Alondra Nelson
Director of the Office of Science and Technology Policy (d) | |
---|---|
- | |
Naissance | |
---|---|
Nationalité | |
Formation | |
Activité |
A travaillé pour | |
---|---|
Membre de | |
Site web | |
Distinctions |
Membre de l'AAAS () Letitia Woods Brown Memorial Book Prize (d) |
Alondra Nelson, née en 1968, est une écrivaine, anthropologue et sociologue afro-américaine. Familiarisée dès sa jeunesse avec la science et la technologie, elle se forme en sciences humaines à l'université. Professeure de science sociale et de sociologie, elle est sollicitée par deux présidents des États-Unis pour rejoindre des équipes de chercheurs de la Maison-Blanche : Barack Obama sur l'histoire orale de la présidence et Joe Biden au Bureau de la politique scientifique et technologique.
Alondra Nelson situe ses recherches à l'intersection entre la science, la technologie, la médecine et l'inégalité sociale. Parmi ses thèmes de recherche, elle interroge l'Afrofuturisme à travers différents champs artistiques et technologiques. Elle décrit comment le Black Panther Party conteste le processus de racialisation de la médecine et de la science. Elle analyse les motivations et les usages des seniors et des jeunes américains qui s'approprient les recherches génétiques.
Elle contribue à établir des principes qui doivent permettre de mieux protéger les droits des personnes de l'impact grandissant des algorithmes et l'intelligence artificielle dans leurs vies. Une démarche qu'elle initie avec des groupes de travail dans le domaine universitaire.
Les travaux d'Alondra Nelson sont récompensés par de multiples prix et citations dans des palmarès.
Biographie
[modifier | modifier le code]Enfance, formation et débuts
[modifier | modifier le code]Alondra Nelson naît en 1968 à Bethesda. Sa mère Delores Nelson est cryptographe dans l'armée et Robert Nelson son père est militaire[1]. Sa mère la familiarise très jeune à la science et à la technologie[2]. En 1994, elle obtient son diplôme d'études supérieures magna cum laude avec une spécialité en anthropologie à l'université de Californie à San Diego[1], son master de philosophie et son doctorat en études américaines à l'université de New York[3].
Elle participe aux réflexions sur les questions d'une possible disparition de l'identité à l'ère numérique : « Est-ce une bonne chose si personne ne sait que vous êtes une femme sur l'internet ? Peut-être. Est-ce une bonne chose si personne ne sait que vous êtes noir ? »[1]. Et réfute l'idée que la race et le sexe ne signifieraient rien à l'ère de ces nouvelles technologies.
Carrière
[modifier | modifier le code]Elle est doyenne de science sociale et professeure de sociologie à l'université Columbia, New York[3] et dirige notamment le Social Science Research Council (SSRC) depuis 2017[4].
En 2019, elle rejoint la Presidency Oral History Advisory Board de Barack Obama[5].
En 2020, elle est professeure titulaire de la chaire Harold F. Linder à l'Institute for Advanced Study à Princeton dans le New Jersey[6],[7]. La même année elle est élue membre de l'Académie nationale de médecine des États-Unis[8].
En , elle est nommée directrice adjointe pour la science et la société de l'Office of Science and Technology Policy (OSTP) par l'administration de Joe Biden[9],[3]. C'est la première femme noire à la tête de cette institution depuis sa création il y a 45 ans[1]. Sa nomination rencontre un écho très favorable dans la communauté scientifique[10]. Après avoir été directrice de l'Office de février à où elle dirige l'équipe , elle quitte le service en pour rejoindre l'Institute for Advanced Study[11].
Thèmes de recherche
[modifier | modifier le code]Alondra Nelson situe ses recherches à l'intersection entre la science, la technologie, la médecine et l'inégalité sociale[2].
L'afrofuturisme
[modifier | modifier le code]Pionnière, à la fin des années 1990, Alondra Nelson, jeune diplômée, organise une rencontre sur le thème de l'engagement de la diaspora noire dans la technologie et la science-fiction autour de la notion d'afrofuturisme[12] - terme créé par Mark Dery en 1994[2] lors d'interviews pour son livre Flame wars : the discourse of cyberculture[13],[Note 1]. Les participants viennent des États-Unis et d'outre Atlantique pour échanger sur Octavia E. Butler, sur les mécanismes de production de la musique noire et tous types de développements technologiques[12]. Parmi eux, citons DJ Spooky (Paul D. Miller), la romancière Nalo Hopkinson, et le critique culturel Alexander Weheliye comme modérateurs[2]. En 2002, Alondra Nelson contribue à Afrofuturism dans la revue Social Text et développe avec d'autres auteurs ce thème des approches culturelles de la technologie à travers la littérature, la poésie, la science-fiction et la fiction spéculative, la musique, les arts visuels et l'Internet[14].
Alondra Nelson contribue à l'émergence d'un nouveau courant, distinct de l'afrofuturisme, défini en 2019 par Nnedi Okorafor comme l'africanfuturisme[15]. Hope Wabuke[16], promotrice de ce nouveau concept, souligne que le travail d'Alondra Nelson sur « sur les intersections entre la race, la technologie et la santé, a continué d'être modelé par d'éminents chercheurs de manière à ce qu'il puisse contenir un concept plus large de la négritude. »[17].
L'idée de race dans la politique de santé américaine
[modifier | modifier le code]En 2012, lors de son entretien avec l'historienne Pauline Peretz, Alondra Nelson raconte que lors de sa thèse, elle étudie des ouvrages qui montrent comment la médecine et la science ont créé la notion de race. Elle recherche alors des communautés noires qui contestent ce processus de racialisation[18]. Elle s'intéresse notamment au Black Panther Party qui mène dans les années 1970 des actions « sur le dépistage de la drépanocytose, le développement de programmes pour une meilleure nutrition et pour l’éducation… »[18]. Le parti développe une analyse politique de cette maladie qui affecte principalement les noirs, soulignant les causes aussi bien sociales que biologiques de sa prévalence. Nelson souligne que « les Panthers montrèrent que de nombreuses maladies génétiques touchent une race ou une ethnie en particulier, pour ensuite comparer le peu d’argent investi par l’administration Nixon dans la recherche sur la drépanocytose, affectant surtout les Noirs, avec les vastes sommes dédiées à des « maladies de Blancs » comme la mucoviscidose. (traduction Émilie L'Hôte). »
Alondra Nelson reçoit le prix du livre Letitia Woods Brown Memorial[19] et le prix du livre Mirra Komarovsky (2013)[20] pour Body and Soul: The Black Panther Party and the Fight against Medical Discrimination (2012).
ADN et Afro-Américains
[modifier | modifier le code]Nelson note que les seniors Afro-Américains sont les premiers[2] à s'emparer de tests génétiques ADN, une technologie de pointe, pour tenter de reconstituer les racines dont ils ont été dépossédés par l'esclavage[21]. Elle indique que « La plupart des personnes avec lesquelles je me suis entretenue ne sont pas panafricanistes au sens politique du terme. Ce ne sont pas des militants afrocentristes, malgré leur intérêt pour la politique et la culture africaines. Cependant, sur la base des résultats de leur test d’ascendance génétique, de nombreuses personnes cherchent à bâtir une relation avec des expatriés africains vivant aux États-Unis, quand ils ne vont pas jusqu’à organiser un voyage en Afrique. (traduction par Émilie L'Hôte) »[18].
Elle s'intéresse ensuite aux jeunes africains-américains qui se filment lors de la réception de leurs résultats génétiques et postent leur vidéo sur YouTube. Ce qu'elle appelle la « révélation des racines » et elle analyse les commentaires qui sont postés[18].
Son ouvrage The social life of DNA : race, reparations, and reconciliation after the genome est récompensé par le MIT Morison Prize en science, technologie et société en 2020[3].
L'intelligence artificielle
[modifier | modifier le code]Ces recherches sont centrées sur l'intersection de la science, de la technologie et de la politique[22]. Constatant que les capacités de l'IA s'accroissent rapidement elle s'interroge sur la gouvernance à mettre en place. Des garde-fous règlementaires pourraient constituer des règles du jeu partagées et offrir une relative « certitude » aux travailleurs, aux consommateurs et à l'industrie[23]. Lors de ses fonctions à l'OSTP, elle dirige l'équipe qui conçoit les principes[24] qui doivent aider les décideurs politiques, les législateurs et les développeurs de technologies à mieux protéger les droits des personnes à mesure que les algorithmes et l'IA s'immiscent davantage dans leurs vies[25].
En juin 2023, elle invite plusieurs groupes de différents secteurs et disciplines pour réfléchir à une politique de l'IA et de sa gouvernance au sein du campus de l'Institute for Advanced Study[26].
En mémoire de bell hooks
[modifier | modifier le code]Alondra Nelson, à la mort de bell hooks, évoque les histoires inspirantes de cette militante, l'impact qu'elle a eu et son influence durable sur le féminisme noir [27].
Publications
[modifier | modifier le code]Ouvrages
[modifier | modifier le code]- (en-US) Alondra Nelson (éd.) avec Thuy Linh Nguyen Tu et Alicia Headlam Hines, Technicolor : race, technology, and everyday life, New York, New York University, , 205 p. (ISBN 9780814736036, lire en ligne)
- (en-US) Alondra Nelson (éd.) Ron Eglash, Anna Everett, Tana Hargest, Nalo Hopkinson, Tracie Morris, Kali Tal, Fatimah Tuggar, Alexander G. Weheliye et Alondra Nelson (ill. Fatimah Tuggar), Afrofuturism, Durham, Duke University Press,, , 146 p. (ISBN 9780822365457, lire en ligne)
- (en-US) Body and soul : the Black Panther Party and the fight against medical discrimination, Minneapolis, Minnesota, University of Minnesota Press, , 289 p. (ISBN 9780816676484, lire en ligne)
- (en-US) The social life of DNA : race, reparations, and reconciliation after the genome (Histoire), Boston, Beacon Press, , 200 p. (ISBN 9780807033012, lire en ligne)
Articles
[modifier | modifier le code]- (en-US) Lundy Braun, Anne Fausto-Sterling, Duana Fullwiley, Evelynn M. Hammonds, Alondra Nelson, William Quivers, Susan M. Reverby, Alexandra E. Shields, « Racial Categories in Medical Practice: How Useful Are They ? » (PDF), Public Library of Science Medicine, vol. 4, no 9, (PMID 17896853, lire en ligne)
- Alondra Nelson, avec Caroline Izambert, Claire Richard (trad. Maud Gelly,), « « Corps et âme ». Le parti des Black Panthers et la lutte contre la discrimination médicale », Agone, , p. 19-50 (lire en ligne).
- Alondra Nelson interviewée par Pauline Peretz (trad. Emilie L’Hôte), « Race et santé dans l’Amérique contemporaine », La Vie des idées, (lire en ligne).
- (en) Éveline Thévenard, Alondra Nelson, Body and Soul : The Black Panther Party and the Fight against Medical Discrimination (compte-rendu en PDF), Transatlantica, (DOI 10.4000/transatlantica.5886, lire en ligne)
- (en-US) « The social life of DNA : racial reconciliation and institutional morality after the genome » (publication scientifique), The British Journal of Sociology, vol. 69, (DOI 10.1111/1468-4446.12607, résumé)
Catalogue d'exposition
[modifier | modifier le code]- (en-US) Alondra Nelson avec Kevin Michael Angelo Strait (éd.), Kinshasha Conwill (éd.), Reynaldo Anderson (préf. Kevin Young, Catalogue d'exposition), Afrofuturism : A History of Black Futures, Smithsonian Books, , 216 p. (ISBN 978-1588347404, lire en ligne)
Articles de presse
[modifier | modifier le code]- (en-US) « Elizabeth Warren and the Folly of Genetic Ancestry Tests », The New York Times, (lire en ligne)
- (en-US) « Unequal Treatment How African Americans have often been the unwitting victims of medical experiments », Washington Post, (lire en ligne)
Distinctions et prix (extrait)
[modifier | modifier le code]- Membre de l'AAAS (2021-2024)[28].
- Prix Sage-CASBS, pour une réalisation exceptionnelle dans le domaine des sciences comportementales et sociales qui fait progresser notre compréhension des questions sociales urgentes, Center for Advanced Study in the Behavioral Sciences, université Stanford (2023)[29].
- Membre de l'Académie nationale de médecine des États-Unis (2020)[8].
- Prix MIT Morison en science, technologie et société pour The Social Life of DNA: Race, Reparations, and Reconciliation after the Genome (2020)[3].
- Prix Poorvu pour African American Studies and Sociology à l'université Yale (2008)[30].
- Prix du livre Letitia Woods Brown Memorial[19] et Prix du livre Mirra Komarovsky (2013)[20] pour Body and Soul: The Black Panther Party and the Fight against Medical Discrimination (2012).
Palmarès (extrait)
[modifier | modifier le code]- TIME100 en Intelligence artificielle (2023)[31].
- Citée par EPIC parmi les Champions of Freedom Awards (2023)[32].
- Nature's 10 People Who Shaped Science (2022)[33],[34].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]Références
[modifier | modifier le code]- (en) Nancy Scola, « Can Alondra Nelson Remake the Government’s Approach to Science and Tech? », sur POLITICO, (consulté le )
- (en-US) Nehal El-Hadi, « An Interview with Alondra Nelson », sur Believer Magazine, (consulté le )
- (en) « Alondra Nelson Wins 2020 Morison Prize; Lecture on 10/1 - IAS News | Institute for Advanced Study », sur www.ias.edu, (consulté le )
- (en) « Alondra Nelson | Columbia University School of Professional Studies », sur sps.columbia.edu (consulté le )
- (en) « Alondra Nelson Selected to Serve on Obama Presidency Oral History Advisory Board - IAS News | Institute for Advanced Study », sur www.ias.edu, (consulté le )
- (en) « Alondra Nelson », sur Social Science Research Council (consulté le ).
- (en) « Alondra Nelson », sur Department of Sociology (consulté le )
- (en-US) « National Academy of Medicine Elects 100 New Members », sur National Academy of Medecine, (consulté le )
- (en) « Biden and Harris will introduce members of their White House science team this afternoon. », New York Times, (lire en ligne).
- (en) Nidhi Subbaraman, « 'Inspired choice': Biden appoints sociologist to top science post », Nature, (DOI 10.1038/d41586-021-00159-z, lire en ligne).
- (en) Ashley Gold, « Exclusive : OSTP official Alondra Nelson to step down », sur Axios, (consulté le )
- (en) H. Rambsy, « Alondra Nelson, Afrofuturism, and Black Book History » (consulté le )
- (en-US) Mark Dery, Flame wars : the discourse of cyberculture, Durham, NC, Duke University Press, , 349 p. (ISBN 9780822315315, lire en ligne)
- (en-US) Alondra Nelson et al., Afrofuturism, vol. 20, Social Text, , 2e éd., 160 p. (présentation en ligne)
- (en-US) Nnedi Okorafor, « Africanfuturism Defined », (consulté le )
- (en) « Hope Wabuke | Department of English », sur www.unl.edu (consulté le )
- (en) Hope Wabuke, « Afrofuturism, Africanfuturism, and the Language of Black Speculative Literature », sur Los Angeles Review of Books, (consulté le )
- Pauline Peretz (trad. Émilie L’Hôte), « Race et santé dans l’Amérique contemporaine », La Vie des idées, (lire en ligne, consulté le )
- (en-US) « Letitia Woods Brown Memorial Book, Anthology, and Article Awards – Association of Black Women Historians » (consulté le )
- (en-US) « Alondra Nelson », sur Center for the Study of Social Difference, (consulté le )
- « ADN : les Noirs américains à la recherche de leurs gènes africains », sur Bibliobs, (consulté le )
- (en) « How to Regulate AI - In the Media | Institute for Advanced Study », sur www.ias.edu, (consulté le )
- (en-US) « How artificial intelligence could impact the workforce and the global economy », Washington Post, (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le )
- (en-US) « Blueprint for an AI Bill of Rights | OSTP », sur The White House (consulté le )
- (en) « Alondra Nelson to Conclude Distinguished Term at White House - IAS News | Institute for Advanced Study », sur www.ias.edu, (consulté le )
- (en) « IAS Scholars on Artificial Intelligence - IAS News | Institute for Advanced Study », sur www.ias.edu, (consulté le )
- (en) « In Remembrance of bell hooks | The Takeaway », sur WNYC Studios (consulté le )
- (en-US) « Alondra Nelson », sur AAAS (consulté le )
- (en-US) David Nordman, « Groundbreaking sociologist and journalism pioneer will receive honorary degrees at Northeastern commencement », sur Northeastern Global News, (consulté le )
- (en) « Poorvu Family Fund for Academic Innovation Showcase », sur Poorvu Center for Teaching and Learning, (consulté le )
- (en) « TIME100 AI 2023: Alondra Nelson », sur Time, (consulté le )
- (en-US) « EPIC 2023 Champions of Freedom Awards », sur EPIC - Electronic Privacy Information Center (consulté le )
- (en) « Nature’s 10 », sur www.nature.com (consulté le )
- « "Quand on croit sincèrement au pouvoir de l’innovation, on est capable de la mettre au service de tous" : Alondra Nelson, une des dix personnalités scientifiques de 2022 selon Nature », sur www.larecherche.fr (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Daylanne K. English, « Afrofuturism », Oxford Biographies, (DOI 10.1093/obo/9780190221911-0004, lire en ligne)
- (en) Magali Bessone, « Genetic Genealogy and the Unexpected Turn of Racial Politics », European Journal of Sociology / Archives Européennes de Sociologie, vol. 58 « Critical Studies », no 3, , p. 616-620 (lire en ligne)
- (en-US) Nidhi Subbaraman, « ‘Inspired choice’ : Biden appoints sociologist Alondra Nelson to top science post » (publication scientifique), Nature : International weekly journal of science, (DOI 10.1038/d41586-021-00159-z, lire en ligne)
Liens externes
[modifier | modifier le code]
- (en) Site officiel
- Ressources relatives à la recherche :
- Alondra Nelson: Leave More Genius Work Behind, JSTOR Daily, interview 10 juin 2020
- Naissance en 1968
- Naissance à Bethesda (Maryland)
- Étudiant de l'université de New York
- Étudiant de l'université de Californie à Davis
- Écrivaine afro-américaine
- Professeur à l'université de Princeton
- Professeur à l'université Columbia
- Sociologue américaine
- Universitaire afro-américaine
- Membre de l'Association américaine pour l'avancement des sciences
- Sociologue américain