Inégalité sociale

accès et distribution non équitable aux ressources sociétales

Une inégalité sociale, est une différence dans l’accès à des ressources sociales rares et valorisées, ressources étant entendu au sens le plus large, incluant toutes les possibilités d'actions humaines : politique, économique, culturelle, sociale, sexuelle, etc. (une tolérance différentiée en matière d'infidélité dans le mariage, par exemple, est ainsi une ressource en ce sens). Les inégalités sociales sont donc le résultat d'une distribution inégale des ressources au sein d’une société[1].

Liste des pays par IDH ajusté selon les inégalités en 2022.

Les inégalités sont au fondement de la stratification des sociétés humaines. En effet, l'accès inégal aux ressources socialement valorisées distribue les individus en différents groupes sociaux.

Concept

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Différences

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Les inégalités se construisent dans un rapport dialectique aux différences qui peuvent exister entre les individus. « Si chacun était identique aux autres, il ne pourrait exister d'inégalité », rappelle Louis Chauvel[2]. Toutefois, ces différences ne suffisent pas à faire une inégalité. Pour qu'elles le deviennent, il faut qu'elles se traduisent par un accès inégal entre ces individus différents, en raison de leur différence, à certaines ressources rares et valorisées[3].

Ainsi, la différence sexuelle biologique n'est pas, en soi, une inégalité. Le fait que certains individus soient, biologiquement, nés avec des yeux verts ou des yeux marron ou du sexe masculin et d'autres du sexe féminin ne devient une inégalité que si, à partir de cette différence biologique, se constitue un accès différencié aux ressources rares qui sont désirées dans une société donnée. Par exemple, dans de nombreuses sociétés, la différence sexuelle a été accompagnée d'une inégalité entre hommes et femmes, se traduisant notamment par un accès privilégié des hommes aux ressources économiques, politiques ou culturelles.

Les inégalités sont donc arbitraires, quoique parfois construites sur des différences objectives, comme la différence biologique de sexe : elles sont le produit contingent de l'histoire sociale. Elles ne sont pas naturelles : leur existence est un phénomène social, qui n'est pas détachable du fonctionnement de l'organisation sociale qui est à leur origine. Rien n'implique objectivement leur existence, même si, pour les légitimer, les groupes sociaux qui en tirent avantage ont souvent recours à des arguments qui postulent une infériorité naturelle des individus désavantagés pour rendre compte de ce désavantage[4]. Il ne faut donc pas confondre une inégalité avec une différence, fût-elle « naturelle », même si la seconde est invoquée pour légitimer la première, et même si elle a été, historiquement, construite à partir d'elle.[Interprétation personnelle ?]

Dans les Mots de la Géographie, Roger Brunet définit l'inégalité comme « une différence perçue ou vécue comme une injustice n'assurant pas les mêmes chances à chacun ». L'inégalité renvoie a des rapports de domination vécus par les individus au sein des sociétés. L'inégalité renvoie a des rapports de domination vécus par les individus au sein des sociétés.[Interprétation personnelle ?]

On peut toutefois concevoir des formes de différenciation entre les individus qui ne se traduisent pas par la constitution de hiérarchies sociales. Les individus peuvent vivre ensemble, « égaux mais différents »[5]. Rien n'implique que sur les différences sexuelles se construisent des inégalités de genre ou que les différences de pigmentations de la peau débouchent sur des formes de hiérarchisations sociales. Certains sociologues suggèrent d'ailleurs que les sociétés contemporaines et individualistes sont marquées par un double processus de diminution des inégalités sociales et de recherche de différenciation entre les individus[5]. Ainsi, une partie importante du courant féministe est qualifiée de « différentialiste » car il entend souligner que les femmes peuvent être les égales des hommes sans être, pour autant, contraintes de renoncer à leur « féminité »[6].

Société démocratique

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Les inégalités se fondent sur un fait objectif : l'accès inégal et socialement hiérarchisé entre groupes sociaux à des ressources rares et, pour cela, désirées. Toutefois, les inégalités ont aussi une dimension subjective : elles n'existent vraiment pour la société que si elles sont perçues comme telles par les individus. Elles peuvent évoluer en injustices si les individus considèrent comme injuste l'accès différencié aux ressources rares. C'est ainsi que les inégalités sociales entre les sexes ou les inégalités sociales basées sur la pensée raciste, quasi naturalisées jusque-là, ont progressivement été perçues comme arbitraires, comme n'étant fondée sur aucune raison véritable. Elles ont dès lors été dénoncées comme injustes. Les inégalités « sont aussi un fait subjectif, les acteurs se représentent les inégalités, les perçoivent ou non, les qualifient d'acceptables ou de scandaleuses, leur donnent un sens »[7].

Les sociétés modernes ont, de ce point de vue, un rapport particulier aux inégalités en raison des valeurs sur lesquelles elles sont fondées.

Le travail comparatif de Louis Dumont a en effet mis en évidence le caractère individualiste et égalitaire des sociétés contemporaines, par comparaison aux sociétés traditionnelles qui ont précédé, et notamment de la société indienne qui lui sert de point de comparaison. Cela ne veut pas dire que, dans les faits, notamment pour ce qui est de la répartition des richesses, nos sociétés soient plus égalitaires que les sociétés du passé : ce n'est pas toujours le cas. Mais, au niveau des valeurs qui les fondent, nos sociétés sont égalitaires. Elles « valorisent en premier lieu l'être humain individuel : à nos yeux chaque homme est une incarnation de l'humanité tout entière, et comme tel il est égal à tout autre homme, et libre »[8]. Au contraire, dans les sociétés du passé, et particulièrement la société de caste indienne, sont « caractérisées par [leur] soumission à la hiérarchie comme valeur suprême, exactement à l'opposé de l'égalitarisme qui règne, comme l'une de leurs valeurs cardinales, dans nos sociétés de type moderne »[8]. Nos sociétés sont donc fondées sur le principe d'une égalité de valeur entre les hommes. Pour cette raison, elles portent un regard aiguë sur les inégalités, qui dès lors qu'elles sont perçues comme telles, sont le plus souvent dénoncées comme illégitimes, car fondamentalement contraires à nos normes morales. De ce point de vue, l'analyse sociologique, qui dénaturalise les inégalités, participe de ce discours de dénonciation car elle est fondée, au moins implicitement, sur l'affirmation d'une égalité originelle des hommes.

Égalisation des conditions

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Dumont retrouve là les analyses de Alexis de Tocqueville, pour qui nos sociétés sont marquées par ce qu'il appelle la « passion de l'égalité ». Pour Tocqueville la démocratie est plus qu'un régime politique : elle est un « état social », c'est-à-dire un type de société, construite à partir du primat de l'égalité. Ce primat de l'égalité renvoie à l'acte fondateur de la démocratie : l'affirmation par la déclaration des droits de l'homme que « les hommes naissent libres et égaux en droit ». Ce principe a, historiquement, d'abord impliqué une abolition des différences hiérarchiques de conditions : « Est démocratique la société où ne subsistent plus les distinctions des ordres et des classes, où tous les individus qui composent la collectivité sont socialement égaux […]. L'égalité sociale signifie qu'il n'y a pas de différence héréditaire de conditions, et que toutes les occupations, toutes les professions, toutes les dignités, tous les honneurs sont accessibles à tous. Sont donc impliquées dans l'idée de démocratie à la fois l'égalité sociale et la tendance à l'uniformité des modes et des niveaux de vie »[9].

Mais de cette possibilité offerte à tous de progresser, de même que de l'uniformité des modes de vie résulte une passion de l'égalité : « quoique démocratique que soit l'état social et la constitution politique d'un peuple, on peut donc compter que chacun de ses citoyens apercevra toujours près de soi plusieurs points qui le dominent, et l'on peut prévoir qu'il tournera obstinément ses regards de ce seul côté. Quand l'inégalité est la loi commune d'une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l'œil ; quand tout est à peu près de niveau, les moindres le blessent. C'est pour cela que le désir de l'égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l'égalité est plus grande »[10].

De ce point de vue, Tocqueville a anticipé une tendance profonde des sociétés modernes : le fait qu'en raison de cette « passion de l'égalité » un nombre toujours plus grand de différences sociales soient perçues comme des inégalités injustes et illégitimes. « L'inégalité de traitement ne suffit pas à caractériser la discrimination, écrit ainsi Éric Fassin : encore faut-il que le critère qui la fonde soit illégitime. Établir le répertoire de la discrimination sous toutes ses formes n'a rien d'intemporel ou d'universel. Après tout, l'apartheid n'est pas si loin, et le seul suffrage masculin (1848-1944) pas si ancien. Bref, le partage entre une distinction légitime et une distinction illégitime ne cesse d'évoluer »[11].

Pour le sociologue Daniel Zamora, deux conceptions s'opposent quant à la réponse aux inégalités : « Une conception limitée aux effets, et donc axée sur la stricte disparité de revenus, conduit à accroître l’égalité en réduisant l’écart monétaire entre les riches et les pauvres. Il en résulterait un monde où la concurrence économique serait toujours impitoyable, mais où nul ne craindrait la privation matérielle. Un monde qu’aucun des penseurs socialistes du XIXe siècle n’aurait jamais imaginé, tant ils associaient fermement l’inégalité au problème du libéralisme économique. Une seconde conception cherche à atteindre l’égalité par la démarchandisation et la démocratisation de biens comme les soins de santé, l’éducation, les transports, l’énergie, etc. Un monde qui, en socialisant et en garantissant l’accès de tous aux éléments les plus importants de notre existence, réduirait la dépendance au marché, et donc au mécanisme qui se trouve à l’origine des inégalités. Longtemps, ce projet n’a pas été considéré comme scandaleusement utopique, même par les réformateurs les plus modérés »[12].

Aspects

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Sans-abri à New York.

Pour Polymnia Zagefka, l’esclavage est « comme une forme emblématique des inégalités, la négation de toute identité à l’autre »[style à revoir][réf. nécessaire]. De manière formelle, on peut distinguer cinq grands types d'inégalités[Selon qui ?] : les inégalités politiques, les inégalités juridiques, les inégalités économiques, les inégalités sociales (dans lesquelles on classe souvent les inégalités homme-femme, les inégalités de santé qui ont parfois aussi des origines politiques, religieuses et juridiques…), et les inégalités écologiques. Des aspects dynamiques (développement, reproduction, ou réduction des inégalités) étant aussi à prendre en compte.

Plutôt que d'uniquement quantifier séparément les différentes formes d'inégalités, on cherche aussi à étudier les différentes populations qui souvent cumuleront avantages ou désavantages sur plusieurs plans ou tous les plans (avec aux extrêmes une « population défavorisée » et une population « privilégiée ») et à voir comment les systèmes sociaux dont la religion et l'école peuvent (ou non, selon les cas) entretenir voire aggraver ces inégalités[13].

Plusieurs façons recevables de mesurer une situation existent ; et le sens des inégalités peut s'inverser selon le système de mesure. L'analyse des différents systèmes de mesure (incluant le fait qu'on les considère comme recevables ou pas) est l'un des fondements de la justice sociale : justice distributive, théorie de la justiceetc.

Typologie

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Ici sont répertoriés des grands types d'inégalités.

Des causes fréquentes d'inégalités peuvent être des discriminations ou stigmatisations liées à des préjugés, comme le sexisme ou le racisme, qui tendent à considérer des individus comme moins dignes d'accès à ces ressources.

Inégalité des chances

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À leur naissance, les individus sont placés dans des conditions différentes favorisant plus ou moins leur réussite sociale (différence entre milieu favorisé ou défavorisé, validité ou handicap physique…). L'égalité des chances est un idéal et un paradigme libéral individualiste, qui consisterait à concevoir les individus dans des conditions de départ égales ou équivalentes (avec compensation des inégalités naturelles et inégalités sociales), afin qu'ils aient toutes les chances de réussir et que le seul déterminant soit leur volonté et leur mérite.

Cet idéal reste lointain (en supposant même qu'on arrive à un accord sur la situation de référence), mais il est au moins possible de réduire les inégalités de départ les plus criantes (celles pour lesquels il y a consensus), en assurant à tous les enfants un accès le plus élevé possible aux biens critiques (alimentation, soins médicaux, éducation).

La reproduction sociale est la situation dans laquelle la position sociale des parents est un facteur déterminant de la position sociale des enfants. La proportion de changement de milieu social d'une génération à une autre (ou, inversement, la forte corrélation entre le statut des enfants et celui des parents) est caractéristique de la société. Même pour une société donnée, selon les auteurs, cette reproduction sociale est très importante ou marginale[16],[17].

Inégalités et répartition des richesses

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La répartition des richesses, telle qu'elle a pu être observée dans les sociétés, n'a jamais été totalement égalitaire, et a été souvent très inégalitaire, une petite minorité détenant parfois presque toutes les richesses (dans les cas les plus extrêmes de sociétés esclavagistes, comme à Saint-Domingue au milieu du XIXe siècle). Les inégalités de revenu sont toujours moins importantes (notamment du fait que même dans les sociétés esclavagistes la subsistance des esclaves a dû être un minimum assurée) que celles de patrimoine, dont certaines sont socialement admises (par la justice sociale) et d'autres moins. Ce critère de richesse est d'autant plus pertinent pour estimer l'échelle sociale que la société est plus « marchande », mais d'autres aspects comptent voire prédominent : prestige, statut, pouvoir, rang social (appartenance au « parti »), nombre et rang des alliés…

La réduction des inégalités, tant au sein des pays que d'un pays à l’autre, est l'objectif no 10 des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) adoptés en 2015 par l'Assemblée Générale des Nations Unies.

À la suite de l'ouvrage Travailler deux heures par jour du collectif Adret[18] ; les sociologues Christian Baudelot, Roger Establet et Jacques Toiser écrivent en 1979 en s'appuyant sur les données de la comptabilité nationale, une analyse statistique des inégalités[19]. Les chiffres de l'INSEE leur permettent de comparer les équivalents en temps de travail des échanges économiques inégaux entre classes sociales. Ainsi, en 1971, 70 % des richesses nouvelles créées profitaient à 30 % de la population. 1 % des ménages français possèdent plus de la moitié des actions françaises[20]. 10 ans de différence d'espérance de vie entre les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres en France[20].

D'après les chiffres disponibles de l'INSEE[21], 10 % des Français ne perçoivent que 3 % de la masse totale des revenus, contre 10 % de Français qui perçoivent 25 % de la masse totale des revenus[22].

Selon la documentation française[23], les 5 % les plus riches des Français détiennent près de 30 % du patrimoine national. En 2001, selon l'ONU[24] les 1 % des personnes les plus riches de la planète sont en possession de 40 % des richesses mondiales[25]. 2 % de l'humanité concentre 50 % du patrimoine de la planète, alors que la moitié de la population mondiale n'en détient que 1 %[26]. Les 10 % les plus riches des habitants de la planète possèdent 124 fois plus que les 10 % les plus pauvres[27].

En 2016, les inégalités se sont accentuées, selon l'étude OXFAM de [28] les 1 % des personnes les plus riches de la planète sont en possession d'autant de richesses que les 99 % restant[28], les 8 hommes les plus riches détiennent autant de richesses que les 3,7 milliards de personnes les plus pauvres (53 % de la population mondiale)[28]. En Belgique, les 10 % les plus riches gagnent 8 fois le revenu des 10 % les plus pauvres. Aux États-Unis, le rapport est de 17, au Chili 43, au Brésil 66, en Namibie 129[29]. En Amérique latine, les propriétaires fonciers constituent 7 % de la population globale et possèdent 93 % des terres[30].

Analyse

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Les inégalités sont rarement unidimensionnelles. Dans les sociétés les plus primitives, elles se limitaient pour l'essentiel aux inégalités résultant de la hiérarchisation sociale des sexes. Les inégalités économiques entre les hommes y étaient inexistantes, de même que les inégalités de pouvoir politique[31]. Toutefois, dans les sociétés modernes, elles sont multidimensionnelles, enchevêtrées et cumulatives[32]. Il n'y a pas qu'un seul type d'avantages qui est réparti inégalement entre les groupes sociaux et aucun de ces groupes ne bénéficient de manière préférentielle de tous les avantages. On peut toutefois, analytiquement, distinguer les inégalités quantitatives, de nature économique, des inégalités qualitatives, en particulier des inégalités politiques et sociales. D'autre part, bien que les inégalités soient nombreuses et se situent sur plusieurs dimensions, elles forment un système, dans la mesure où elles s'engendrent les unes les autres[32].

Par ailleurs, les inégalités comportent une forte composante spatiale, comme tout phénomène social, les inégalités ne sont pas abstraites, éthérées, mais revêtent « nécessairement » une dimension spatiale, s’incarnent dans des corps, s’inscrivent dans des lieux (localisation résidentielle, rapport à la mobilité…), renvoient à des échelles (maîtrisées, pratiquées)[33].

Inégalités économiques

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Revenus primaires et revenus après taxation et redistribution des ménages en France en euros par an en 2004. Les revenus sont classés en déciles : le D1 correspond au seuil en dessous duquel vivent les 10 % des ménages français qui ont le revenu primaire le plus faible (7 200 euros), le D2 à celui sous lequel vivent les 20 % les moins riches, etc.

Dans nos sociétés capitalistes, les inégalités économiques occupent une place centrale dans la hiérarchisation de nos sociétés. Au sein du « système des inégalités », les inégalités économiques sont particulièrement structurantes.

Inégalités de revenu

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Revenu primaire et redistribution
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Les ressources économiques que reçoit un individu au cours d'une période donnée, et qui constituent son revenu, jouent un rôle central dans les inégalités économiques. Ces inégalités se constituent au moment de la distribution primaire des revenus, avant l'action de l'État : revenus d'activité, et en particulier salaires, ainsi que revenus provenant du patrimoine. Ces inégalités sont en partie corrigées par le système de redistribution étatique : les prélèvements obligatoires pèsent surtout sur les plus riches tandis que les prestations sociales bénéficient prioritairement aux plus pauvres. Ainsi comme le montre le diagramme ci-contre, le revenu en dessous duquel vivent les 10 % des ménages français les plus pauvres (premier décile) est de 7 200 euros. Après redistribution, il est de 11 400 euros, soit un revenu supérieur de 60 %. Au contraire, le seuil au-dessus duquel vivent les 10 % des ménages français les plus riches (décile 9) (40 733 euros) est diminué de 14 % après redistribution et taxation.

Les inégalités de revenu sont donc non négligeables en France, puisque le seuil au-dessus duquel vivent les 10 % des ménages les plus riches est 3,5 fois plus élevé que celui en dessous duquel vivent les 10 % les moins riches. Les 10 % des ménages les moins riches sont, pour l'essentiel, des chômeurs ou des individus qui ont peu travaillé durant l'année ainsi que des petites retraites. C'est donc l'absence ou la faiblesse des revenus d'activité qui est à l'origine de leur pauvreté que compense pour partie la redistribution de l'État providence. Au contraire, parmi les plus riches aux revenus d'activité importants s'ajoutent des revenus obtenus grâce au patrimoine[34].

Inégalités de revenus dans le temps
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Part du revenu des 10 % des français les plus riches dans le revenu total (1919-2005) (données de Thomas Piketty jusqu'en 1998 et Camille Landais après).

Les inégalités de revenu ont connu, en France, au cours du XXe siècle une rupture très importante après la seconde guerre mondiale. La part du revenu des 10 % des Français les plus riches dans le revenu total s'effondre à ce moment-là, passant de près de la moitié de l'ensemble des revenus à un tiers. Le début des Trente Glorieuses est marqué par une reconstitution partielle des inégalités, mais elles ne rejoignent pas leur niveau d'avant guerre, et redescendent ensuite pour stagner depuis. De la même façon, le rapport entre le seuil de revenu au-dessus duquel vivent les 10 % les plus riches et celui sous lequel vivent les 10 % les moins riches (ce qu'on appelle le « rapport interdécile ») est passé de 9 après guerre à un peu plus de 3 aujourd'hui. Les inégalités de revenu, mesurées par le rapport interdécile, ont donc diminué par 3 depuis la seconde guerre mondiale.

Cette mutation importante est due pour l'essentiel à l'effondrement de la richesse relative des plus riches parmi les plus riches : les 1 % des français qui ont le revenu le plus élevé voit celui-ci passer de 20 % du revenu total en 1920 à 9 % puis 8 % après guerre[35]. Cette mutation renvoie, comme on le verra, à la disparition des revenus du patrimoine considérable dont ils jouissaient. Avec la guerre a disparu la société des rentiers : aujourd'hui, les plus riches sont des cadres, qui doivent leur richesse pour la plus grande part à leurs revenus d'activité, complétés par des revenus du patrimoine. Avant guerre, les plus riches étaient des rentiers, dont les revenus d'activité n'occupaient qu'une faible place dans leurs revenus totaux. Toutefois, cette évolution s'est interrompu depuis 1998. Le rapport interdécile (seuil des 10 % revenus supérieurs / seuil des 10 % revenus inférieurs) a légèrement augmenté[36]. Le rapport entre le revenu moyen des 10 % les plus riches et celui des 10 % les plus pauvres a lui aussi augmenté, passant de 5,58 en 2002 à 5,69 en 2005[37].

Cette augmentation des inégalités reste toujours probablement sous-estimée par l'INSEE, qui fonde ses mesures sur les déciles dans la répartition des revenus. Or, dans la mesure où ce sont surtout les plus des plus hauts revenus qui augmentent, l'analyse du revenu des 10 % les plus riches ne permet pas d'analyser finement de telles évolutions. Une étude récente menée par Camille Landais s'efforce de pallier ce manque. Selon cette étude, entre 1998 et 2006, le revenu moyen des 10 % les plus riches aurait augmenté de 9 %, celui des 1 % les plus riches de 19 %, celui des 0 % les plus riches de 32 % et celui des 0 % les plus riches de 42 %[38]. Ainsi, plus l'on monte dans la hiérarchie des revenus, plus les revenus se sont accrus. La France semble, avec retard et de manière moins marquée, prendre la même trajectoire que les États-Unis. Cette hausse des inégalités serait à la fois due à une hausse des inégalités de salaire, mais aussi à un accroissement très fort des inégalités de revenus du patrimoine, tirés par les dividendes (parfois basés sur des frais de gestion d'une société de portefeuille ; management fees) et les plus values, notamment immobilières[réf. nécessaire].

Inégalités de revenus dans l'espace
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Coefficient de Gini pour la distribution du revenu disponible des ménages en 2000 dans les pays de l'OCDE.
 
Évolution de la part du revenu des 10 % les plus riches dans le revenu total aux États-Unis. Données de Emmanuel Saez et Thomas Piketty.

Les inégalités de revenu diffèrent grandement entre les pays, même dans le cas des seuls pays développés. Ainsi, à la fin des années 1980, le rapport interdécile était de 2,7 en Suède contre 5,9 aux États-Unis[39]. L'OCDE fournit des données plus récentes, construites à partir du coefficient de Gini, qui nous permettent de dresser une typologie des pays en fonction de l'importance de l'inégalité de revenu qui y prévaut. Le coefficient vaut 100 dans le cas d'une société parfaitement inégalitaire (une personne a tous les revenus), et 0 dans le cas contraire.

Des pays très égalitaires (coefficient inférieur à 22), constitués en particulier des pays scandinaves, s'opposent à des pays très inégalitaires. Ceux-ci sont constitués de trois ensembles : les pays les plus pauvres de l'OCDE (Mexique), les pays du bassin méditerranéen (Portugal, Grèce, Italie) et, enfin, certains pays anglo-saxons, en particulier les États-Unis.

Par ailleurs, les pays anglo-saxons, en particulier les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, se singularisent pour une deuxième raison : ils sont parmi les plus inégalitaires des pays développés parce qu'ils ont connu une très forte augmentation de leurs inégalités de revenu[40]. Comme la plupart des pays développés, dont la France, ces trois pays virent leurs inégalités de revenu diminuer fortement après la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, cette évolution a été brutalement interrompue au début des années 1980, selon une temporalité proche dans les trois pays. Depuis, ces pays connaissent une montée extrêmement forte des inégalités. Les États-Unis ont ainsi retrouvé des niveaux d'inégalité d'avant la Seconde Guerre mondiale, alors que, au début des années 1970, ils étaient un pays relativement égalitaire, plus que la France par exemple. Les 10 % les plus riches perçoivent ainsi, en 2002, aux États-Unis, 42 % du revenu total du pays, alors qu'ils n'en obtenaient que 32 % trente ans plus tôt. Les 20 % les plus riches en touchent la moitié, contre 43 % en 1970. La part des 20 % les plus pauvres est passée, dans le même temps, de 4 % à 3 %[41].

De fait, entre 1980 et 2007, le revenu des plus riches a fortement augmenté, et d'autant plus fortement qu'ils étaient en haut de la hiérarchie des revenus ( 50 % pour les 20 % les plus riches, 72 % pour les 5 % les plus riches et 111 % pour les 1 % les plus riches (entre 79 et 2002) tandis que les revenus des plus pauvres stagnaient ( 1 % pour les 20 % les moins riches)[42]. Autrement dit, plus on monte dans la hiérarchie des revenus, plus ceux-ci augmentent, parfois considérablement. Inversement, plus on descend, moins les revenus augmentent : ils stagnent même pour les 20 % les moins riches depuis près de 30 ans.

La tendance à l'égalisation des conditions qu'entrevoyait Tocqueville il y a un siècle et demi a donc été soudainement brisée : la société américaine est redevenue une société très inégalitaire. Et cette remontée des inégalités prend la forme d'une explosion des revenus des plus riches, explosion d'autant plus forte que l'on monte dans la hiérarchie des revenus, alors que les revenus les plus faibles, jusqu'au revenu médian, connaissent une stagnation.

Inégalités de salaire

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Le revenu provient 1) des revenus d'activité, 2) des revenus du patrimoine, et 3) des effets de la redistribution. Comprendre les inégalités de revenu implique donc, tout d'abord, d'analyser la distribution des salaires entre les travailleurs.

Ces inégalités ont longtemps été analysées (en particulier en France par l'INSEE) en ne s'intéressant qu'aux salaires à temps complet sur l'année. Dans ce cas, les inégalités de salaire sont systématiquement plus faibles que les inégalités de revenu. Le rapport interdéciles est, ainsi, en France en 2006 inférieur à 3, alors qu'il est de 3,41 pour les revenus. Autrement dit, le seuil à partir duquel on appartient aux 10 % des salariés les mieux payés est 2,9 fois supérieur au seuil en dessous duquel on appartient aux 0 % des salariés les moins rémunérés.

Distribution des salaires en France en 2006[43]
Déciles Salaires à temps complet sur toute l'année (hors fonction publique) Revenus salariaux perçus et allocations chômage
1er décile (D1) 12 718 4 527
2e décile (D2) 14 219 9 124
3e décile (D3) 15 545 12 590
4e décile (D4) 16 977 14 879
Médiane (D5) 18 631 16 896
6e décile (D6) 20 685 19 140
7e décile (D7) 23 430 21 887
8e décile (D8) 27 826 25 937
9e décile (D9) 36 941 33 564
Rapport interdécile (D9/D1) 2,9 7,41

Les inégalités salariales apparaissent toutefois sous un autre jour si on ne s'intéresse pas qu'au seul cas des salariés à temps complet ayant travaillé toute l'année. En effet, si l'on prend en compte l'ensemble des revenus provenant d'une activité salariée perçus par les personnes ayant travaillé pendant l'année 2006, à temps complet ou non, sur toute l'année ou seulement sur une partie de celle-ci, les inégalités de rémunérations sont considérablement plus élevés : le rapport interdécile est alors de 7,41. Cette différence est essentiellement due à la faiblesse des rémunérations des salariés les moins bien payés. Pour l'ensemble des salariés, les 10 % les moins payés ont perçu moins 4 527 euros. Au contraire, si on ne considère que les salariés à temps complet ayant travaillé toute l'année, les 10 % les moins payés ont perçu moins de 12 718 euros.

La cause principale des faibles rémunérations salariales tient ainsi dans la précarité de l'emploi : les travailleurs pauvres sont ceux qui travaillent à temps partiel, ou qui subissent de longues périodes de chômage[44]. L'instabilité de l'emploi fait peser un poids sur les rémunérations salariales qui est, avant tout, supporté par les salariés les moins rémunérés. Au faible salaire s'ajoute ainsi le risque de précarité. Au contraire, les mieux rémunérés subissent peu ce risque, et voient donc moins leurs salaires être amputés. Finalement, en tenant compte de la précarité de l'emploi, les inégalités salariales sont considérablement plus fortes. Ainsi, entre 1978 et 2005, les rémunérations salariales n'ont pas augmenté en France, malgré de très importantes hausses du SMIC, en raison de la croissance des emplois à mi-temps et de l'inactivité partielle[45]. Les principales victimes de cette précarisation du marché du travail sont les plus jeunes et les moins qualifiés.

Évolutions
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Part des salaires des 10 % et 1 % des salariés les mieux payés dans la masse salariale totale en France (1919-2005). Rupture de série en 1999. Données de Thomas Piketty et Camille Landais.

Au contraire des inégalités de revenu, les inégalités salariales ont très peu évolué depuis un siècle. Ces inégalités n'ont pas connu, en particulier, la brutale diminution d'après guerre constatée pour les revenus. Comme le montre Thomas Piketty (cf. graphique ci-contre), au-delà des fluctuations de courte période, les inégalités de salaire sont étonnamment stables à long terme. Les périodes de baisse des inégalités (comme en 1968 avec la très forte réévaluation du SMIC) sont, généralement, suivi de phase de remontée[46]. Finalement, la part des 10 % des salariés les mieux rémunérés fluctue entre 25 et 28 % de la masse salariale totale, celle des 1 % autour de 1 %. De même, T. Piketty observe que la part des salariés les moins rémunérés est restée stable autour de 1 %.

Néanmoins, les données de T. Piketty portent uniquement sur les salariés à temps plein travaillant toute l'année qui, comme on l'a vu, connaissent des inégalités beaucoup moins fortes que l'ensemble des personnes ayant touché des revenus salariaux, que ce soit en travaillant à temps partiel ou en ayant connu des périodes de chômage ou d'inactivité. Ses conclusions pourraient, par conséquent, ne pas valoir pour l'ensemble des salariés. Toutefois, une étude de l'INSEE laisse penser que l'on retrouve les mêmes conclusions lorsque l'on s'intéresse à tous les salariés, y compris ceux qui n'ont pas travaillé à temps complet toute l'année : dans ce cas, le rapport interdécile, quoique plus élevé, est relativement stable, au moins jusque dans les années 1990[47].

Toutefois, depuis le milieu des années 1990, il semblerait que les inégalités salariales soient en augmentation. Plusieurs phénomènes sont en jeu. Premièrement, la précarité, comme on l'a vu, affecte les rémunérations, baissant celle des moins bien payés, en particulier des jeunes et des moins qualifiés. D'autre part, les rémunérations des salariés les mieux payés connaissent une augmentation sensible, d'autant plus forte que l'on monte dans la hiérarchie des hautes rémunérations. Entre 1998 et 2005, les 10 % des salariés les mieux payés ont vu leur rémunération augmenter de 8 %. Cette augmentation est 13 % pour les 1 % les mieux payés, de 30 % pour les 0,1 % les mieux payés et, enfin, de plus de 50 % pour les 0 % des salariés les mieux payés. Or, dans la même période, le salaire moyen des 90 % les moins bien payés n'a augmenté que de 3 %. On assiste donc à une explosion des rémunérations du sommet de la hiérarchie salariale, sur fond de stagnation des autres rémunérations[48]. Cette explosion est, en partie, à l'origine de l'augmentation des inégalités de revenu, même si elle joue un rôle moindre que l'accroissement des inégalités de patrimoine. Enfin, dernier phénomène nouveau : les inégalités se développent au sein même des catégories-socioprofessionnelle, en particulier chez les cadres, où le rapport interdécile est de 4[49].

Inégalités salariales dans le monde
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On retrouve, pour les inégalités salariales, les grandes oppositions que l'on avait constatées pour les inégalités de revenu. En 1990, alors que, dans les pays scandinaves, le seuil au-dessus duquel on fait partie des 10 % les mieux payés n'était que deux fois supérieur à celui en dessous duquel on appartient aux 10 % des salariés les moins rémunérés, il était 5 fois supérieur aux États-Unis[50].

De fait, le phénomène le plus marquant est la très forte augmentation des inégalités salariales dans les pays anglo-saxon, sans commune mesure avec celle, récente et limitée aux très hautes rémunération, qu'a connu la France. Aux États-Unis, les inégalités avaient eu tendance à baisser entre la guerre et les années 1970. Depuis la fin des années 1970, elles ont augmenté, dépassant les niveaux d'avant guerre. Le salaire moyen des moins qualifiés a baissé dans les années 1990, tandis que les 10 % les mieux rémunérés ont vu leur salaire augmenter de 25 %. Néanmoins, lorsque l'on prend en compte des indices spécifiques à la catégorie sociale du coût de la vie, l'augmentation des inégalités de salaire depuis les années 1980 est plus faible que celle que l'on constate en utilisant les salaires nominaux. Les diplômés de l'université vivent généralement dans des villes dans lequel le coût de la vie a augmenté plus rapidement que dans les autres villes[51].

Inégalités de patrimoine

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Très fortes inégalités
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Courbe de Lorenz pour les revenus et le patrimoine en France en 2010.

Les revenus des individus ne proviennent pas seulement de leur activité professionnelle mais également de leur patrimoine, c'est-à-dire de l'ensemble des actifs (immobiliers ou financiers) qu'ils possèdent. Or, les inégalités de patrimoine sont encore plus fortes que celles de revenus, et accentuent d'autant les inégalités de richesse.

Une courbe de Lorenz permet de voir le niveau très important de concentration des patrimoines en France en 2010. Sur l'axe horizontal sont disposés les ménages, des moins aux plus riches, en pourcentages cumulés. Sur l'axe vertical figure le patrimoine cumulé correspondant au pourcentage cumulé de ménages. Ainsi, on constate que près de 25 % des ménages les plus pauvres n'ont presque aucun patrimoine (la courbe est plate, proche de 0 %). Les 50 % des ménages les plus pauvres possèdent approximativement 6 % du patrimoine total en France. Les 90 % des plus pauvres 54 %. Autrement dit, les 50 % des ménages les plus riches ont 94 % du patrimoine total et les 10 % les plus riches près de la moitié du patrimoine total (46 %). Les inégalités de patrimoine sont donc considérables, et d'autant plus accentuées que l'on monte dans la hiérarchie de la richesse.

Par leur ampleur, ces inégalités contrastent avec celles de revenu, qui ne sont pourtant pas faibles. Les 10 % des ménages au revenu le plus important ont 25 % des revenus totaux, soit une proportion deux fois moindre que celle des 10 % des ménages avec le patrimoine le plus important qui possèdent, comme on l'a vu, près de la moitié du patrimoine en France.

Baisse marquée au XXe siècle
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La part des 1 % et 10 % des droits des successions les plus importantes dans le total des successions en France (1919-1994). Données de Thomas Piketty.

Les travaux de Thomas Piketty font ressortir que, d'une part, les inégalités de patrimoine ont fortement baissé au XXe siècle et que, d'autre part, cette baisse est responsable de la diminution des inégalités de revenu, puisque les inégalités de salaire sont restées stables[52]. Pour analyser cette évolution, T. Piketty a utilisé comme indicateur la part des plus grosses successions à la suite d'un décès dans la valeur totale des successions. Ce que transmet un individu à sa mort est, en effet, un indicateur puissant des richesses qu'il a accumulées durant sa vie. Or, au début du XXe siècle, la part des plus gros héritages dans l'ensemble des successions était considérable : en 1919, la valeur des 10 % des plus gros d'entre eux représentait 80 % de la valeur totale des héritages. Cette concentration extrême des patrimoines va très fortement baisser avec la guerre : les 1 % des plus gros héritages passent de 50 % à 33 % de la valeur totale. Elle ne se reconstituera pas ensuite, la baisse des inégalités s'accélérant même durant la deuxième moitié des Trente Glorieuses. Le point le plus remarquable est que cette diminution des inégalités de patrimoine s'est opérée alors que les revenus du capital restaient relativement stables. Ce n'est donc pas le capital, pris dans son ensemble, qui a diminué, mais la concentration de celui-ci au sein d'un très petit groupe social.

Avec cette très forte baisse s'est opérée une mutation fondamentale dans la société française : les rentiers ont disparu. Le sommet de la hiérarchie sociale, au début du XXe siècle, était occupé par une classe très restreinte de très gros propriétaires qui vivaient des revenus de cette propriété. Les revenus du travail n'entraient pas, ou presque pas, dans leur richesse. Au contraire, au terme de cette disparition des plus considérables fortunes, les individus qui ont les plus gros revenus les obtiennent pour une bonne part grâce à leur revenu du travail : en 2004, 60 % du revenu des 10 % les plus riches provenait de rémunération salariale (contre 70 %, il est vrai, pour le décile suivant)[53].

Augmentation depuis le milieu des années 1990
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La réduction des inégalités s'est interrompue il y a 25 ans. Et, comme pour les autres inégalités économiques, les inégalités de patrimoine augmentent depuis 10 ans. Ainsi, entre 1997 et 2003, le patrimoine médian des 10 % des ménages les plus riches a augmenté de 52 %, tandis que celui des 10 % les plus pauvres restait toujours égal à presque 0 euro[54].

Cet accroissement des inégalités résulte de deux effets :

  • Premièrement, les revenus du patrimoine se sont accrus, notamment les dividendes perçus par les actionnaires, tandis que les salaires stagnaient. Or, comme le patrimoine est très concentré, ces revenus supplémentaires ont profité aux personnes qui disposaient déjà d'un patrimoine et ont donc pu en accumuler davantage. Ainsi, entre 1998 et 2005, les salaires ont augmenté de 1 % par an, tandis que les revenus fonciers s'accroissaient de 2,2 % et les revenus mobiliers (actions, etc.) de 4 %. Les 25 % des Français qui n'ont pas de patrimoine n'ont par conséquent pas bénéficié de cette hausse. D'autre part, l'ensemble des biens patrimoniaux ont vu leur valeur fortement augmenter, en particulier les biens immobiliers. Là encore, seuls ceux qui disposaient déjà d'un patrimoine ont pu en bénéficier. Ils en ont d'autant plus bénéficié que celui-ci était plus élevé, ce qui a renforcé les inégalités initiales[réf. nécessaire].
  • La montée des inégalités à partir des années 1990 est en partie due à la disparition de l'Union soviétique. L’économiste Thomas Piketty souligne ainsi que « la réduction des inégalités au XXe siècle est très liée à l’existence d’un contre-modèle communiste. (…) Par la force de pression et la menace qu’il a représenté pour les élites propriétaires dans les pays capitalistes, il a très fortement contribué à transformer les rapports de forces et à permettre dans les pays capitalistes l’émergence d’un régime fiscal, d’un régime social, d’un régime de sécurité sociale qui aurait été très difficile à imposer sans ce contre-modèle »[55].

Dynamique des inégalités économiques

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Effets cumulatifs
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Comme les autres inégalités, les inégalités économiques ont un caractère cumulatif : elle s'entretiennent les unes les autres. Les inégalités de revenu résultent des inégalités de patrimoine et de rémunération d'activité. Les inégalités de revenu engendrent à leur tour, pour partie, ces inégalités, particulièrement celles de patrimoine. En effet, l'épargne qui est la partie non consommée du revenu est également la source d'alimentation du patrimoine. Or, le taux d'épargne est d'autant plus élevé que le revenu est élevé : un ménage riche peut satisfaire ses besoins fondamentaux et disposer de sommes en surplus pour épargner, et ce d'autant plus que son revenu est élevé, ce que ne peuvent faire les ménages les plus pauvres. Ce mécanisme explique, pour une part, que les inégalités de patrimoine soient plus fortes que celles de revenu. Inégalités de patrimoine qui, par les revenus qu'elles génèrent, vont grossir à leur tour les inégalités de revenu, dans un cercle cumulatif. Ce mécanisme a donné lieu à l'hypothèse de la constitution des "réserves" comme facteur de développement de la vulnérabilité[56], et donc des inégalités.

Enfin, l'importance des inégalités économiques est telle que, dans beaucoup d'analyses sociologiques, ce sont elles qui génèrent, pour l'essentiel, la structure fondamentale de la société. En particulier, la tradition marxiste considèrent que les inégalités de patrimoine qui opposent détenteurs du capital aux travailleurs qui en sont dépourvus est à l'origine de la structure de classe des sociétés capitalistes. On peut contester ces analyses, notamment parce qu'elles tendent à minorer l'importance d'autres inégalités, en particulier celles de sexe (critique féministe), celle de capital culturel (critique bourdivine) ou celle de pouvoir politique (critique d'inspiration wébérienne).

Baisse et remontées
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Au cours du XXe siècle, les inégalités de revenu ont diminué dans un grand nombre de pays développés, essentiellement entre 1939 et 1960. Thomas Piketty et Emmanuel Saez attribuent cette baisse[57] aux effets des impôts, en particulier sur le revenu. La grande dépression, puis les destructions de la seconde guerre mondiale et la période de très forte inflation qui l'ont accompagnée ont eu pour effet d'affecter très fortement les patrimoines, en particulier les plus importants. Cette baisse des inégalités de patrimoine a généré à son tour la baisse des inégalités de revenu, alors que les inégalités salariales restaient stables. Pour T. Piketty et E. Saez, les impôts sur le revenu, qui deviennent très fortement progressifs à partir de la Seconde Guerre mondiale jusque dans les années 1980, vont interdire la reconstitution des patrimoines les plus importants.

Cependant, depuis une trentaine d'années dans les pays anglo-saxons, et de manière moins nette et plus récemment en France, les inégalités économiques ont recommencé à augmenter. Leur diminution passée ne relevait donc pas d'une logique nécessaire et durable du développement économique, comme le pensait Simon Kuznets, dans les années 1950, quand il a proposé la courbe qui porte son nom.

Même si, à long terme, la société française s’est considérablement ouverte, dans la France aujourd’hui, sept enfants de cadres sur dix exercent un emploi d’encadrement quelques années après la fin de leurs études. À l’inverse, sept enfants d’ouvriers sur dix demeurent cantonnés à des emplois d’exécution[58]. « C'est bien dans les revenus du travail que les inégalités augmentent continuellement. Bien sûr, les inégalités de patrimoine viennent exacerber celles de revenus »[59]. La hausse des inégalités salariales se fondent sur deux tendances économiques lourdes : la stagnation des plus faibles revenus salariaux, accompagnée d'une hausse des très hautes rémunérations, hausse d'autant plus forte que l'on escalade la hiérarchie des salaires.

La stagnation des revenus des plus faibles revenus salariaux prend la forme d'une précarité croissante de l'emploi, qui génère des périodes de chômage, particulièrement en Europe, et d'une stagnation des salaires, particulièrement aux États-Unis. « Qu'elle prenne la forme de l'inégalité face à l'emploi ou de l'inégalité face au salaire, l'inégalité réelle des revenus du travail a donc augmenté dans tous les pays occidentaux depuis les années 1970 »[60]. Parallèlement, les très hautes rémunérations ont explosé. Entre 1989 et 2000, la rémunération totale d'un PDG a augmenté de 342 % aux États-Unis, alors que le salaire horaire médian n'augmentait que de 5,8 %[61].

Trois grandes explications sont proposées : premièrement l'effet d'un progrès technique « biaisé ». Dans une perspective néo-classique, les rémunérations salariales sont le reflet de la productivité individuelle. Le progrès technique récent aurait pour effet de favoriser la productivité des plus qualifiés, et de faire stagner celle des moins qualifiés, remplaçables par des machines. Cette explication rend mal compte du fait que la hausse des inégalités est d'autant plus forte que l'on monte vers les très hauts salaires : fortes pour les 10 % des salaires les plus élevés, elle est très forte pour les 1 % et exponentielle pour les 0,1 %. On voit mal comment le progrès technique pourrait cibler si nettement les plus hautes des plus hautes rémunérations. Et on a du mal à penser que la productivité des PDG ait progressé de 342 % en 10 ans.[Interprétation personnelle ?]

La deuxième grande explication rattache cette hausse des inégalités aux effets de la mondialisation. En mettant en concurrence les travailleurs pauvres des pays les plus pauvres avec ceux des pays riches, la mondialisation aurait eu pour effet de diminuer les salaires de ces derniers. Au contraire, les salariés les mieux qualifiés profiteraient de la mondialisation, car leurs activités auraient trouvé de nouveaux débouchés sur la planète entière.

Enfin, la dernière explication, plus sociologique, met en avant la transformation des rapports de force entre capital et travail depuis 30 ans. Avec le déclin rapide de la classe ouvrière et du syndicalisme, les salariés en bas de l'échelle n'ont plus les moyens de mener des luttes collectives pour leur rémunération. Cette perte d'influence aurait accompagné le passage d'un capitalisme de manager à un capitalisme actionnarial, organisé autour de la production de la valeur pour l'actionnaire[62]. Dans ce cadre, la gouvernance des entreprises vise à offrir une haute rentabilité à ses actionnaires. Cela serait la cause de la hausse des revenus financiers, parallèle à la stagnation des salaires. D'autre part, comme le soutient notamment Michel Aglietta, le management supérieur des entreprises se serait servi de cette transformation pour obtenir de très hautes rémunérations, notamment à travers le versement de stocks options qui, en étant indexées sur les cours de la bourse, sont supposées inciter les managers à agir dans les intérêts des actionnaires. La doctrine de la valeur managériale aurait ainsi, paradoxalement, permis une libération du pouvoir des managers et la captation par ceux-ci d'une part de plus en plus importantes des plus values produites[63]. On peut, enfin, y voir un effet de la baisse des taux d'imposition, considérable aux États-Unis[64]. Baisse qui participe, du reste, du même contexte sociologique et intellectuel que l'accroissement du pouvoir actionnarial.

Notes et références

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  1. Le Système des inégalités, La Découverte, , Une inégalité sociale est le résultat d’une distribution inégale, au sens mathématique de l’expression, entre les membres d’une société, des ressources de cette dernière, distribution inégale due aux structures mêmes de cette société, et faisant naître un sentiment, légitime ou non, d’injustice au sein de ses membres.
  2. Louis Chauvel et al., Les mutations de la société française II, Paris, La Découverte, coll. « Repères », , 122 p. (ISBN 978-2-7071-5244-2), chapitre « La dynamique de la stratification sociale », p. 34
  3. Patrice Bonnewitz, Classes sociales et inégalité, Bréal, coll. « Thèmes et Débats », , 128 p. (ISBN 978-2-7495-0336-3)
  4. Comme le rappelle d'ailleurs Weber ces discours ont une double fonction à la fois externe de légitimation sociale et interne de rationalisation psychologique : ils fondent, selon son expression, une « théodicée du bonheur » : « L'homme heureux se contente rarement du fait d'être heureux ; il éprouve de surcroît le besoin d'y avoir droit. Il veut aussi être convaincu qu'il « mérite » son bonheur, et surtout qu'il le mérite par comparaison avec d'autres. Et il veut donc également pouvoir croire qu'en ne possédant pas le même bonheur, le moins fortuné n'a que ce qu'il mérite. Le bonheur veut être « légitime ». » Max Weber, Sociologie des religions, Gallimard, 1996, p. 337-338.
  5. a et b Alain Touraine, Vivre ensemble. Égaux mais différents, Fayard, 2000.
  6. Voir, par exemple, Nathalie Heinich, « Les contradictions actuelles du féminisme », Esprit, mars 2001.
  7. François Dubet, « Inclus/Exclus : une opposition pertinente ? », Cahiers français, no 314,‎ (lire en ligne)
  8. a et b Louis Dumont, Homo aequalis, Éditions Gallimard, , p. 12
  9. Raymond Aron, Les étapes de la pensée sociologiques, Éditions Gallimard, , p. 225
  10. Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, volume 2, 1840, p. 135.
  11. Éric Fassin, Penser la discrimination positive in Lutter contre les discriminations, La Découverte, 2003.
  12. Daniel Zamora, « Déplorer les inégalités, ignorer leurs causes », sur Le Monde diplomatique,
  13. Broccolichi S (1994) Organisation de l'école: pratiques usuelles et production d'inégalités (Doctoral dissertation, Paris, EHESS) |résumé.
  14. Bakounine, Catéchisme révolutionnaire, Abolition du droit d'héritage. - Tant que ce droit existera la différence héréditaire des classes, des positions, des fortunes, l'inégalité sociale en un mot et le privilège subsisteront sinon en droit, du moins en fait. Mais l'inégalité de fait, par une loi inhérente à la société, produit toujours l'inégalité des droits : l'inégalité sociale devient nécessairement inégalité politique. Et sans égalité politique, avons-nous dit, point de liberté dans le sens universel, humain, vraiment démocratique de ce mot ; la société restera toujours divisée en deux parts inégales, dont l'une immense, comprenant toute la masse populaire, sera opprimée et exploitée par l'autre. Donc le droit de succession est contraire au triomphe de la liberté, et si la société veut devenir libre, elle doit l'abolir.
  15. « Communiqué du BIT, 2007 », Selon l'OIT, en France, près de 4 fois sur 5, un candidat d'origine française ancienne sera préféré à un candidat d'origine maghrébine ou noire africaine.
  16. voir Pierre Bourdieu pour la première tendance, Christopher Jencks pour la seconde.
  17. Raymond Boudon, « Égalités et inégalités sociales », Encyclopædia Universalis,‎ ..
  18. Travailler deux heures par jour du collectif Adret, Collection : Points, paris, Seuil, (1er février 1979
  19. "Qui travaille pour qui ?", Maspéro, paris, 1979
  20. a et b En finir avec les inégalités, Jean Gadrey, 2006, éditions Mango
  21. Enquête revenus fiscaux et sociaux 2005 et 2006, Enquête Revenus Fiscaux 2004 [1] et Les niveaux de vie en 2006 par Luc Goutard, Insee Bretagne Jérôme Pujol, division Revenus et patrimoine des ménages, Insee [2]
  22. après impôts et prestations sociales
  23. [3]
  24. Rapport mondial sur le développement humain de l'ONU, 1999 et 2001.
  25. « Repris par le vice-premier ministre et ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine, à Saint-Petersbourg », .
  26. [4] basé sur étude des Nations unies sur le patrimoine des ménages.
  27. Rapport sur le développement humain des Nations unies, version 2001.
  28. a b et c « Une économie au servide des 99% » [PDF], Document d'information d'OXFAM, Janvier 2017
  29. « Croissance et inégalités – Distribution des revenus et pauvreté dans les pays de l’OCDE ».
  30. « LES RICHES ET LES PAUVRES », sur aber.ac.uk, web.archive.org (consulté le ).
  31. Voir par exemple la description qu'offre Pierre Clastres dans La société contre l’État, Minuit, 1974 de la société guayaki.
  32. a et b A. Bihr et R. Pfefferkorn, Déchiffrer les inégalités, Syros, 1999.
  33. Vincent Veschambre, « Justices et Injustices spatiales - Appréhender la dimension spatiale des inégalités : l’accès au « conservatoire de l’espace » », Presses universitaires de Paris Nanterre,‎ (lire en ligne)
  34. Thomas Piketty, L'économie des inégalités, La découverte, 2007, p. 8.
  35. Thomas Piketty, Les hauts revenus en France au XXe siècle, Grasset, 2001, chapitre 2.
  36. INSEE Distribution des niveaux de vie
  37. INSEE, Niveau de vie moyen par décile
  38. Camille Landais, « Les hauts revenus en France (1998-2006) : Une explosion des inégalités » ?, document de travail de l'École d'Économie de Paris, juin 2007, p. 11.
  39. (en) Thomas Piketty, L'économie des inégalités, op.cit., p. 15.
  40. Emmanuel Saez et Thomas Piketty, « The Evolution of Top Incomes: A Historical and International Perspective », American Economic Review, Papers and Proceedings, 96(2), 2006, p. 202.
  41. Emmanuel Saez et Thomas Piketty, art. cit. et US Census Bureau, « Historical Income Tables. Table H-2. », The Annual Social and Economic Supplement (ASEC) to the Current Population Survey (CPS) 2007.
  42. US Census Bureau, « Historical Income Tables », The Annual Social and Economic Supplement (ASEC) to the Current Population Survey (CPS) 2007 et Michel Aglietta et Laurent Berrebi, Désordres dans le capitalisme mondial, Odile Jacob, 2007, p. 141 pour le 1 % les plus riches.
  43. Source : INSEE. Références : pour les salaires à temps complet et pour les revenus salariaux.
  44. [PDF] R. Aeberardt et alii., « Le revenu salarial et ses composantes, évolution et inégalités de 1978 à 2005 », Les Salaires en France, INSEE, 2007.
  45. Ibid.. Cette stagnation n'est pas seulement due au développement de la précarité. Les temps partiels peuvent être, notamment, choisis en particulier par les femmes qui sont, aujourd'hui, beaucoup plus nombreuses à travailler qu'en 1978 (12 points de % en plus)
  46. Thomas Piketty, « Les Inégalités dans le long terme », Les Inégalités économiques, publication du CAE, La Documentation française, 2001, p. 150 et suivantes.
  47. M. Koubi, « La hiérarchie des salaires dans le secteur privé de 1976 à 2000 : permanences et évolutions », Insee Références. Les salaires en France, 2005, p. 56.
  48. [PDF] Camille Landais, « Les hauts revenus en France (1998-2006) : Une explosion des inégalités » ?, document de travail de l’École d’Économie de Paris, juin 2007, p. 18.
  49. Ce qui signifie que le seuil de rémunération en dessous duquel on appartient aux 10 % des cadres les plus faiblement rémunérés est 4 fois plus faible que celui à partir duquel on appartient aux 10 % de cadres les mieux rémunérés. cf. M. Koubi, op. cit.
  50. T. Piketty, L'économie des inégalités, op.cit., p. 20.
  51. (en) Enrico Moretti, « Real Wage Inequality », American Economic Journal Applied Economics, vol. 5, no 1,‎ , p. 65-103 (DOI 10.1257/app.5.1.65, lire en ligne)
  52. Voir notamment Les hauts revenus en France, Grasset, 2001. Le graphique est tiré de l'annexe J. Pour un développement plus succinct, voir Les inégalités, op. cit., p. 157.
  53. [PDF] INSEE, Fiche thématique : les revenus et le patrimoine des ménages, 2006, p. 69.
  54. P. Girardot et D. Marionnet, « La composition du patrimoine des ménages entre 1997 et 2003 ».
  55. Benoît Bréville, Serge Halimi, « Pourquoi la gauche perd », monde-diplomatique.fr,‎ (lire en ligne)
  56. (en) Stéphane Cullati, Matthias Kliegel et Eric Widmer, « Development of reserves over the life course and onset of vulnerability in later life », Nature Human Behaviour, vol. 2, no 8,‎ , p. 551–558 (ISSN 2397-3374, DOI 10.1038/s41562-018-0395-3, lire en ligne, consulté le )
  57. T. Piketty et E. Saez, « The Evolution of Top Incomes: A Historical and International Perspective », art. cit, p. 203.
  58. Camille Peugny, Le destin au Berceau : inégalités et reproduction sociale, Paris, Éditions du Seuil, , 111 p. (ISBN 978-2-02-109608-8), p. 9
  59. M. Aglietta et L. Berrebi, Désordres dans le capitalisme mondial, op.cit., p. 141.
  60. Thomas Piketty, L'économie des inégalités, La découverte, 2007, p. 22.
  61. M. Aglietta et L. Berrebi, op. cit., p. 142.
  62. Pour une synthèse sur la littérature portant sur le développement de ce nouveau type de capitalisme, voir par exemple, Dominique Plihon, Le nouveau capitalisme, La découverte, 2004, chapitre IV.
  63. M. Aglietta et L. Berrebi, op.cit., p. 143. L'interview de Thomas Piketty, dans le mensuel Alternatives économiques, no 276, janvier 2009, p. 52-54, offre une synthèse de ce type d'analyse.
  64. Emmanuel Saez et Gabriel Zucman (trad. de l'anglais par Cécile Deniard), Le triomphe de l'injustice: richesse, évasion fiscale et démocratie, Éditions du Seuil, coll. « Les livres du nouveau monde », (ISBN 978-2-02-141212-3)

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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Articles ou revues sociologiques

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  • « L'école conservatrice. Les inégalités devant l'école et devant la culture », Bourdieu Pierre, Revue Française de Sociologie, 1966.
  • « les nouvelles inégalités entre salariés », Cahiers français, Paris, La Documentation Française, no 314, 2003, p. 11–17.
  • « Le processus d'intégration des immigrés en France: inégalités et segmentation ». Safi Mirna, Revue française de sociologie, 47-1, p. 3-48, 2006.
  • « Les hauts revenus en France(1998-2006) :Une explosion des inégalités ? », Camille Landais, 2007.téléchargeable dans une version de 44 pages.
  • « Inégalités sociales persistantes », Revue suisse de sociologie, Numéro hors série, Vol. 38, cahier 2, 2012.
  • « Trajectoires de santé, inégalités sociales et parcours de vie », Claudine Burton-Jeangros, Swiss Academies Communications, vol. 11, n°8, 2016. (pdf)

Vidéo-conférence sur les inégalités

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Ces vidéos sociologiques font partie d'un programme de l'université Paul Verlaine de Metz.

Liens externes

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