeune adulte de leur âge. Paul serra la main de Louise et, même si elle ne l'avait jamais vue, elle reconnut la fille dans ses rêves.

"Prends ça," dit la fille en lui offrant un couteau. "C'est une lame en dent de Shai-hulud. Elle était à ma grand-tante. Tu en auras besoin pour combattre Jamis," précisa-t-elle.

Louise pressa la main de Paul comme pour une approbation. Il prit le couteau et la fille s'éloigna vers les siens. Il embrassa Louise une dernière fois avant d'aller affronter son adversaire. Ils commencèrent le combat.

"Je ne crois pas qu'il soit le Kwisatz Haderach," commenta la fille – Chani, comme elle se présenta.

"Personne ne le sait, pas même lui," répondit Louise entre ses dents.

Jamis attaquait Paul sans arrêt et lui donna un coup de poing au visage. Le nez de Paul commença à saigner, mais il ne pouvait pas reculer. Louise avait voulu être le champion de Dame Jessica mais il avait été plus rapide d'une seconde. Et maintenant il jouait avec sa vie.

A chaque fois que le couteau de Jamis s'approchait de Paul, elle sentait son estomac faire des sauts dans son ventre. Elle se mordit la lèvre en le voyant encaisser un coup qui lui fendit la sienne. Elle brûlait de l'envie de le rejoindre pour aider. Mais c'était interdit, contre les règles.

Paul réussit à plaquer sa lame sous le menton de l'homme.

"Est-ce que tu abandonnes ?!" cria-t-il.

"Il ne connaît pas notre coutume. L'atmal ne finit que dans le sang," dit Chani à Louise.

"Paul n'a jamais tué personne," révéla-t-elle.

Elle retint sa respiration quelques fois quand Paul prit de nouveaux coups. Il évita le couteau de Jamis et plongea le sien dans sa poitrine. A la place du sang, ce fut de l'eau qui sortit de la blessure (ou plutôt du distille percé). Ils tombèrent tous les deux au sol. L'homme eut le temps de le remercier pour le combat avant de mourir.

C'était fini. Louise et Dame Jessica posèrent chacune une main sur ses épaules. Il ferma les yeux puis se releva avec un air sombre sur son visage qui se dissipa quand il vit la femme qu'il aimait avec lui. Les Fremen empaquetèrent le corps pour utiliser son eau plus tard et ils partirent pour le sietch.

Louise et Paul s'assurèrent de toujours tenir la main de l'autre.

FIN