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Nimaâthâpy

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Nimaâthâpy
Image illustrative de l’article Nimaâthâpy
Nimaâthâpy sur le mur du mastaba de Metjen.
Nom en hiéroglyphe
H p Hpn
U2
mAa
t
Transcription N.j m3ˁ.t Ḥp
Dynastie IIe et IIIe dynastie
Fonction principale Reine consort
Régente
Dates de fonction XXVIIe siècle avant notre ère
Famille
Conjoint Khâsekhemoui
Enfant(s) Djéser
Sekhemkhet
Sanakht

Nimaâthâpy, Nimaathap, Nima'at-Hapi ou Nihap-ma'at[1], est une reine consort de l'Égypte antique à l'époque de la transition de la IIe à la IIIe dynastie.

Nimaâthâpy a peut-être gouverné comme régente pour son fils Djéser, le premier roi de la IIIe dynastie[2],[3]. Elle est même célébrée et honorée comme cofondatrice de cette nouvelle dynastie[3],[4], et donc de l'Ancien Empire.

Elle est également connue pour la durée du culte posthume dont elle est l'objet, qui se poursuit officiellement de façon attestée pendant la IVe dynastie[3].

Nom personnel

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Le nom de Nimaâthâpy est également lu comme Nimaathapi. Son nom s'apparente à celui du dieu de la terre Hapi, ou Apis. C'est également le cas du nom de la reine Khenthap de la Ire dynastie. Dans les deux cas, certains universitaires pensent que le lien entre le nom de la reine et le dieu Apis fait référence à un titre de roi qui n'est introduit que plus tard, le « taureau de sa mère »[1]. Une ancienne lecture donne Hepenmaat, car le phonème Hapi n'était pas encore reconnu comme le nom de Hapy (Apis)[5].

Sceau avec le nom et les titres de Nimaâthâpy, trouvé à Abydos.

En tant que reine, Nimaâthâpy porte plusieurs titres de haut rang :

  • « Mère de roi », en égyptien Mwt-neswt-bity, et même « mère du roi de la Haute et de la Basse Égypte ». Ce titre de mère de roi est le plus important de Nimaâthâpy, il prouve qu'elle a donné naissance à au moins un roi[5],[4].
  • « Mère des enfants royaux », en égyptien Mwt-mesw-nesw. Ce titre unique peut indiquer que Nimaâthâpy a donné naissance à plusieurs héritiers du trône ou prétendants au trône[5],[4].
  • « Épouse du roi », en égyptien Hemet-nesw. Ce titre apparaît sur un gobelet en granit, mais l'authenticité de cet artefact est remise en question par les spécialistes[5].
  • « Celle qui dit une chose et c'est fait (pour elle) immédiatement », en égyptien Djed-khetneb-iret-nes. C'est un titre de pouvoir exécutif, rarement mentionné. Il donne à la reine le droit de donner n'importe quel ordre à la cour royale[5],[4].
  • « Scellant du chantier naval », en égyptien Sedjawty-Khwj-retek. Il est difficile de savoir si c'était vraiment là un de ses titres, ou si la jarre ainsi scellée provenait simplement du responsable du chantier naval, sans nom connu[5],[4].

Biographie, rôle historique

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Nimaâthâpy est généralement considérée comme la reine consort du pharaon Khâsekhemoui. Cette identification se base sur le fait que la plupart des sceaux de Nimaâthâpy ont été trouvés dans la tombe de Khâsekhemoui à Abydos. On ne sait pas combien Nimaâthâpy avait d'enfants. Le pharaon Djéser, son successeur immédiat Sekhemkhet et Sanakht sont considérés comme ses fils[5],[4].

D'anciennes théories, dépassées depuis, soutenaient que Nimaâthâpy était la fille de Khâsekhemoui, qu'elle avait épousé le roi Nebka (Sanakht) et que Djéser était le « premier roi légitime » de cette lignée. Cela aurait cadré avec les listes des rois ramessides, qui ont permis à la IIIe dynastie de commencer avec le roi Nebka. Cela aurait également correspondu aux chroniques de l'historien égyptien Manéthon, qui place un roi Necherôphes devant le roi Djéser (qu'il appelle Tósorthrós)[3],[4].

Cependant, ces théories sont aujourd'hui réfutées par le grand nombre d'impressions de sceaux, et aussi quelques inscriptions sur des bols en pierre, portant les titres de Nimaâthâpy comme « mère du roi de la Haute et de la Basse-Égypte », « mère des enfants royaux » et « épouse du roi ». On pense maintenant que Nimaâthâpy était une princesse de la maison royale du Nord. Lorsque Khâsekhemoui a combattu la maison royale du Nord en Haute-Égypte et en a été victorieux, Nimaâthâpy lui aurait été remise comme une sorte de trophée[3],[4].

Les spécialistes sont maintenant également convaincus que son fils Djéser était le fondateur effectif d'une nouvelle dynastie parce que Djéser et Nimaâthâpy ont enterré Khâsekhemoui au cimetière thinite d'Abydos, mais Djéser a fondé une nouvelle nécropole memphite à Saqqarah[3],[4]. Djéser a enterré son père sur le site d'origine de la maison de Khâsekhemoui ; Djéser et sa mère Nimaâthâpy ont organisé ensemble l'inhumation[3],[4].

Après cela, Nimaâthâpy est peut-être la régente et soutient probablement son fils Djéser pendant quelques années, comme l'indique le fragment de relief d'Héliopolis. Après sa mort, Nimaâthâpy est manifestement longtemps commémorée et honorée en tant que cofondatrice d'une nouvelle dynastie, la IIIe dynastie, comme le prouvent les inscriptions funéraires du dignitaire Metjen de la IVe dynastie, qui avait la responsabilité du service de son culte[3],[4].

Inscriptions, culte posthume

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Le nom de Nimaâthâpy apparaît sur des empreintes d'argile découvertes principalement dans la tombe du roi (pharaon) Khâsekhemoui, le dernier souverain de la IIe dynastie. Le grand nombre d'empreinte donne à penser que Nimaâthâpy était l'épouse de ce pharaon[3],[5].

D'autres sceaux ont été découverts à Beit Khallaf, dans la nécropole, dans les principaux mastabas, dénommés K1 et K2. On ne connaît cependant pas avec certitude le lien qui existait entre la reine Nimaâthâpy et les propriétaires de ces tombeaux[3],[5].

Son nom apparaît également sur des fragments de dalles de pierre à Héliopolis. On y voit Nimaâthâpy représentée à genoux aux pieds du pharaon Djéser, avec l'épouse de Djéser, la reine Hétephernebty et la fille de Djéser, la princesse Initkaes. Ce bas-relief est considéré comme une preuve que Nimaâthâpy est encore en vie à ce moment-là et qu'elle a participé à au moins une cérémonie Hebsed du trentième anniversaire du règne de Djéser. Le nom de Nimaâthâpy n'apparaît pourtant pas dans la nécropole pyramidale de Djéser à Saqqarah ; son nom y est remplacé par des représentations du dieu de la douleur et des momies, Anubis[3],[5].

Le nom de Nimaâthâpy apparaît également dans une inscription de la tombe du haut dignitaire Metjen, qui exerce ses fonctions sous les rois Houni et Snéfrou pendant la IVe dynastie. Metjen est « surveillant de la maison Ka de Nimaâthâpy ». C'est donc lui qui surveille et administre le culte mortuaire en faveur de la reine. Les égyptologues considèrent cela comme une preuve de la renommée de Nimaâthâpy pendant la période de l'Ancien Empire[5],[4].

La tombe de Nimaâthâpy n'est pas identifiée avec certitude. Certains égyptologues considèrent cependant le mastaba K1 à Beit Khallaf comme le sien. Ils se basent pour cela sur la quantité considérable d'impressions de sceaux portant son nom, trouvées à l'intérieur de cette tombe[3],[5].

D'autres spécialistes pensent que Nimaâthâpy devait être enterrée à Abydos, en raison de son mariage avec Khâsekhemoui. Mais ensuite, elle a peut-être été enterrée quelque part à Abousir, car le haut dignitaire nommé Metjen était responsable du culte mortuaire en faveur de cette reine. Or le surveillant d'un culte mortuaire était habituellement enterré à proximité de la tombe qu'il supervisait[4].

Notes et références

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  1. a et b (de) Silke Roth, « Die Königsmütter des Alten Ägypten von der Frühzeit bis zum Ende der 12. Dynastie », dans Ägypten und Altes Testament, vol. 46, Wiesbaden, Harrassowitz, 2001 (ISBN 3-447-04368-7), p. 383.
  2. (en) K. I. Martin Christensen, « Women in Power: BC 4500-1000 », sur Worldwide Guide to Women in Leadership, (consulté le ).
  3. a b c d e f g h i j k et l (en) Joyce Anne Tyldesley, Chronicle of the queens of Egypt: from early dynastic times to the death of Cleopatra, Londres, Thames & Hudson, 2006 (ISBN 0500051453), p. 25 et 35-39.
  4. a b c d e f g h i j k l et m (de) Silke Roth, « Die Königsmütter des Alten Ägypten von der Frühzeit bis zum Ende der 12. Dynastie », dans Ägypten und Altes Testament, vol. 46, Wiesbaden, Harrassowitz, 2001, (ISBN 3-447-04368-7), p. 59-61 et 65–67.
  5. a b c d e f g h i j k et l (en) Toby Alexander Howard Wilkinson, Early Dynastic Egypt, Londres, Routledge, 2001 (ISBN 0415260116), p. 80-82, 94-97.

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Articles connexes

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