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Category:
Fandom:
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Language:
Français
Series:
Part 2 of When I saw you
Stats:
Published:
2019-03-31
Updated:
2019-08-04
Words:
30,984
Chapters:
8/?
Comments:
1
Kudos:
3
Hits:
584

Like a doll

Chapter Text

Nous ne prenons pas un dernier verre ensemble. Nous montons directement dans son appartement situé au dernier étage du casino. Si tôt la porte refermée derrière nous, les bras d’Imai-san se glissent autour de ma taille pour m’attirer vers lui. Ses lèvres se rapprochent des miennes et les cueillent doucement. C’est notre premier baiser en tant qu’amants et je dois dire que la saveur de notre échange me laisse rêveur. Voilà à quoi pourrait ressembler ma vie avec lui et j’aimerais tant que ce doux rêve devienne un jour réalité.

Ses doigts courent le long de mon dos jusqu’au nœud qui retient mon corset. Il connait bien ce genre de vêtement et sait comment me le retirer. Il n’a pas besoin de rompre notre baiser pour me dévêtir. En sentant mon vêtement me quitter, je m’éloigne légèrement de lui pour que nous puissions reprendre notre souffle. Il sourit et j’y réponds tout en dénouant le ruban qui retient mes cheveux roses. Il y glisse ses doigts et m’embrasse pendant que j’ouvre la fermeture éclaire de ma jupe. Cette dernière glisse le long de mes jambes. Me voilà à présent presque nu devant lui mais ce n’est que le début.

Tout en continuant de nous embrasser, je défais un à un les boutons de sa chemise, caressant au passage sa peau douce et tiède. Cette nuit, je ne lui fais pas l’amour comme d’habitude. Je ne cherche pas simplement à lui plaire, j’essaie aussi d’y trouver mon plaisir car je ne vais pas coucher avec un client mais avec un amant, un homme que j’aime et que j’espère conquérir.

Je sens contre moi, son sexe se tendre à travers le tissu de son pantalon. Il est excité et en posant la main sur la bosse qui se dresse petit à petit, je sens que je lui fais du bien. Je la masse doucement alors qu’il défait lui-même la boucle de sa ceinture. Une fois son pantalon ouvert, j’y glisse ma main pour prendre son érection et la masturber en douceur.

- J’ai envie de vous Imai-san. Emmenez-moi dans votre chambre.

Je souris contre ses lèvres alors qu’il me soulève pour me conduire dans un lieu plus confortable pour nos activités intimes. Je resserre mes jambes autour de sa taille et mes bras autour de son cou. Notre baiser reprend avec un peu plus de douceur alors que je sens son sexe tendu contre mes fesses. Il m’allonge doucement sur le lit puis quitte mes lèvres pour descendre le long de mon corps presque nu. Son souffle effleure mon string avant que ses dents ne se referment sur mes cuisses qu’il marque longuement. Il est le seul à faire ça et les bleus encore visible sur cette partie de mon anatomie sont son œuvre. Il peut en être fier. Moi je le suis même si je n’aime pas les montrer lorsque je suis à la maison. Peut-être parce que j’ai peur qu’Haru les remarque et sache que nous recommençons à nous voir. C’est ridicule après tout c’est avec Saito qu’il a une histoire pas avec Imai-san, comme je le pensais…

C’est en sentant ses doigts humides de lubrifiant contre mon intimité que je reviens à l’instant présent, gémissant lorsqu’il commence à me préparer tout en crispant mes doigts sur ses draps propres et parfumés. C’est bon au point que je lui réclame bientôt de m’en donner davantage ce qu’il ne tarde pas à faire en remplaçant ses doigts par son sexe tendu et lubrifié. C’est son nom qui traverse mes lèvres alors que sa bite s’enfonce lentement mais sûrement en moi. Je resserre mes cuisses autour de lui lorsqu’il est entièrement mien avant de lui donner un profond et langoureux baiser. Lorsque le souffle nous manque, nous rompons notre contacte buccale pour commencer à nous donner du plaisir. Et je gémis à chacun de ses coups de reins, tous plus vigoureux les uns que les autres. Je l’aime et j’aime ce qu’il me fait même si pour le moment je ne peux lui faire part de mes sentiments. C’est trop tôt et puis j’ai peur de sa réaction. Alors je ne dis rien, je me contente de manifester mon plaisir et de gonfler son égo avec mes éclats de voix tout en profitant de la chaleur de son corps et de la douceur de ses draps.

 

Ma nuit avec Imai-san est plus qu’agréable. C’est un rêve éveillé que je vis même si sa mauvaise humeur matinale me ramène à la réalité. Mais j’ai l’habitude et je ne m’en formalise pas. Je suis trop content d’avoir pu partager toute une nuit avec mon amant même si j’ai sans doute enfreins la règle numéro une de notre milieu : Ne jamais coucher avec un client en dehors du travail. À moins que la numéro une soit : Ne jamais tomber amoureux d’un client ? Dans tous les cas je suis coupable et je ne regrette rien. Du moins pas avant d’avoir passé le pas de la porte du loft que je partage avec Haru.

 

Il est un peu plus de treize heures lorsque je rentre chez moi et c’est en posant mon regard sur Setsuna que je sens la culpabilité m’envahir. Je l’ai complètement oublié et je n’ai aucune raison valable à lui donner. J’ai laissé parler mon cœur à moins que ça ne soit ma bite… ou peut-être mon cul vu que dans mon cas, c’est par là que je prends du plaisir.

Les deux cousins sont installés dans le canapé du salon. Setsuna occupé à assembler une étrange maquette pendant qu’Haru griffonne dans son carnet à croquis. Je reste un instant la bouche entrouverte de surprise et d’admiration devant ce tableau avant de sentir la culpabilité  me ronger un peu plus à chaque seconde qui s’écoule. De la culpabilité vis-à-vis de Haru parce que j’étais avec Imai-san, même si je ne cesse de me répéter qu’il est amoureux de Saito et pas du patron du casino Lucid Dream. De la culpabilité vis-à-vis de Setsuna a qui j’ai posé un lapin.

C’est d’ailleurs le blond qui remarque en premier ma présence et qui relève la tête vers moi pour me saluer tout en souriant. Il n’a pas l’air de m’en vouloir, ce qui me donne le courage de les rejoindre dans le salon. Je m’assois sur le fauteuil en face d’eux et continue de les regarder s’affairer à leurs occupations. Celle de Setsuna éveille davantage ma curiosité car j’ai du mal à comprendre ce qu’il est en train de faire. On dirait une sorte de maquette. Après l’avoir longtemps observé, je finis par lui demander :

- Qu’est-ce que tu fais ?

- Je reconstitue une tourterelle.

- Une tourterelle ?

Je le regarde avec de grands yeux remplis de curiosité et en se rendant compte que je ne comprends toujours pas ce qu’il fait, Setsuna échange quelques mots en russe avec Haru qui daigne enfin relever la tête pour m’expliquer en japonais :

- Setsuna fait de la taxidermie. Il empaille des animaux morts si tu veux.

- Mais c’est un vrai squelette ?

Haru éclate de rire à mon exclamation avant d’échanger quelques mots en russe avec Setsuna. Il se lève juste après en déclarant qu’il a un coup de fil à passer puis monte au premier.

Me voilà à présent seul avec ce beau russe dans le salon qui à chacun de ses sourires fait chavirer un peu plus mon cœur. C’est mal. Je ne devrais pas ressentir ce genre de chose pour lui. Après tout, nous appartenons à deux mondes différents et il ne pourra jamais rien y avoir entre nous. J’ai beau me le répéter, ça ne change rien. Je craque pour lui. C’est innocent et ça n’ira jamais bien loin alors je devrais peut-être me détendre et en profiter. C’est certainement ce que j’aurais fait si je ne me sentais pas coupable de l’avoir oublié la nuit dernière. Il doit très certainement le sentir car il finit par me demander :

- Tout va bien ?

J’entrouvre les lèvres pour lui répondre mais aucun son n’en sort. Ma gorge est nouée et mes yeux commencent à me piquer. J’ai envie de me confondre en excuse mais je n’y arrive pas.

- Tu as prévu quelque chose aujourd’hui ? Te reposer peut-être ?

J’hausse les épaules. Je n’y avais pas réfléchis et même si j’ai travaillé une partie de la nuit j’ai quand même dormi, après bien sûr m’être envoyé en l’air plusieurs fois avec Imai-san. Et c’était merveilleux de pouvoir le faire sans être payé. Malheureusement je ne peux pas partager ça avec lui non pas par pudeur mais simplement parce qu’il me plait et que je n’ai pas envie qu’il sache que j’en aime un autre.

- Et si nous allions nous balader ? Après tout on avait prévu de prendre un verre ensemble.

Un sourire éclaire immédiatement mon visage. Sa proposition est sincère et il n’y a aucun signe de reproche dans le ton de sa voix. Son regard est bienveillant et je dois dire que je fonds littéralement alors que mon cœur commence à battre la chamade.

- Laisse-moi simplement le temps de me changer.

- Entendu. Je dois ranger tout mon bazar de toute façon.

J’acquiesce puis rejoins ma chambre d’un pas léger. Je suis heureux, non seulement j’ai passé une nuit formidable mais en plus Setsuna ne m’en veut pas pour le lapin que je lui ai posé. Au contraire, il me propose de sortir et c’est avec plaisir que j’irais boire un verre avec lui. Je n’avais jamais fait ça avant. Enfin si peut-être avec Haru mais ce n’est pas pareille. Il n’y a jamais eu d’attirance sexuelle entre nous. Là c’est différent. C’est vraiment un rendez-vous qu’il me propose même si c’est en tout amitié, ce n’est pas grave. Ça ne m’empêchera pas d’y prendre du plaisir. Et puis ça compense le fait que je ne puisse pas immédiatement entamer une relation sentimentale avec Imai-san. D’ailleurs tant que rien ne sera officiel entre nous, je crois que je peux m’autoriser à fréquenter d’autres garçons, en tout bien tout honneur bien sûr.

 

 Après une rapide douche, j’enfile une tenue confortable mais jolie et très féminine. Je ne sais pas très bien quel genre d’endroit est l’Angle Dust alors je préfère rester sobre et mettre quelque chose qui n’évoquera pas mon travail. Tout le monde n’a pas besoin de savoir que je me prostitue ni que je suis acteur de film X. D’ailleurs je me demande ce qu’en pense Setsuna. Sans doute du mal comme la plupart des gens et pourtant il n’a pas l’air de me juger et c’est tout ce qui compte. Il n’a pas besoin d’aimer ce que je fais pour vivre. De toute façon son cousin fait la même chose ou en tout cas le faisait jusqu’à il y a peu.

J’ai choisi de mettre une jupe pas trop courte puisqu’elle m’arrive juste au dessus des genoux. Avec mon petit chemisier, je fais très petite fille sage. Surtout que j’y suis allé mollo sur le maquillage. Juste de quoi effacer mes imperfections et affiner mes traits. Lorsque je me présente à Setsuna avec ma petite pochette assortie et mes sandales à talons compensés, je lui demande un peu timidement :

- J’espère que ça ne t’ennuie pas si je suis habillé en fille ?

Il éclate alors de rire et j’avoue que je ne sais pas très bien comment le prendre. D’un seul coup j’ai peur de ne pas lui plaire ainsi et qu’il me trouve carrément ridicule mais il me rassure en me prenant doucement la main et en me disant :

- Je ne t’ai jamais vu habillé autrement qu’en fille. Je t’ai d’ailleurs toujours considéré comme tel et je ne t’imagine pas un seul instant autrement.

Je me sens rempli de joie et je crois que mon sourire traduit très clairement ce que je pense et ressens. D’ailleurs je ne résiste pas à lui sauter au cou. Comme souvent, il met un peu de temps à réagir et à répondre à mon étreinte. J’avoue que j’en profite un peu car c’est tellement agréable ! Immédiatement la première chose qui me vient à l’esprit est que j’aime son odeur mais également la chaleur de son corps contre le mien. Ce n’est pas sexuel comme avec Imai-san. C’est différent et je n’avais jamais ressenti ça pour quelqu’un avant.

- Tu es tellement gentil Setsuna. Merci.

J’en profite tant que je peux même si notre étreinte ne peut durer éternellement au risque de paraitre bizarre. Je m’écarte et nous décidons d’y aller sur le champ. Avant de quitter le loft, je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule et remarque Haru en haut de l’escalier, appuyé contre la rambarde. J’ignore depuis combien de temps il est là mais je crois qu’il a tout vu et qu’il se fait des idées sur Setsuna et moi. Enfin ce n’est pas le moment de penser à ça.

 

Nous marchons un petit moment en silence avant que je n’ose lui dire :

- Tu sais, j’aime qu’on me prenne pour une fille et tout mais je ne m’imagine pas changer… enfin tu vois physiquement.

- Tu aimes ton corps de garçon.

- Oui ! Je me sens bien avec une apparence de fille mais j’aime aussi ce qui fait de moi un garçon.

Je ne sais pas très bien pourquoi je lui dis tout ça. Peut-être parce que j’ai envie qu’il le sache au cas où il serait intéressé. Je rêve un peu mais on ne sait jamais… même si je me destine à finir avec Imai-san, j’ai quand même le droit à quelques aventures avant de me poser définitivement.

- Je comprends, me dit-il. J’avais des amies comme toi en Russie mais là-bas c’est compliqué d’être différent. C’est pour ça que je me sens mieux au Japon. Et puis ma mère est née ici et j’ai la chance d’avoir la double nationalité alors ça facilite un peu les choses.

- Et du coup, quelle est vraiment ton lien avec Haru ?

- Ma mère et son père étaient frère et sœur. Quant à mes parents, ils se sont rencontrés au Japon et ma mère est rapidement partie vivre en Russie avec l’homme de sa vie.

- Ils y vivent encore ?

- Non. Ils sont morts il y a quelques années dans un accident de voiture.

- Oh… je suis désolé.

Il se contente de me sourire comme pour me faire comprendre que ce n’est pas grave. Il me demande ensuite où sont mes parents. La question est délicate et il le comprend à l’expression de mon visage. Il ne s’excuse pour autant pas et ne retire même pas sa question. Je crois qu’il veut vraiment que je lui réponde alors je décide de le faire d’une voix un peu tremblante et hésitante :

- Ils vivent à l’étranger et… ils ne savent pas ce que je fais pour vivre.

Il acquiesce comme si au final il s’y attendait. Je crois que mon histoire est identique à celle de beaucoup d’autres personnes dans ce milieu. C’est de force que j’ai commencé la pornographie et la prostitution mais au final j’y reste de mon plein grès, faute de pouvoir et de savoir quoi faire d’autre.

- Enfin, je ne ferais pas ça toute ma vie.

- Tu sais déjà ce que tu aimerais faire ?

- Non. Peut-être mannequin ou je ne sais pas… je ne suis pas très doué de mes mains et je n’ai pas de diplôme…

- Alors quand j’ouvrirais mon restaurant, tu pourras venir travailler avec moi si tu en as envie. Tu ne gagneras sans doute pas autant qu’aujourd’hui mais tu as un talent certain pour la pâtisserie.

Sa proposition me surprend et me réchauffe le cœur. Je sens d’ailleurs des papillons dans mon estomac alors que mon rythme cardiaque s’accélère. J’adorais et si c’était possible je lui dirais oui immédiatement mais pour le moment ça ne reste qu’un rêve de plus car il n’a pas encore ouvert son restaurant et j’ai toujours besoin de mon travail pour pouvoir passer du temps avec Imai-san. Après tout, ce qui s’est passé la nuit dernière n’était qu’un coup de chance mais ça doit m’encourager à forcer le destin pour que les choses avancent entre nous.

 

Nous arrivons à l’entrée du métro. À cette heure-ci il n’y a pas foule et c’est agréable de le prendre surtout accompagné d’un si charmant garçon. D’ailleurs je vois bien comment les gens nous regardent. On ressemble à un gentil petit couple et je peux dire sans me tromper qu’on est plutôt bien assorti.

Après un changement de rame, nous finissons par refaire surface. Je jette un coup d’œil au GPS du téléphone portable de Setsuna et l’aide à décrypter toutes informations nécessaires à nous guider vers ce fameux bar. Il n’est pas très loin mais le fait qu’il ne soit pas sur une artère principale n’est pas pratique. Surtout pour mon ami qui a encore du mal à lire le japonais. Moi aussi au début j’étais pareille mais Haru m’a beaucoup aidé et aujourd’hui je suis capable de me débrouiller tout seul. En fait, je réalise que sans lui je n’aurais sans doute pas était capable d’endurer tout ça. Je lui dois beaucoup et c’est pour ça que je suis ici avec Setsuna. Pour être sûr que Saito pourra le rendre heureux même si j’avoue que ce scénario m’arrangerait beaucoup…

 

L’Angel Dust n’est pas un bar facile à trouver et pourtant il n’est pas dépourvu de charme. Situé au fond d’une ruelle qui se termine en impasse, l’établissement à l’architecture traditionnelle s’avère bien plus grand qu’il n’y parait. Une fois la porte d’entrée passée, il faut descendre quelques marches pour se retrouver dans une vaste salle à la décoration sobre et à la lumière tamisée. Dans un coin deux jeune gens sont occupés à jouer au billard et de l’autre côté de la salle, c’est un homme entre deux âges qui boit seul un whisky tout en lisant son journal. Il est tôt et il n’y a pas foule.

Après avoir adressé un regard entendu à mon ami, nous décidons d’aller nous installer directement au comptoir derrière lequel s’active d’une jeune femme qui est loin d’être japonaise. Je dirais chinoise mais je me trompe peut-être. Pour le moment nous ne voyons Saito nulle part et ce n’est pas plus mal car j’avoue qu’il me met mal à l’aise. Setsuna de son côté parait bien plus décontracté et j’envie son calme.

Je me hisse non sans mal sur le tabouret en face de moi et observe avec attention la jeune femme qui finit par relever la tête vers nous pour nous sourire. Elle nous demande de patienter un instant et je remarque son léger accent. J’acquiesce en souriant puis reporte mon attention sur le blond qui m’accompagne. Ce dernier se penche vers moi et je frissonne en sentant son souffle contre mon oreille :

- Regarde là-bas.

Derrière le comptoir, entre les étagères d’alcool et le grand miroir se trouve un pan de mur sur lequel sont accrochés plusieurs cadres et c’est l’un d’eux en particulier qui attire mon attention. J’y reconnais Saito, un autre jeune homme mais surtout Haru… Le cliché est ancien tout comme le cadre qui est légèrement poussiéreux. Je le sais car je peine à reconnaitre mon ami tant il est jeune et androgyne sur le cliché. D’ailleurs si je suis certain qu’il s’agit de lui c’est tout simplement parce que j’ai déjà eu la chance de voir des photos de lui à ses débuts…

- C’est une photo des patrons à l’ouverture du bar, nous annonce la barmaid en s’approchant de nous.

Je baisse aussitôt les yeux en rougissant, gêné d’avoir été surpris. Setsuna de son côté en profite pour la questionner :

- Et le propriétaire, il est là aujourd’hui ?

Elle rit tout en s’essuyant les mains.

- Non, il ne vient jamais. Je l’ai rencontré pour la première fois il y a quelques jours. Alors qu’est-ce que je vous sers ?

Je suis déçu. Je pensais qu’on pourrait en apprendre un peu plus sur Saito mais s’il ne vient presque jamais ici, elle ne pourra pas beaucoup nous renseigner. Enfin, puisque nous sommes là, autant prendre un verre et profiter de notre rendez-vous. Après tout, c’est la première fois que Setsuna et moi sortons ensemble.

Le blond commande une bière et de mon côté, je lui demande un cocktail de sa création. Elle nous répond alors qu’elle est encore débutante et qu’elle n’en connait pas beaucoup cependant elle m’assure être capable de faire une Margarita à tomber pour reprendre son expression. Je lui souris et accepte avec plaisir de la laisser me préparer l’un des rares cocktails qu’elle semble capable de réaliser.

Une fois nos boissons servies, la jeune femme retourne à ses occupations et nous aux nôtres. Notre mission vient de tomber à l’eau mais nous pouvons malgré tout passer du bon temps ensemble et je dois dire qu’il est agréable de prendre un verre en dehors du travail, surtout avec un si charmant garçon.

Nous parlons de tout et de rien mais surtout de taxidermie, la passion quelque peu morbide de Setsuna. Enfin selon moi car travailler des cadavres ce n’est vraiment pas ma tasse de thé. De son côté il voit les choses différemment. Pour lui assembler un squelette, c’est comme faire un immense puzzle et souvent lorsqu’il empaille un animal, c’est pour les besoins d’un musée ou d’un laboratoire. Au final c’est un travail très sérieux et scientifique mais il ne souhaite pas en faire son métier car ce qu’il préfère c’est quand même cuisiner, ce qui me plait également.

 

Le temps file sans que nous ne nous en rendions vraiment compte. Le bar se remplit petit à petit mais le bruit ambiant n’ajoute qu’un peu plus de charme à l’instant présent. D’ailleurs je n’ai d’yeux que pour lui et je bois littéralement ses paroles tout en me disant qu’il a décidément un accent adorable. De fait, c’est Setsuna qui le remarque avant moi. Saito vient d’entrée par la porte réservée aux clients. Il traverse la salle et se rapproche à grand pas de la barmaid qui lui adresse un sourire rayonnant. C’est lorsqu’ils échangent un chaste baiser et quelques mots que je réalise qu’elle porte une alliance. Dieu merci, Saito ne nous remarque pas et monte directement au premier par un escalier que je n’avais pas non plus remarqué jusqu’à présent. Setsuna termine sa bière puis fait signe à la jeune femme de lui en servir une autre. Elle acquiesce et lorsqu’elle est suffisamment près de nous, mon ami lui demande :

- C’est votre mari ?

- Oui, répond-elle en rougissant légèrement. C’est le gérant de l’Angel Dust.

- Oh ! J’ai cru au début que c’était le patron vu qu’il était sur la photo.

- Ah non ! Le patron ou plutôt les patrons, ce sont les deux autres sur la photo.

Surpris, j’interroge Setsuna du regard. Haru est l’un des patrons de l’Angel Dust ? Je suis surpris mais cela pourrait expliquer comment il a connu Saito… Mais surtout, je réalise à quel point je ne sais rien sur mon ami…

 

 

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