William Merlaud-Ponty

administrateur et gouverneur colonial français

Amédée William Merlaud-Ponty (né le à Rochefort, décédé le à Dakar, Sénégal) est un administrateur colonial français qui fut gouverneur général de l’Afrique-Occidentale française (AOF) de 1908 jusqu’à sa mort en 1915. On le présente souvent comme un républicain idéaliste[1] et paternaliste, mais des travaux récents[2] brossent le portrait d'un politicien habile, avant tout pragmatique.

William Merlaud-Ponty
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Distinctions

Ses années à la tête de l'AOF ont marqué l'histoire de l'enseignement et de la justice, mais sa responsabilité[3] dans la participation massive de troupes coloniales à la Première Guerre mondiale a terni son image.

Aujourd'hui son nom se perpétue en grande partie à travers celui de l'École normale William-Ponty, ancienne École normale fédérale qui sera pour l'Afrique le creuset où se formeront les élites, les « pontins » : instituteurs, médecins, mais aussi de grands noms de la vie politique africaine, tels que Félix Houphouët-Boigny, Modibo Keïta ou, Mamadou Dia.

Biographie

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Né le à Rochefort, où son père Joseph William était directeur de Messagerie. William Merlaud Ponty fait de brillantes études[4], d'abord dans sa ville natale, puis à Paris où il obtient une licence en droit en 1888[5]. Entré dans l'administration coloniale, il est nommé au Soudan français où il est le secrétaire particulier du colonel Archinard et participe aux colonnes de l'occupation coloniale en tant que civil. Le il est nommé chef du secrétariat auprès du gouverneur général à Saint-Louis.

 
(Liberia, Monrovia) Le gouverneur général Ponty entre le président Barclay et le secrétaire Johnson

Après un intermède à Madagascar, il est nommé délégué du gouverneur général de l'AOF pour mettre en place l'administration du Haut-Sénégal-Niger, d'abord à Kayes, puis à Bamako. Lorsque la colonie du Haut-Sénégal-Niger est créée le , c'est à lui qu'on en confie la direction.

Le il succède à Ernest Roume, fatigué et souffrant, comme gouverneur général de l'AOF. Lui-même est remplacé à la tête du Soudan français par François Clozel. Contrairement à Roume, un polytechnicien qui a d'abord construit sa carrière dans les couloirs du Ministère des Finances, Merlaud-Ponty est un homme de terrain, vétéran des campagnes du Soudan[6].

Sa politique coloniale repose sur la notion d'« apprivoisement[7] ». Selon lui, il faut s'appuyer sur de bons chefs, issus de la tribu ou du groupe qu'ils doivent commander. Bien qu'il se méfie des marabouts, il conseille aux commandants de cercles de rallier les musulmans à la cause de la colonisation.

William Merlaud Ponty est franc-maçon[8], membre de la loge du Grand Orient de France. Il veut procéder à la laïcisation de la colonie et se heurte aux Pères blancs, des missionnaires bien implantés en Afrique occidentale.

Il épouse l'actrice Juliette Thabussot le à Saint-Mandé[9]. Il l'avait rencontrée le .

De janvier à août 1912, François Clozel assure l'intérim.

En 1914, alors que la guerre menace après l'attentat de Sarajevo, William Merlaud-Ponty souhaite d'emblée associer les forces de l'AOF au futur conflit. Le , avant même l'ordre de mobilisation, il propose d'envoyer plusieurs milliers d'hommes et renouvelle son offre un mois plus tard[10].

William Merlaud-Ponty s'épuise à la tâche, sa santé décline au fil des années, mais il ne veut pas quitter son poste. Le le ministre des Colonies Doumergue, ému par des nouvelles alarmantes, le rappelle en France[11], mais le télégramme arrive trop tard, car son état est jugé désespéré. Il meurt à Dakar le et François Clozel lui succède à nouveau, pleinement cette fois, du au .

Distinctions

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Hommages

L'espèce de scarabée Rhabdotis pontyi lui est dédiée par l'entomologiste André Vuillet en 1911[14].

Postérité

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À la Gare de Dakar est un monument dédié en 1923 « aux créateurs de l'AOF et à la gloire de l'armée noire » avec les statues réalisées par le sculpteur toulousain Paul Ducuing du tirailleur et du zouave Demba et Dupont[15]. Le monument rend hommage au conquérant français du Sénégal, Louis Faidherbe, et aux quatre gouverneurs généraux, Noël Ballay, Joost van Vollenhoven, François Joseph Clozel et Ponty lui-même[16].

Plusieurs artères portent son nom, telles que des avenues à Rochefort et à Dakar.

Notes et références

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  1. G. W. Johnson, « William Ponty and Republican Paternalism in French West Africa (1866–1915) », in L.H. Gann et Peter Duignan (dir.), African Proconsuls : European governors in Africa, 1978, p. 127-156
  2. E. A. Foster, « Rethinking "Republican Paternalism" : William Ponty in French West Africa, 1890-1915 », in Outre-mers, 2007, n° 356-357, p. 211-233
  3. M. Michel, Les Africains et la grande guerre : l'appel à l'Afrique, 1914-1918, 2003, p. 45
  4. S.Ouattara, Gouvernance et libertés locales : pour une renaissance de l'Afrique, 2007, p. 76
  5. A. L. Conklin, A Mission to Civilize: The Republican Idea of Empire in France and West Africa, 1895-1930, 1997, p. 107
  6. A. L. Conklin, op. cit., p. 107
  7. S.Ouattara, op. cit., p. 76
  8. François Zuccarelli, La vie politique sénégalaise : 1789-1940, Centre des hautes études sur l'Afrique et l'Asie modernes, 1987, p. 45 (ISBN 9782903182236)
  9. Mention marginale sur son acte de naissance n°85 du (Archives départementales de Charente-Maritime)
  10. M. Michel, Les Africains et la grande guerre, op. cit., p. 34
  11. Marc Michel, L'Appel à l'Afrique : contributions et réactions à l'effort de guerre en A.O.F. : (1914-1919), Publications de la Sorbonne, Paris, 1982, p. 64 (ISBN 2-88634-046-1)
  12. Base Léonore.
  13. État des services, base Léonore.
  14. André Vuillet, « Les Rhabdotis de l'Afrique occidentale française (Col. Cetonidae) », Insecta, vol. 1,‎ , p. 10-13
  15. Olivier Herviaux, « Coly & Sobanski, frères tirailleurs pour la vie » dans Le Monde, 25 octobre 2007
  16. René Vanlande, Dakar, Peyronnet, Paris, 1940, p. 189

Voir aussi

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Bibliographie

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  • (en) Alice L. Conklin, A Mission to Civilize: The Republican Idea of Empire in France and West Africa, 1895-1930, Stanford University Press, 1997, 367 p. (ISBN 9780804729994)
  • (en) Elizabeth A. Foster, « Rethinking "Republican Paternalism" : William Ponty in French West Africa, 1890-1915 », in Outre-mers, 2007, vol. 95, n° 356-357, p. 211-233
  • (en) G. Wesley Johnson, « William Ponty and Republican Paternalism in French West Africa (1866–1915) », in L.H. Gann et Peter Duignan (dir.), African Proconsuls : European governors in Africa, Free press, Macmillan, New York ; Collier Macmillan, Londres ; Hoover institution, Stanford, CA, 1978, p. 127-156 (ISBN 0-02-911190-0)
  • Joseph Roger de Benoist, Église et pouvoir colonial au Soudan français : les relations entre les administrateurs et les missionnaires catholiques dans la Boucle du Niger, de 1885 à 1945, Karthala, 1987, 539 p. (ISBN 9782865371693)
  • Denise Bouche, L'Enseignement dans les territoires français de l'Afrique occidentale de 1817 à 1920 : mission civilisatrice ou formation d'une élite ?, Université Panthéon-Sorbonne, Paris, 1974, 2 vol., 947 p. (thèse d'État)
  • Georges Hardy, Une conquête morale : l'enseignement en AOF, L'Harmattan, 2005, 275 p. (ISBN 2747592979)
  • Paul Marty, La politique indigène du gouverneur général Ponty en Afrique occidentale française, E. Leroux, Paris, 1915
  • Jacques Méniaud, Les pionniers du Soudan avant, avec et après Archinard, 1879-1894, Société des publications modernes, Paris, 1931, 2 vol.
  • Marc Michel, Les Africains et la grande guerre : l'appel à l'Afrique, 1914-1918, Karthala, 2003, 302 p. (ISBN 9782845864177)
  • Soungalo Ouattara, Gouvernance et libertés locales : pour une renaissance de l'Afrique, Karthala, 2007, p. 76-77 (ISBN 9782845869233)

Articles connexes

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Liens externes

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